Contrairement aux ‘‘cantidats’’, ces candidats qui n’ont ni la compétence, ni le profil de l’emploi, Soumaïla Cissé, alias ‘‘Soumi’’ s’impose comme un ‘‘canbidat’’ : un favori. Ex-président de la Commission de l’UEMOA, il dispose d’indéniables atouts pour se hisser sur la ‘‘colline du pouvoir’’.
D’abord, sur le plan politique. Son parti, l’URD (l’Union pour la République et la Démocratie) s’est, en huit petites années, imposé la deuxième force politique de notre pays, après l’Adema –PASJ. Avec, environ, 34 députés à l’Assemblée nationale sur un total de 147 et 2.173 conseillers municipaux repartis sur toute l’étendue du territoire national.
Au rang de ceux –ci, feu Ali Farka Touré, le ‘‘Grammy Awards’’ du Mali.
Crée, le 1er juin 2003, par des militants dissidents de l’Adema –PASJ, avec à leur tête Soumaïla Cissé, l’URD enregistre, -chaque jour que Dieu fait -, de nouvelles adhésions. Au point d’être considérée, aujourd’hui, comme la première force politique du Mali.
Ensuite, vient son parcours exceptionnel. Avec, les résultats qu’on lui connaît.
Rentré au Mali en 1984, Soumaïla Cissé est recruté à la Compagnie Malienne du Développement des Textiles (CMDT). De 1986 à 1990, il est coordinateur des projets Mali –Sud, puis chef de la Cellule « Organisation et Methodes informatique ». Avant de se voir confié l’intérim de la direction générale de la CMDT. C’était en 1991.
Premier directeur général de l’Agence de Cessions Immobilières (ACI), Soumaïla sera nommé, par le président Konaré, secrétaire général à la présidence de la République, avec rang de ministre en 1992.
Deux ans après, il est ‘‘bombarde’’ ministre du Commerce. Et en 1997, ministre de l’Economie et des Finances. « Soumi » aura été l’unique locataire de l’hôtel des Finances à avoir porté le taux de croissance du Mali à 7 %. Une première au Mali.
Fort de ce résultat, le président Konaré le nomme, cette fois –ci, à la tête d’un super –ministère : celui de l’Equipement, des Transports et de l’Aménagement du Territoire. C’est grâce à ‘‘Soumi champion’’ que les cercles, les arrondissements et les capitales régionales disposent, aujourd’hui, d’infrastructures sportives dignes de ce nom.
Investi, par l’Adema, il se présente à l’élection présidentielle de 2002, contre un certain Amadou Toumani Touré (ATT). Arrivé deuxième sur 24 candidats, Soumaïla Cissé claque la porte de l’Adema-PASJ pour lancer sa propre formation politique : l’URD. Un mois après, le tout –nouveau groupe parlementaire de l’URD est rejoint par 17 députés, dont 15 issus de l’Adema. Les autres sont issus du RPM d’IBK et de l’UDD.
Enfin, ses résultats sur le plan international. Son bilan, à la tête de la Commission de l’UEMOA plaide en sa faveur.
Soumaïla Cissé aura passé huit ans à la tête de la Commission de l’UEMOA. Avec des résultats éloquents : adoption du Tarif Extérieur Commun (TEC), suppression de toutes les contraintes liées à la libre circulation des personnes et des biens au sein de l’UEMOA…
Pour compenser les pertes de recettes (douanières) engendrées par l’adoption de ces mesures, le Mali a bénéficié –sous le mandat de Soumaïla Cissé –d’une enveloppe cumulée de 40 milliards CFA. S’y ajoute le financement des infrastructures. Notamment, la construction de la route sandaré –Nioro ; la route Badiangara –frontière Mali –Burkina Faso.
Aussi l’UEMOA, sous l’impulsion de Soumaïla Cissé, envisage de raccorder les lignes de chemin de Fer Dakar –Niger et Abidjan –Ouagadougou, via Sikasso au Mali. Mais aussi, celle de Korhogo, en Côte –d’Ivoire. Les études de faisabilité sont terminées. Et le financement bouclé.
Dans le domaine de l’hydraulique viallageoise, l’UEMOA –toujours sous le mandat de ‘ ‘Soumi’’ – a réalisé des dizaines de forages au profit des populations maliennes.
Bien plus, elle a débloqué 6 milliards CFA pour moderniser les universités ouest –africaines, à travers l’adoption du système LMD : lience, Master, Doctorat.
Bref sous le mandat de Soumaïla Cissé à l’UEMOA, près de 113 milliards CFA ont été investis au Mali.
Jugé ‘‘excellent’’, même par ses adversaires politiques, ce bilan –pour le moins élogieux –pourrait bien lui servi de tremplin dans la course au ‘‘trône de Koulouba’’.
Oumar Babi
Une tête bien faite et bien pleine
Derrière ses lunettes à fine monture, son sourire débonnaire et ses yeux pétillants de malice, se cache un génie. Mais surtout, un bourreau du travail.
Major de sa promotion au Lycée Askia Mohamed de Bamako, le jeune Soumaïla Cissé s’envole pour la prestigieuse Université Cheick Antat Diop de Dakar d’où, il sort avec le diplôme universitaire d’Etudes Scientifiques. Puis, il met le cap sur la France. Destination : l’Université de Grenoble. C’était en 1974.
Après une licence en mathématiques appliquées, obtenue en 1976, il débarque à l’Université de Montpellier où, il sort major de sa promotion avec un MIAGE : Maîtrise des Méthodes Informatiques Appliquées à la Gestion.
Toujours avide de savoir, Soumaïla Cissé monte à Paris et y décroche le Certificat d’Aptitude à l’Administration des Entreprises. C’était en 1981, à l’Institut d’Administration des Entreprises, une des écoles françaises les plus réputées pour sa formation en Management.
Après son stage à la Société Electricité de France (EDF), Soumaïla Cissé est recruté comme analyste –programmeur par l’entreprise ‘‘Cebal’’, une filiale du Groupe Pechiney. C’était entre 1978 et 1980. Puis, comme analyste et chef de projet à la compagnie aérienne Air –Inter.
Une taille moyenne, élégant, il apparaît du haut de sa soixantaine, vingt ans de moins.
Réputé pour sa rigueur et son pragmatisme, il dispose d’un bon carnet d’adresses pour relancer l’économie malienne, mise à mal par une double crise : sécuritaire et institutionnelle. « C’est l’une des plus brillantes intelligences africaines qu’il m’est arrivé de rencontrer », dit de lui Louis Michel, ancien président de la Commission de l’Union Européenne. C’était dans un film documentaire retraçant le parcours, pour le moins, exceptionnel du candidat de l’URD à l’élection présidentielle. Dont le premier tour est prévu pour le 28 juillet prochain.
Oumar Babi