Sur mon compte Facebook et mon statut WhatsApp, j’ai partagé l’article d’un médecin expliquant l’épisiotomie. Je ne m’attendais pas à ce que plusieurs femmes viennent partager avec moi leurs expériences, notamment la souffrance qu’elles endurent lors de l’accouchement.
Avant de partager avec vous les expériences de ces femmes, il faut d’abord préciser que l’épisiotomie n’est point une maladie mais un trouble provoqué par « une incision sur le périnée de la femme, au moment du dégagement de la tête du bébé, pendant l’accouchement », explique le Dr. Abdoulaye Diop. L’épisiotomie n’est pas obligatoire mais elle se fait pour éviter une déchirure qui pourrait toucher les orifices urinaire ou anal, ce qui pourrait entraîner des fuites urinaire ou fécale.
La douleur varie d’une femme à une autre. Il existe de très bons médicaments pour lutter contre les douleurs. Cependant, il faut discuter bien avant avec un gynécologue.
Des femmes ont accepté de témoigner, mais sous le voile de l’anonymat. Certaines ont été préparées et ont bénéficié d’un soutien médical et familial, d’autres n’ont eu aucun des deux.
Incompétences de certains agents de santé
Le récit de Fatma illustre bien en quoi le personnel hospitalier peut accroitre les souffrances.
«Bonsoir Oumar, je suis très touchée par ce que tu viens de faire découvrir aux gens. Beaucoup de jeunes mamans ont subi cette expérience douloureuse mais qui, malheureusement, demeure un tabou. Pour ma part, j’ai été plus que traumatisée, je ne savais pas quoi faire ni à qui me confier. Mais Dieu faisant bien les choses, j’ai eu le soutien inconditionnel de mon mari. J’ai ensuite eu le courage d’en parler à ma famille, notamment ma maman, mes sœurs complices avec moi, et mon frère médecin.
C’était lors de mon 1er accouchement. J’ai une grossesse sans problème puis, au moment de l’accouchement, des contractions rapides. Il n’y avait aucun problème. Malheureusement pour moi, l’équipe qui était de garde m’a négligée et j’ai commencé à accoucher sans aide.
La sage-femme a paniqué et m’a fait cette incision à l’aide d’une paire de ciseaux, au plus profond de moi. De ma naissance à ce jour, je n’ai jamais senti de douleur aussi forte, aussi intense, aussi difficile à expliquer. C’est juste indescriptible. Un gynéco sans cœur m’a mis un fil avec la plus mauvaise des intentions. Les 7 jours qui ont suivi cet acte ont été terribles. Je n’arrivais pas à m’asseoir, je me mettais sur le ventre, dans mon antichambre, pour manger. J’ai perdu plus de 10 kilos en moins de 10 jours. Jusque-là, je ne sais comment décrire tous ces sentiments, cette douleur physique sans égale, ce traumatisme psychologique et émotionnel.
Je n’ai eu la force d’accuser qui que ce soit. J’étais juste déçue de ne pas avoir été aidée par ces agent de santé, car en plus mon bébé ne portait pas une grosse tête. Ils m’ont juste fait du mal en me négligeant ».
Ce témoignage révèle sans nul doute l’incompétence de certains agents de santé, qui agissent en toute impunité dans nos centres de santé. Il faut également un soutien psychologique dans ce genre de situation.
Besoin de soutien
À son tour, Assa nous parle de son cas : « C’était lors de ma première grossesse, juste avant que la tête du bébé ne sorte, le gynéco m’a dit qu’il allait me faire une petite déchirure. Finalement la déchirure a été plus grande vu le poids du bébé à la naissance (4kg).
J’avais eu une péridurale, alors au moment de l’épisiotomie, je ne pouvais pas être anesthésiée de nouveau. Et quelle douleur ! Le médecin m’avait dit que d’ici un mois je guérirais, et que cela dépendait surtout de la capacité de chaque corps à cicatriser. Après un mois, heureusement ça s’est calmé ! C’était vraiment épouvantable, car souvent j’avais même du mal à aller à la selle.
Ce qui m’a le plus fait mal, ce fut le comportement de mon mari vis-à-vis de ma souffrance. Deux semaines après l’accouchement, il me demandait sans cesse le lit et à chaque fois je refusais car la douleur était toujours là. Mais nous l’avons fait une fois et je t’assure que la douleur était insupportable. J’ai même été à la clinique le lendemain. Après ce jour, je n’ai plus accepté, et il m’a chassé de la maison. Ce fut bénéfique pour moi, car je me suis accordée le temps nécessaire pour guérir. ».
Pendant cette période de l’accouchement, les femmes ont réellement besoin d’un soutien psychologique de la part de leur conjoint et, au-delà de lui, celui des proches surtout dans les grandes familles.
Source: benbere