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Soudan du Sud: propagation des combats, craintes d’un conflit généralisé

Des rebelles, présentés comme partisans de l’ex-vice-président sud-soudanais Riek Machar, ont pris jeudi la localité de Bor, au nord de Juba, une propagation des combats de la capitale au reste du Soudan du Sud qui alimente les craintes de guerre civile.

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Selon l’armée sud-soudanaise, des combats se poursuivaient jeudi à Bor, tombée la veille au soir aux mains de forces fidèles à Riek Machar, en fuite depuis qu’il a été accusé dimanche soir de tentative de coup d’Etat au Soudan du Sud, un prétexte , selon lui, trouvé par le président Salva Kiir pour se débarasser de ceux contestant son autorité.

Une mission comportant plusieurs ministres est-africains, mandatée par l’Union africaine (UA) est en route pour le Soudan du Sud pour tenter de mettre fin aux combats entre factions rivales de l’armée qui menacent, selon des analystes, de faire plonger le jeune pays dans la guerre civile.

Mercredi soir, Ban Ki-moon avait mis en garde contre un risque de propagation de la violence hors de Juba.

Et les observateurs s’inquiètaient jeudi de la contamination d’Etats déjà en proie à de vives tensions ethniques, tel que celui de Jonglei (est), dont Bor est la capitale, menaçant de plonger le jeune pays, fracturé le long de lignes ethniques et au régime divisé, dans un conflit d’ampleur.

Le scénario d’une guerre civile « apparaît désormais terriblement possible », écrit le centre de recherche ICG jeudi.

« Nos soldats ont perdu le contrôle de Bor au profit des forces de Riek Machar tard mercredi », a annoncé jeudi à l’AFP le porte-parole de l’armée, Philip Aguer, précisant que des combats y étaient toujours en cours jeudi.

Le Jonglei, traditionnellement instable, foumille de groupes armés, aux alliances changeantes et aucune confirmation indépendante n’a pu être obtenue sur l’identité des troupes ayant pris Bor.

Milliers de réfugiés

Selon un porte-parole de la Mission de l’ONU au Soudan du Sud (Minuss), Joseph Contreras, environ 3.000 civils étaient réfugiés jeudi à la base onusienne de Bor et un nombre moins important à Pibor, également au Jonglei.

Bor est une localité à fort symbole dans la longue rivalité Kiir-Machar, qui trouve racine dans les années de rébellion sudiste contre Khartoum (1983-2005). En 1991, les troupes – majoritairement d’ethnie Nuer – de Machar, qui venait de faire défection de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), la rébellion sudiste historique, y avaient massacré quelque 2.000 civils Dinkas, l’ethnie de Salva Kiir.

La situation restait peu claire dans le reste du pays. La Minuss est revenue sur de précédentes informations faisant état de combats mardi soir à Torit dans l’Etat d’Equatoria-Oriental (sud-ouest).

Elle a indiqué que ses bases accueillaient jeudi des civils dans sept Etats du pays – Equatoria-Central (où se trouve Juba) et Oriental (sud-ouest), Jonglei, Etat des Lacs (centre), Warab (nord), Bahr el-Ghazal du Nord (nord-ouest) et celui, pétrolier, d’Unité (nord).

Mais seuls ceux de Juba et du Jonglei fuient de réels combats, a précisé M. Contreras, ajoutant que l’anxiété et la peur poussait les autres à venir chercher la protection de l’ONU.

Quelque 200 employés du secteur pétrolier ont trouvé refuge à la base de l’ONU de Bentiu, capitale d’Unité, où aucun combat n’était signalé, et moins de 25 dans les autres Etats.

Aucune information n’était disponible sur les conséquences sur la production de pétrole qui assure 98% des recettes du pays.

Dans la capitale Juba, où les combats entre factions rivales de l’armée ont fait près de 500 morts entre dimanche et mardi, la sécurité était rétablie jeudi mais de nombreux habitants prenaient d’assaut les bus pour quitter la capitale vers leurs villages ou vers l’Ouganda voisin, selon un journaliste de l’AFP.

Echoppes et marchés avaient rouvert, mais plusieurs grandes entreprises restaient fermées.

Près de 20.000 habitants restaient présents dans les deux bases de l’ONU dans la capitale. « L’immense majorité (…) ne bouge pas. Ils n’ont pas l’impression que c’est sûr de rentrer chez eux pour l’instant », a expliqué Joseph Contreras.

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