Soumaila Cissé dit le jeudi dernier, dans sa déclaration, à l’Hôtel Salam : « j’avais conclu ma déclaration après les résultats provisoires du 2e tour par cette phrase qui résumait parfaitement la situation électorale : « L’arbre de la fraude et ses feuilles de corruption ne peuvent cacher longtemps la forêt de l’espoir et du changement ». Ce n’était en aucun cas l’expression d’un quelconque état d’âme, mais l’affirmation de mon état d’esprit.
Je ne vous apprends plus rien en rappelant qu’au cours des deux scrutins de l’élection présidentielle qui vient de s’achever, des fraudes massives ont été révélées et décriées par les 3/4 des candidats (18/24).
Force est en effet de reconnaitre que les bourrages d’urnes, en particulier dans des localités du Nord, dans et les zones CMDT et Office du Niger sont des faits avérés qu’on ne peut plus encore décemment et ouvertement nier ».
Fraudes électorales ?
En toute objectivité, Soumaila Cissé doit mettre balle à terre. Jusqu’à ce jour, à part lui-même et ses partisans, aucun observateur national ou international n’a reconnu qu’il y a eu fraude. C’est quand même un désaveu de la position intenable du perdant.
Donc, Soumaïla Cissé fait une mauvaise querelle à Manassa Danioko.
Pour ce qui sont des fraudes électorales, tout le monde sait et les avocats de Soumaila Cissé ne peuvent l’ignorer : il ne s’agit pas d’alléguer, d’affirmer qu’il y a eu fraude. Il faut prouver la fraude.
Ce que Soumaila Cissé et ses avocats n’ont pas réussi.
En effet, en matière de contentieux électoral devant la Cour constitutionnelle, il n’y a pas de « preuves lorsque le procès-verbal de délibération du bureau de vote est muet, lorsque les assesseurs et les présidents des bureaux de vote sont muets, à travers leurs procès-verbaux, lorsque les délégués des partis politiques sont muets, lorsque les délégués de la CENI sont muets et que ceux de la Cour constitutionnelle elles même sont muets…
(Sans preuve, la Cour constitutionnelle n’a pas) le droit d’aller d’inventer les preuves ». Voilà la position de la Cour constitutionnelle donnée par Salif Kanouté en 2007 avant que Manassa n’en soit même membre de cette Cour.
Avez-vous vu jamais vu un plaideur qui perd son procès dire que le juge a bien travaillé ou qu’il a bien appliqué la loi ?
Quand on n’aime pas son chien, on l’accuse de rage.
Sur les bourrages des urnes, des chiffres ont été donnés pourtant ?
Pour Soumaïla Cissé, le fait que son adversaire obtienne toutes les voix dans un bureau de vote, et que lui il n’a rien, veut dire qu’il y a bourrage d’urne. Il s’inspire largement du rapport produit par la Coalition pour l’Observation Citoyenne des Élections au Mali (COCEM) sur le second tour de la présidentielle pour affirmer un certain nombre de choses.
Or, la Coalition pour l’Observation Citoyenne des Élections au Mali (COCEM) n’a jamais parlé de bourrage des urnes, ni aucun autre observateur d’ailleurs.
C’est Soumaila Cissé qui l’affirme.
Dans un livre Blanc que son camp a publié ce jeudi, il est écrit que le candidat IBK a fait 100% des voix dans 570 bureaux de vote pour un total de 112.777 votants et dans 7073 bureaux de vote il fait plus de 80% soit 791 808 voix.
Ce qui est faux et archi-faux.
Première contre-vérité :
Au second tour, il y a eu 100% dans 393 bureaux de vote au total. Donc, IBK ne peut pas avoir 100% dans 570 bureaux.
En effet, du rapport de la COCEM (disponible à tous sur Internet) qu’« Il ressort de l’analyse des résultats bureau par bureau que dans 393 bureaux de vote, le nombre de voix en faveur d’un seul candidat est égale à 100% des suffrages exprimés dans le bureau. Parmi ces 393 bureaux de vote, 297 bureaux de vote ont eu 50 votants ou plus…
Dans 112 des 297 bureaux de vote, le taux de participation est de 100% et tous les suffrages exprimés sont en faveur d’un seul candidat ».
Deuxième contre-vérité :
En disant que IBK a obtenu 112.777 voix dans 570 bureaux de vote, Soumaila Cissé s’écarte de la vérité.
Selon la COCEM, le nombre total de suffrages exprimés dans les bureaux de vote à 100% pour un candidat ne représente que 57 499 voix réparties comme suit : IBK (52.536 voix) et Soumaila Cissé (4.913 voix).
Soumaila Cissé a aussi eu 100% dans un bureau de vote ?
Bien sûr. Ce n’est pas IBK seul qui a eu 100% des voix dans un bureau. Soumaila Cissé, lui même a eu 100% dans plusieurs bureaux. Mais il n’en parle pas.
Selon le même rapport de la COCEM, dans sa répartition par région et par candidat, il ressort que :
253 bureaux de vote ont exprimé 100% de voix en faveur d’IBK dans pratiquement toutes les régions ainsi qu’à l’étranger. Pour Soumaïla Cissé, 44 bureaux de vote ont exprimé 100% de voix dans 5 régions et à l’étranger.
Et pour le reste ?
Pour les 3208 bureaux de vote, répertoriés par la COCEM, où il y a plus de 90% des suffrages exprimés en faveur d’un seul candidat dans les 8 régions concernées par cette répartition, il ressort de cela que :
-2835 bureaux ont exprimé plus de 90% de voix en faveur d’IBK dans les 8 régions plus le district de Bamako ainsi qu’à l’étranger.
-373 bureaux de vote ont exprimé plus de 90% de voix en faveur de Soumaïla Cissé dans 7 régions plus l’étranger.
Dans 7071 bureaux de vote, 80% de suffrages ont été exprimés en faveur d’un seul candidat, il ressort que 6 306 bureaux dans différentes régions se trouvent dans cette situation en faveur d’IBK et 765 en faveur de Soumi Champion.
Pour ceux qui connaissent Soumi Champion, ce n’est pas la première fois qu’il allègue fraudes, magouilles, irrégularités… pour justifier une défaite électorale.
Lors du point de presse qu’il a animé le lundi 12 aout 2013, voilà ce que disait Soumaïla Cissé :
« les 1er et 2e tours ont été émaillés d’irrégularités qui ont entamé largement la sincérité et la crédibilité de cette élection. L’instrumentalisation de l’armée et l’utilisation de l’appareil du commandement à des fins partisanes ont atteint une proportion jamais égalée dans ce pays. La période électorale a malheureusement été l’occasion d’une campagne nauséabonde de stigmatisation recourant à l’ethnie, à la région et à la religion. Ceux qui sont descendus dans les bas fonds de l’ethnicisme, du racisme et de la division des Maliens ont rendu un trop mauvais service à notre pays qui se bat pour réaffirmer son unité et sa cohésion ».
Comme tout bon politicien, Soumaïla Cissé sait qu’un peu de sincérité est chose dangereuse ; beaucoup de sincérité est absolument fatale. Durant les cinq années qui vont suivre, le mauvais perdant de la présidentielle de 2013 va traduire la maxime dans les faits.
Par Sidi Dao
Info-matin