Le président du Rassemblement pour le Mali (RPM, parti au pouvoir) et non moins président de l’EMP (mouvance présidentielle) a rencontré, jeudi 17 janvier, Soumaila Cissé, président de l’Union pour la démocratie et la République (URD) et chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé. Si cette rencontre est considérée par beaucoup comme un pas vers l’apaisement politique, certains observateurs la considèrent comme la dernière tentative de Tréta pour sauver sa carrière politique. Pris entre le marteau du Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga, qui travaille à phagocyter le RPM, et l’enclume des militants du parti qui ne se reconnaissent pas en lui, Treta se rabattrait sur Soumaila Cissé comme sur une bouée de sauvetage.
Il faut rappeler que le président du RPM est très contesté par ses militants. Il lui est d’abord reproché d’être sans base politique, ayant depuis longtemps perdu le contact de la sous-section de Diomdiori, dans le cercle de Tenenkou, dont il est membre, pour tenter de s’imposer en commune 5 de Bamako où il réside. La deuxième chose reprochée à Treta est sa gestion du parti: au lieu de promouvoir les militants dévoués du parti, il est accusé se battre plutôt pour ceux qui lui sont personnellement proches, comme l’attestent les candidats qu’il aurait imposés sur les listes lors des législatives avortées de 2018. C’est en surfant sur ces reproches qu’un député du parti (Moussa Timbine) a osé s’opposer ouvertement à l’investiture de Treta comme candidat aux législatives en commune 5 de Bamako. C’est aussi cette impopularité de Treta quo est invoquée, à tort ou à raison, par certains élus et cadres du RPM pour virer à l’ASMA, le parti du Premier ministre. Bien entendu, tout le monde sait le président du RPM en froid avec le président de la République. C’est donc pour renforcer ses propres positions et éviter de couler que Treta chercherait à créer un tandem avec le chef de file de l’opposition.
La première rencontre avec Soumaila Cissé s’est bien passée et une autre est prévue à bref délai. “Nous avons décidé de mettre en place une commission paritaire qui va faire des propositions et recommandations. La décrispation de la situation sociopolitique de notre pays est une nécessité. Nous avons convenu avec l’URD de prendre nos responsabilités.
Mais il y a des questions qui ne peuvent pas être discutées sans le président de la République”, a expliqué Treta au sortir de la rencontre de jeudi. Quant à Soumaila Cissé, il s’est réjoui de la rencontre tout en faisant le distinguo entre RPM et IBK:
« Les Maliens ont besoin de se parler sur les enjeux du moment. Cela renforce notre démocratie. Nous allons continuer dans ce sens puisque ce débat va au-delà de l’URD et du RPM et intéresse l’ensemble des forces vives de la nation… Le RPM a tendu la main, j’ai pris la main du RPM. Il faut que cela soit clair. Le président de la République n’est pas le RPM…”. La dernière phrase de Soumaila est lourde de sens. En tout cas, elle n’est pas fortuite. Il se raconte dans les milieux bien informés que Treta s’est opposé à la stratégie de certains tenants du pouvoir: négocier des compromis politiques avec différents acteurs de l’opposition en excluant l’URD de Soumaila Cissé. Le tandem Treta-Soumaila présente pour le premier l’avantage de sortir du tête à tête avec l’appareil d’État dirigé par le Premier ministre et de réorganiser le RPM autour de ses propres fidèles et d’alliances électorales avec l’URD. Quant à Soumaila Cissé, il gagne dans le tandem la possibilité de briser son isolement croissant et d’augmenter ses atouts en cas de négociations avec IBK.
Abdoulaye Guindo
Source: Le Procès Verbal