IBK-Soumi, le temps est clément depuis l’appel téléphonique suivi de deux rencontres. Ce qui est attendu de ce rapprochement, c’est probablement un gouvernement d’union nationale. Chose qui va en défaveur du « Tigre », le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga. Car, dans les coulisses, son départ semble être la condition sine qua non du rapprochement Opposition-Majorité.
Les choses commencent à se compliquer pour « le Tigre », Soumeylou Boubeye Maiga, ces derniers temps. Son poste de Premier ministre qu’il conserve jalousement comme les prunelles de ses yeux semble être menacé. Beaucoup de citoyens le considèrent comme le vrai problème et n’hésitent pas à demander son départ de la primature. Ce fut le cas de l’Opposition qui a commencé à demander sa démission depuis la répression de la marche pacifique du 02 juin 2018. Idem pour certains leaders religieux.
Bras de fer avec les religieux
Certains leaders religieux dont le chérif de Nioro, N’bouyé Haidara et l’Imam Mahamoud Dicko sont, aujourd’hui, hostiles au Premier ministre. D’abord le chérif de Nioro a clairement dit, depuis avant l’élection présidentielle de 2018, que son opposition au régime IBK a commencé depuis la nomination de Soumeylou Boubeye Maiga comme Premier ministre. Il a ensuite demandé son limogeage. Lors du meeting du 10 février dernier, son représentant est revenu sur les mêmes propos demandant le départ du PM : « Le chérif de Nioro exige la démission du Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga. Cette démission peut atténuer le différend qui oppose le chérif au président, mais ne pourra pas ramener l’entente ». Ces propos de N’bouyé ont été partagés par le président du Haut Conseil Islamique .Mais bien avant ce jour, L’imam Mahamoud Dicko a profité du meeting de l’association Tabital Pulaaku pour montrer sa position contre le Premier ministre. « A la place de mon frère (Abdoul Aziz Diallo, président de Tabital pulaaku), j’allais dire au président de démettre ce Premier ministre », a-t-il déclaré dans la salle Bazoumana Sissoko du palais de la culture répondant à Soumeylou Boubeye par rapport à la responsabilité de l’État sur la crise du centre.
Depuis ces moments, nombreux sont les partisans de ces leaders religieux qui ne souhaitent que le départ du Premier ministre. Sa réplique en les qualifiant de « personnes hybrides » a aggravé la situation déjà irréparable.
Pour qui connait l’importance qu’accorde IBK aux leaders religieux, ce bras de fer engagé par le Premier ministre n’arrange nullement ce dernier.
Le rapprochement IBK-Soumi, un mauvais signal pour SBM
Le climat est tendu entre le Premier ministre et l’Opposition qui réclame son départ depuis juin 2018. Le président de la République qui a, après réélection, posé comme condition de sa rencontre avec les leaders de l’Opposition l’intermédiaire du Premier ministre, a commencé à les recevoir aujourd’hui en absence même de ce dernier. Cela pour la décrispation du climat politique très tendu. Le chef de file de l’Opposition, l’honorable Soumaila Cissé, a été reçu deux fois par le président de la République ces dernières semaines. Ce n’est pas tout, le président continue à recevoir tous les leaders de l’Opposition pour parler de la situation du pays et comment trouver une solution. Ces rencontres vont-elles en faveur du « tigre » ? Non, car ce que souhaitent et attendent bon nombre de citoyens après ce rapprochement entre le président et l’Opposition, c’est la formation d’un gouvernement d’union nationale pour pouvoir circonscrire les différentes crises. Et s’il faudrait que l’opposition participe à ce gouvernement, elle accepterait difficilement d’y participer sous la conduite de celui dont elle a toujours réclamé la tête, SBM. Pourtant IBK a besoin de l’unité (majorité et opposition) pour sauver son mandat.
Donc en plus des religieux, si l’opposition pose comme condition de sa participation dans le gouvernement d’union nationale, le départ du PM, il lui sera très difficile de s’échapper. Aussi, sa relation avec le parti au pouvoir n’est pas rose.
Si la nomination de Soumeylou Boubeye Maiga comme Premier ministre a été appréciée par le parti au pouvoir en 2017, aujourd’hui, sa relation avec cette formation politique n’est pas comme avant. Pourquoi ? Depuis plus d’une année de cela, c’est au sein de son parti, ASMA, que presque tous les démissionnaires du RPM déposent leur valise. Députés, maires, conseillers …il en a beaucoup débauché au parti dirigé par Bocary Treta.
En tout cas, même si ce parti ne demande pas son départ de la primature comme des religieux et l’Opposition, il pourrait difficilement s’y opposer.
Sentant son déclin très proche, le PM use de tous les moyens ces derniers temps pour refaire surface. Ce qui l’amena à pratiquer un exercice inédit. L’habitude de faire des vidéos en direct sur sa propre page facebook. Ce fut le cas à Sofara dans la région de Mopti où il séjourne.
Il est aujourd’hui évident que le « Tigre » est beaucoup affaibli. Et ses jours semblent être comptés à la tête du gouvernement.
Boureima Guindo
Source: Le Pays