Le jeudi 26 mai dernier, lors de la 22ème édition du Forum de Bamako, l’imam Mahmoud Dicko a accusé les Autorités de la Transition d’arrogance et la Communauté Internationale d’être orgueilleuse en maintenant en otage le peuple. Par ailleurs, dans son traditionnel sermon du vendredi (Koutouba) soit le lendemain de cette déclaration de l’ex président de Haut Conseil Islamique du Mali (HCI), le chérif de Nioro, Bouyé Haïdara a déclaré réitérer son soutien à nos autorités de la transition. Eh bien, pour une fois ces deux chefs religieux ont adopté des positions discordantes, pendant qu’ils ont toujours cheminé à la même direction surtout contre l’ancien régime. Qu’est ce qui peut expliquer cette étrange dissension entre l’imam de Badalabougou et le Chérif de Nioro ?
« Je veux parler du Mali aujourd’hui. Parler de cela aujourd’hui pendant que le peuple malien pris en otage par de gouvernement arrogant, je dis bien arrogant ! Et la Communauté Internationale, par leur orgueil pense que le peuple malien doit être maintenu dans cette situation, mourir à petit feu, assailli par la famine, par l’insécurité, par le Djihadisme qu’on n’arrive pas à contrôler, qu’on ne cherche pas à solutionner…. », telle a été la déclaration de l’imam Dicko à la 22ème édition du Forum de Bamako dont les thèmes abordés étaient la paix, le développement et le rôle de la femme. Cette réaction de l’imam Dicko a fait un tollé sur les réseaux sociaux ainsi que dans les médias.
Vingt-quatre heures après, soit le vendredi 27 mai, au cours de son sermon à l’occasion de la prière du vendredi, le Cherif de Nioro, Mohamed Ould Cheiknè Ahmed Hamaoulah Haïdara (Bouyé Haïdara), a fait connaître sa position envers la Transition. Une position qui se résume au renouvellement de son soutien au Colonel Assimi Goïta et à son gouvernement. Selon lui, partout dans le monde, les dirigeants se font toujours respecter à travers les pouvoirs qu’ils détiennent.
« Aucun pays n’aime être humilié ou vilipendé par une autre puissance quelconque, quelle que soit la richesse ou la diplomatie de cette dernière. Moi, Bouyé, ma position reste intacte face à ces dirigeants tant qu’ils continuent à sauver l’honneur et la dignité des Maliens. Nous avons été humiliés aux yeux du monde entier à travers nos propres dirigeants. Aujourd’hui, notre pays connait un régime militaire qui donne un nouvel élan et une nouvelle dignité à son peuple. Raison pour laquelle je réitère, une fois de plus, mon soutien et mon accompagnement à cette transition. Et je demande à mes fidèles et sympathisants de soutenir cette transition » a édifié le fils du Saint Cheiknè Hamaoulah.
Ainsi, avec ces positions contradictoires, pouvons-nous parler de la rupture entre ces deux leaders ? Etant donné qu’ils nous ont habitués à les voir sur une même posture et à tenir un même langage. D’ailleurs l’Imam Dicko, dans un passé récent a publiquement affirmé qu’il ne fera rien sans au préalable consulter son père, le Cherif de Nioro. Oubien le fait d’affirmer que la société civile n’existe plus, constitue une manière pour lui de laisser entendre qu’il n’y a plus de repère ni pour lui, encore moins les autorités de la transition.
Ce qui reste évident, ces deux leaders religieux qui ont pris l’habitude à se prononcer sur la vie de la nation, ne sont plus sur la même longueur d’onde.
Par Mariam Sissoko
Source: Le Sursaut