Le président soudanais Omar el-Béchir a procédé dimanche à un remaniement de son administration, après des appels en faveur de réformes et une scission au sein du parti au pouvoir où le chef de l’Etat était de plus en plus critiqué.
Ces « grands changements (…) visent à présenter des jeunes expérimentés », a expliqué le numéro deux du Parti du Congrès national (NCP, au pouvoir), Nafie Ali Nafie, cité par le Centre soudanais des médias (SMC), proche des services de sécurité.
M. Nafie laisse sa place en tant que conseiller du président à Ibrahim Ghandour, un membre éminent du CNP, ont indiqué des responsables du parti lors d’une conférence de presse.
Parmi les autres piliers du régime sur le départ figurent le premier vice-président Ali Osmane Taha et le ministre du Pétrole Awad Ahmad al-Jaz, dont le porte-feuille a été confié à Makawi Mohammed Awad, ancien directeur des chemins de fer.
Autre changement important: le ministre de l’Economie et des Finances Ali Mahmoud al-Rassoul est remplacé par Badredldein Mahmoud, numéro deux de la Banque centrale.
Les critiques contre la politique du président Béchir se sont multipliées depuis que le gouvernement a cessé de subventionner les carburants, faisant bondir les prix de 60% et déclenchant fin septembre un mouvement de contestation sans précédent en 24 ans de pouvoir de M. Béchir.
Le président avait laissé entendre à la mi-novembre qu’un important remaniement était imminent, après la décision du NCP d’expulser un groupe de dissidents dont le plus en vue, l’ex-conseiller présidentiel Ghazi Salaheddine Atabani.
Ces réformateurs avaient critiqué la répression sanglante des manifestations de septembre.
Dans le cadre des changements annoncés, Bakri Hassan Saleh, l’un des meneurs du coup d’Etat ayant porté M. Béchir au pouvoir et ancien ministre de l’Intérieur et de la Défense, a été nommé premier vice-président.
Hassabo Mohammed Abdel Rahmane, ancien secrétaire politique du NCP, devient deuxième vice-président, selon un haut responsable du parti.
‘Pas de divergences’
Le ministre de la Défense Abdelrahim Mohamed Hussein et celui des Affaires étrangères Ali Ahmad Karti restent en revanche à leur poste, selon des responsables du parti.
M. Hussein, tout comme M. Béchir, est recherché par la Cour pénale internationale pour des soupçons de crimes de guerre au Darfour (ouest).
Une minorité des membres appartenant à d’autres partis politiques ont été maintenus en attendant les décisions de leurs formations, selon des responsables.
M. Béchir avait annoncé samedi que le vice-président Ali Osmane Taha, figure clé du coup d’Etat de 1989, avait « volontairement » présenté sa démission pour ouvrir la voie à un nouveau cabinet.
M. Taha avait déjà cédé la place à l’ex-dirigeant rebelle sudiste John Garang en juillet 2005 en vertu de l’accord de paix ayant mis un terme à 22 ans de guerre civile et finalement abouti à la sécession du Soudan du Sud en 2011.
Mais M. Garang est mort un mois après l’accord dans un accident d’hélicoptère, M. Taha avait retrouvé son poste de vice-président. L’an dernier, des experts le considéraiet comme un éventuel successeur du président Béchir si ce dernier quittait le pouvoir.
Mais Hassan al-Tourabi, qui a soutenu Omar el-Béchir avant de passer à la dissidence, avait évoqué des rivalités entre M. Taha et le président.
M. Béchir a assuré samedi qu’il n’y avait « pas de divergences ou de conflit concernant la formation du nouveau gouvernement », selon l’agence officielle SUNA.
D’après des experts, les manifestations spontanées de septembre ont montré l’urgence de mener des réformes dans le pays, miné par une profonde crise économique, un isolement international et des mouvements rebelles combattants dans plusieurs régions.