L’on se demande encore comment Makan Doumbia, le préfet de Macina, a été enlevé par des hommes armés il y a près d’une semaine. Des hommes que tout le monde sait pourtant actifs dans la localité. Si puissant qu’est ce patron de l’administration locale, les adeptes du djihad l’ont ajouté à la liste de leurs otages. Dans un tel contexte, comment le vote sera-t-il organisé dans cette zone qui rallonge la bande d’insécurité partant du Nord du pays à la région de Ségou? L’opposition s’interroge, le gouvernement reste muet.
Au pays Dogon, on ne compte plus le nombre des victimes civiles dans des représailles entre les communautés Peul et Dogon. Les appels au calme de représentants des deux communautés n’y font rien. Certains villageois ayant fait l’expérience de la violence ne comptent que sur eux-mêmes pour se rendre justice puisque l’Etat n’a rien fait pour réparer les assassinats ciblés qui existent dans la localité (depuis 2016 au moins) et les expéditions punitives.
Cette partie du pays sera-t-elle suffisamment sûre pour que les bureaux de vote y soient installés dans deux mois? L’opposition s’interrogeait ainsi le 29 mai, lors de sa dernière conférence de presse à Bamako. La question est plus pertinente pour les cercles de Macina, Djenné, Youwarou et Tenenkou. Plusieurs villages situés dans ces circonscriptions administratives sont interdits aux représentants de l’Etat. Pire, les djihadistes ont pris le relais de l’Etat dans certains cas et appliquent même la charia. Antonio Guterrres, le secrétaire général qui séjourne au Mali dans le cadre de la journée internationale des casques bleus, a insisté sur la pacification du centre du Mali qui selon lui, est la « clé de la solution du problème malien. »
« Il faut aujourd’hui à tout prix éviter l’effondrement du centre du Mali, il faut à tout prix rétablir la sécurité et la normalité dans le centre du Mali », a-t-il dit. Les enseignants qui assurent généralement l’organisation de l’élection dans les bureaux de vote en milieu rural ont pris la fuite avec la montée des djihadistes. Une grande partie des 500 écoles fermées au Mali se trouve au centre du pays. Qui sera donc sur le terrain pour faire ce travail dans ces localités difficiles? C’est une préoccupation pour l’opposition qui ne manque pas d’arguments pour dénoncer les défauts du scrutin à venir.
En ce qui concerne les régions du nord, elles sont confrontées aux mêmes problèmes d’insécurité et d’absence des représentants de l’Etat. L’instabilité est plus criarde dans la zone de Menaka où le spectre d’une guerre intercommunautaire se greffe à la présence des terroristes. En attendant, le gouvernement annonce le déploiement de 11 000 éléments pour sécuriser le scrutin.
Il y a de quoi s’inquiéter pour la transparence des résultats de la présidentielle de juillet prochain en raison des questions sans réponses liées à l’instabilité dans ces localités. «Si le gouvernement n’est pas capable de répondre à ces questions, ça veut dire qu’il s’apprêtent à faire des bourrages dans ces localités », indique un opposant.
Soumaila T. Diarra
Source: Le Républicain