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Soudan du Sud: un risque d’«extermination d’une ethnie par une autre»

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Depuis le 15 décembre, au Soudan du Sud, des affrontements opposent le camp de l’ancien vice-président Riek Machar aux hommes du président Salva Kiir. Les violences touchent désormais la moitié des Etats du pays. Les déplacés se comptent par dizaines de milliers et il y aurait selon l’ONU plusieurs milliers de morts. Adama Dieng, le conseiller spécial des Nations-Unies pour la prévention du génocide exprime son inquiétude de voir le conflit dégénérer.

RFI : Comment expliquer que la situation au Soudan du Sud se soit si vite détériorée ?

Adama Dieng : La situation au Soudan du Sud connaît des cycles intermittents de violences intercommunautaires. Cela, bien sûr, depuis juillet 2011, notamment dans l’Etat de Jonglei qui oppose l’ethnie Murle d’une part, à l’ethnie Nuer et Dinka. Cela s’est étendu aux autres régions, surtout au lendemain de l’exclusion de l’ancien vice-président Riek Machar du gouvernement, ainsi que de certains autres responsables.

Cela veut-il dire que les autorités qui président le Soudan du Sud depuis l’Indépendance en juillet 2011 n’ont pas su, ou pas pu, désamorcer ces tensions parfois ancestrales ?

Hélas ! Ils n’ont pas pu les désamorcer. Tout le monde n’est pas John Garang. Il faut cependant signaler qu’il y a quelques mois, les autorités ont décidé de mettre en place un Comité national pour la réconciliation, ainsi qu’un Comité pour la prévention du génocide et de toutes les formes de discriminations.

Certes, cela venait un peu tard. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Il est totalement regrettable qu’au moment même ou ces deux comités commençaient à entamer leurs activités, que Riek Machar ait pris la décision d’entraîner ce pays dans le cycle que l’on connaît.

Ce qui se passe aujourd’hui, est-ce un conflit politique ou une guerre tribale qui se dessine ?

C’est un conflit politique qui, malheureusement, pourrait déboucher sur un conflit inter-ethnique, avec tout ce que cela comporte comme conséquences. Il ne faut pas se voiler la face, aujourd’hui, les autorités n’ont pas réussi à gérer de manière constructive la diversité qui prévaut au Soudan du Sud. C’est pourquoi il est essentiel que les autorités trouvent le moyen de mettre un terme à l’exclusion.

Ne craignez-vous pas une escalade des violences communautaires ?

Cette escalade, malheureusement, n’est pas exclue. Mais, fort heureusement, le Conseil de sécurité a adopté des mesures pour renforcer les troupes présentes au Soudan du Sud.

Six mille Casques bleus supplémentaires, cela peut suffire ?

Pour l’instant cela devrait suffire. A condition que les acteurs acceptent de se mettre autour de la table et sans conditions. Je crois que l’heure est tellement grave qu’on ne doit pas rentrer dans ce discours conditionnel. Mais s’ils ne le font pas, je n’exclue pas qu’on assiste à une extermination d’une ethnie par une autre. Je crois que les enjeux de pouvoir sont clairs du côté de Riek Machar. Mais je crois qu’il faut qu’il comprenne que la chaîne de commandement ne sera pas un vain mot. Et, que ce soit lui, que ce soit le président Salva Kiir, quiconque n’assumera pas la responsabilité pour faire taire les armes, devra répondre de ses actes.

Après Juba, après Bor, après Bentiu, dans l’Etat d’Unité, les combats ont gagné Malakal. Pourquoi ces zones, en particulier, sont-elles touchées ?

Il ne faut pas perdre de vue que l’unité nationale sud-soudanaise n’est pas encore une réalité. Malheureusement, si vous allez à Jonglei, vous constaterez que l’Etat n’y est pas aussi présent qu’il devrait l’être. Vous noterez également que les forces de sécurité ont eu à attaquer souvent les groupes de milices, ainsi que des rebelles qui ont été tués. Et cela, malheureusement, revêtait un caractère ethnique, affectant des civils murle.

C’est une des raisons pour lesquelles, au mois de septembre, je m’étais entretenu avec le ministre des Affaires étrangères du Soudan, pour rappeler au Soudan du Sud son obligation de protéger toutes ces populations, sans discrimination ethnique.

La Haute commissaire de l’Onu en charge des droits de l’Homme, Navi Pillay, a parlé il y a deux jours de découverte de charniers à Bentiu, au nord et aussi à Juba. Est-ce que vous confirmez ?

Nous avons effectivement reçu ces informations. Certains charniers indiquent la présence même d’un groupe ethnique déterminé. Il faut que les enquêtes démarrent le plus tôt possible pour identifier les auteurs de ces crimes. J’ose espérer, simplement, que ce ne sont pas des crimes qui auront été commis sur des bases ethniques.

tags: Soudan du Sud
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