La France a varié dans son approche coutumière face aux coups d’état. Son ambassadeur au Tchad, Bertrand Cochery, a clarifié la position française avant que Jean Yves Le Drian, le ministre des affaires étrangères, précise que « logiquement, ce devrait être le président de l’assemblée nationale du Tchad (Haroun Kabadi) qui devait prendre la transition. Il l’a refusé » a commenté Jean Yves sur un plateau de télé.
Assez pour que le ballet diplomatique (France-Afrique) se réunisse autour des militaires qui ont mis de côté la constitution tchadienne pour être au pouvoir.
Les institutions nationales, à commencer par l’Assemblée nationale du Tchad, ont adoubé cette entorse à la constitution. La France emboitera le pas, les pays du G5 sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et le Tchad) également.
Les institutions communautaires ont suivi le ballet. Ce qui fondera la (CEMAC), Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, dont est membre le Tchad, à garder un silence de carpe, contrairement à son semblable, en Afrique de l’ouest, la CEDEAO, qui comme à l’accoutumé, n’a pas hésité à sanctionner le Mali en 2012 et en 2020 après la chute d’IBK.
On s’étonne de la posture adoptée par la (CEMAC), et pire, celle de l’Union Africaine, championne de sanctions en la matière, mais qui n’est sortie de son mutisme « obligé » que le vendredi 23 Avril dernier, pour « condamner » piteusement cette situation.
Une situation inquiétante. Puisque « la charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance de l’Union Africaine », défendue avec véhémence par l’organisation sous régionale, stipule que l’UA condamne toute prise de pouvoir « extraconstitutionnelle », « suspend le pays en question », et met en œuvre « toutes les mesures de sanctions possibles » pour « contraindre le retour à un gouvernement civil et démocratique ».
L’esprit de cette charte vient d’être violé sans bruit par la commission de l’UA, dirigée par le Tchadien Moussa Mahamat Faki, qui semble varier, dans ses positions au gré du vent. Alors que, faut-il se remémorer, le 19 Août 2020, soit le lendemain du coup d’Etat contre IBK, la même organisation, n’a pas hésité à sanctionner le Mali, qui s’est retrouvé entre les mains des militaires. Mais au Tchad, une jurisprudence se dessine, avec un viol collectif de la constitution sans bruit.
Ousmane Tangara
Source: Bamakonews