Les Nations unies et la Russie approuvent la participation de l’opposition syrienne à la conférence de paix de Genève, qui s’ouvrira ce 22 janvier. La Coalition nationale syrienne a pris sa décision il y a un peu plus de 24 heures. Depuis, les réactions sont nombreuses. « C’est un pas courageux et historique », pour Ban Ki-moon, numéro un de l’ONU. « C’est la bonne décision », a renchéri le vice-ministre russe des Affaires étrangères. Une décision qui a été difficile, car la coalition est divisée et n’a pas les mêmes objectifs.
La Coalition n’a pas le choix. A Genève, elle doit présenter un visage uni pour négocier.
Pour le moment, la principale instance politique de l’opposition s’est distinguée par ses divisions.
Il y a d’abord le Conseil national syrien (CNS), le groupe le plus important de la coalition, soutenu par le Qatar et dont les membres se sont retirés au début du mois pour exprimer leur refus de négocier avec le régime. Ils estiment que c’est en changeant le rapport de force sur le terrain que l’opposition pourra contraindre Bachar el-Assad à quitter le pouvoir. Une position partagée par la grande partie des combattants rebelles sur le terrain dont la plus grande formation, le Front islamique, a publié un communiqué en ce sens ce dimanche.
Ceux qui sont restés sont toujours divisés sur la position à tenir à Genève. La majorité pense qu’il est utile de négocier pour préparer une transition politique, ce qui implique un départ de Bachar el-Assad.
Le chef de la Coalition, Ahmad Jarba, l’a redit : l’opposition ira à Genève pour se débarrasser de l’actuel président syrien.
Enfin, il y a ceux qui pensent qu’ils n’ont rien à perdre à aller à Genève et qu’à défaut de changement politique, ils pourraient attendre quelques gestes notamment humanitaires de la part du régime
ANALYSE : Les Occidentaux lâchent l’opposition syrienne
La conférence de paix sur la Syrie de Genève 2 devrait aussi illustrer le changement de position des Etats-Unis et des Européens, moins enclins à soutenir la rébellion armée sur place, qui compte toujours plus de jihadistes (y compris de l’étranger) dans ses rangs. Les explications de Fabrice Balanche, maître de conférence à l’Université de Lyon 2, spécialiste de la Syrie :
« Ce qui va être consacré à mon avis à Genève, c’est la lutte contre le terrorisme. Les Occidentaux ont besoin, pour pouvoir justifier leur changement d’opinion à l’égard du régime syrien, de trouver un argument et cet argument c’est évidemment la montée en puissance des jihadistes. Ces flots de jeunes Européens qui s’engagent dans le jihad, leur retour et les conséquences de leur retour en Occident. »
« Donc, c’est la lutte contre le terrorisme qui va primer, qui va rapprocher les Etats-Unis, les Russes, les Européens également et qui va justifier ainsi le lâchage finalement de la rébellion syrienne par l’Occident et les pressions que l’Occident va exercer maintenant sur l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït pour qu’ils arrêtent de financer les rebelles. »
rfi