Ce fut une grande émotion pour tous ceux qui ont pris part à la cérémonie de présentation du livre de Mme Samata Guigma, intitulé : ‘’Mon mari s’appelle violent’’. C’est un ouvrage qui retrace le calvaire de six ans au foyer de son auteur. La présentation dudit livre a eu lieu le 8 juin 2019 à la Maison des Femmes (Muso Kunda) de Korofina en Commune I du District de Bamako.
De nationalité Burkinabè et mariée à un Malien, Mme Samata Guigma est une commerçante résidant au Mali depuis plus de dix ans. À en croire les témoignages, cette femme vit une détresse absolue dans son foyer et veut se faire aider par la justice qui, selon elle, ne la comprend pas ou refuse de la comprendre. « Cela fait exactement six ans que je subis des violences de toutes sortes et sous toutes ses formes de la part de mon mari ». C’est par cette déclaration que Mme Samata Guigma a commencé la présentation de son livre.
Dans son intervention, elle précise : « Au début, je m’en remettais toujours à la coutume et aux traditions auxquelles nous sommes tous attachés d’une manière ou d’une autre. Cependant, lorsqu’il vous arrive de perdre votre réputation, c’est tout votre monde et votre vie qui s’écroulent avec. Durant plusieurs années, j’ai vécu auprès d’un homme qui n’avait que pour devise : Mieux vaut que mon argent tombe dehors que dans ma maison. Cet homme que j’ai aimé n’hésitait pas à me répudier à raison ou à tort. La seule solution qui s’offrait à moi quand sa colère s’enflammait, était de me cacher.»
Elle continue toujours : « Je n’avais pas non plus le droit de protester. Dans ma position de femme, je devais rester soumise comme beaucoup d’autres le sont d’ailleurs. Cette vie d’enfer a fini par créer en moi des comportements anormaux que je n’ai pas voulu croire au début. Mais avec le temps, ils se sont réveillés en moi comme une sorte de traumatisme. J’étais devenue presque folle. Mes pensées désordonnées, mon esprit agité, je mourais à petit feu. C’est à cause de cette dépression que j’ai trouvé refuge dans l’écriture. En écrivant tout ce que je vivais, je trouvais un réconfort et une complicité venait de naître entre moi et le livre, qui est devenu désormais pour moi une sorte de confident. J’y déversais toute ma peine. J’étais alors loin d’imaginer qu’en écrivant, je m’exposerais aux reproches et aux critiques. Au passage, je vous annonce la sortie de mon prochain ouvrage intitulé : ‘’Une justice compromise’’. Dans cet ouvrage, je fais une comparaison entre la justice humaine et celle de Dieu. »
Une vive inquiétude domine Samata !
Toujours dans son exposé, l’écrivaine a fait savoir qu’elle craint le pire si la justice malienne ne l’aide pas. « Le 23 avril 2019, après avoir été, comme d’habitude, insultée, menacée puis répudiée, j’ai porté plainte pour violences conjugales. Deux jours après, j’ai été convoquée par le commissaire chargé de l’enquête. Une fois sur place, il m’a fait savoir que mon mari souhaite que je retire ma plainte. Celui-ci étant présent, me traite de tous les noms de diables devant le commissaire de police. Malgré tout cela, je n’ai pas voulu retirer ma plainte. Une semaine après, j’ai demandé au commissaire chargé de l’enquête de faire la lumière sur la plainte que j’avais déposée contre mon mari. Il attend une semaine avant de me convoquer dans son bureau. Et une fois sur place, il m’a fait savoir que mon mari m’avait contre-attaquée et qu’il me placerait en garde-à-vue jusqu’à ce que les enfants viennent. Il m’a ensuite dit que je ne pouvais être libérée qu’avec l’accord de mon époux. Sous sa pression, j’ai fini par faire venir nos enfants âgés respectivement de quatre ans et un an et demi. Ils m’ont ensuite obligée à retirer ma plainte au risque de me déférer en prison. Alors qu’auparavant, mon mari m’avait dit que je n’avais aucun pouvoir sur lui et que je ne parviendrais jamais à obtenir justice étant chez lui. Evidement que je n’arrivais pas à comprendre ses menaces du moment où nous sommes tous égaux devant la loi, en tout cas à ma connaissance. C’est après cette décision du commissaire que j’ai compris que la raison du plus fort est la meilleure. »
Selon elle, la violence conjugale n’est pas une question de provenance, de religion encore moins de rang social. « Face aux menaces et aux tortures psychologiques avec la peur de me retrouver en prison, j’ai fini par céder en faisant tout ce qu’ils m’ont demandé de faire. Mon mari s’en sort sans aucun problème alors que le soit-transmis qui a été déposé au niveau de la police se compose comme suit : détention illégale d’armes, menaces avec armes, insultes grossières, répudiations sans cause, violences au lit, diffamation, possession de biens illégaux, menaces de mort, atteinte à la vie d’autrui », a-t-elle conclu.
Amadou Basso
Source: Ziré-Hebdo