L’établissement a donné à notre pays de nombreux grands noms des arts et de la culture. Il est aujourd’hui envahi par les échoppes des marchands qui finiront par s’installer dans sa cour
S’il y a une institution de formation qui a contribué au rayonnement de la culture malienne, c’est bien l’Institut national des arts de Bamako (INA). Ce centre d’apprentissage artistique et culturel fut créé en 1933 sous l’appellation Maison des artisans soudanais par un jeune français du nom de Jean Lugual, venu pour servir l’Afrique. L’établissement fut plus tard rebaptisé École artisanale de Bamako, avant de devenir l’Institut national des arts de Bamako en 1963.
L’INA a formé des milliers d’artistes et d’animateurs socio-culturels qui servent partout dans le Mali profond, de l’Afrique et d’autres continents. Les anciens pensionnaires célèbres sont très nombreux : le marionnettiste Yaya Coulibaly, les comédiens Habib Dembélé dit Guimba, Maïmouna Hélène Diarra, Diarah Sanogo, Kary Bogoba Coulibaly, Bakary Coulibaly, Magama Gabriel Konaté, les membres du groupe Kasobane, les artistes plasticiens avec feu Kandioura Coulibaly, Klètigui Dembélé, Boubacar Doumbia, Souleymane Goro, Baba Fallo Kéïta et Néné Thiam ; il y a aussi les musiciens et instrumentistes : Habib Koité, Cheick Tidiane Seck, Baba Salah, Salif Traoré, Sidiki Diabaté ; les plasticiens Abdoulaye Konaté, Amahiguiré Dolo, Damy Théra, Abdou Ouologuem ou Souleymane Ouologuem…
Les sortants de l’INA sont également nombreux à avoir effectué des études supérieures et donc changé de corps. Parmi ceux-ci on peut citer l’ancien ministre Boubacar Diarra, Dr Salia Mallé, directeur général adjoint du Musée national, entre autres.
L’INA est situé au cœur de Bamako, en face de la Maison des artisans et non loin de la Grande mosquée. Le bâtiment, construit dans le style de l’architecture soudanienne, est une merveille. Il est d’ailleurs classé sur la liste du patrimoine culturel national. Sur les façades, on peut admirer des peintures murales représentant des instruments traditionnels de musique comme le djembé, le ngoni, la kora, ainsi que des notes de musique. Ces œuvres artistiques plongent le visiteur dans l’univers de l’art et de la culture. Et pour le mettre définitivement dans l’ambiance, une clé de sol géant de deux mètres accueille le visiteur dans la cour.
L’INA comporte cinq sections : peinture, musique, art dramatique, métiers d’arts et animation socio-culturelle. Cette dernière section fut créée en 1978 pour répondre à un besoin pressant. Quand il s’agissait d’organiser une manifestation, les cercles disposaient de spécialistes en art mais pas d’organisateurs qui maîtrisaient les ficelles du métier. L’animateur socioculturel s’occupe donc de tous les aspects organisationnels des manifestations culturelles et sportives. C’est donc sur ces techniciens des arts de niveau DEF plus 4 ans d’études que repose les Semaines locales, les Semaines régionales et la Biennale artistique et culturelle au niveau national.
Les spécialistes en dessin et en musique enseignaient dans les écoles avant la création de la section Langue dessin musique dans les Écoles normales secondaires. Ils ont pallié le manque d’enseignants dans de nombreuses localités.
L’établissement professionnel est doté d’ateliers polyvalents et de salles de cours spécifiques comme : le dessin, la peinture, le théâtre, la musique, la technologie de l’image, l’informatique, la bibliothèque, la galerie d’exposition, la salle de spectacle.
Selon le directeur général adjoint, Makan Doukouré, lui-même sortant de l’établissement, l’INA est aujourd’hui à la croisée des chemins. Il a donné au Mali et l’Afrique des milliers d’artistes et de cadres. Il doit s’adapter à son environnement à travers la création d’un niveau supérieur de formation et la création de nouvelles filières de formation en rapport avec les besoins du marché de l’emploi.
Pour l’année scolaire 2019-2020, l’Institut national des arts de Bamako compte 153 pensionnaires, 25 enseignants, 48 vacataires. Selon plusieurs anciens de l’Institut national des arts de Bamako, l’établissement a besoin d’une réforme aussi bien sur le plan organisationnel que sur le contenu des cours. Certains pensent qu’il doit quitter son emplacement historique car l’envahissement par le marché ne permet pas un travail serein.
Pour Boubacar Diawara, ancien de l’INA et actuellement chef de division production de la radio nationale, l’établissement mérite une attention particulière pour lui redonner son leadership sur le plan de la formation des cadres des arts et de la culture. En tous les cas, ce prestigieux centre de formation demeure un outil indispensable pour maintenir, et rehausser le niveau des créativités.
Source: L’Essor