Des négociations sur un cessez-le-feu au Soudan du Sud se sont ouvertes vendredi à Addis Abeba, qui doivent se transformer samedi en pourparlers “directs”, mais sur le terrain les combats s’intensifiaient avec l’avancée annoncée par l’armée de ses troupes vers la ville stratégique de Bor.
“Nous avons achevé la première série de discussions par émissaires interposés avec les deux équipes de négociateurs du Soudan du Sud”, celles du président Salva Kiir et des rebelles dirigés par son ex-vice président Riek Machar, a annoncé vendredi soir le ministre éthiopien des Affaires étrangères Tedros Adhanom.
“Nous passerons demain (samedi) aux pourparlers directs”, a-t-il dit également.
Mais l’armée gouvernementale affirme être en posiiton de force. “Nos forces sont suffisantes pour vaincre les rebelles dans les 24 heures”, a dit à la presse son porte-parole de l’armée, Philip Aguer, ajoutant que “les rebelles étaient en train de se replier” de Bor, la capitale de l’Etat du Jonglei qu’ils avaient reconquise mardi.
Des combats intenses, impliquant des chars et de l’artillerie, se déroulent, selon certaines informations, dans les environs de cette ville située à 200 km de Juba, la capitale sud-soudanaise, qui a changé trois fois de mains en trois semaines de conflit.
Si les informations gouvernementale sont exactes, elles marquent un revers pour les rebelles qui affirmaient marcher sur Juba. M. Machar a affirmé journal britannique Telegraph que ses forces y renonçaient dans l’espoir d’un “accord négocié”.
Devant la détérioration de la situation, les Nations unies appelaient à épargner les civils.
Les deux parties qui séjournent dans un même hôtel rencontraient des représentants des pays de la région.
Le porte-parole du ministère éthiopien des Affaires étrangères, Dina Mufti, a assuré que l’Igad, l’Autorité intergouvernementale pour le développement en Afrique de l’Est qui chapeaute les discussions, y apportait son soutien “de toutes les manières possibles”.
Les pourparlers doivent d’abord examiner l’instauration d’un cessez-le-feu puis une solution des différends politiques.
Assurer l’accès à l’aide humanitaire
“Nous participons aux discussions parce que nous voulons la paix pour notre peuple même si les groupes rebelles n’ont pas accepté une cessation des hostilités”, a dit le gouvernement jeudi soir.
Mardi, M. Machar avait exclu auprès de l’AFP un cessez-le-feu dans l’immédiat et un tête-à-tête avec le président Kiir.
Bor est une des zones les plus touchées par les combats qui auraient déjà fait des milliers de morts et déplacé quelque 200.000 personnes.
Plusieurs milliers de personnes y ont trouvé refuge sur les bases de l’ONU et des dizaines de milliers d’autres ont fui la ville en traversant le Nil blanc infesté de crocodiles.
Le responsable humanitaire de l’ONU au Soudan du Sud, Toby Lanzer, a déclaré que des équipes du Programme alimentaire mondial (PAM) avaient pu gagner Bor avec de la nourriture vendredi.
Le chef de la diplomatie britannique William Hague a annoncé vendredi sur son compte tweeter avoir demandé au président ougandais Yoweri Museveni de discuter des négociations en cours sur le Soudan du Sud, pour lesquelles l’Ouganda, dit-il, doit jouer “un rôle vital”. Il lui a également demandé d’oeuver pour “assurer l’accès à l’aide humanitaire” dans les régions de ce pays en proie à la violence.
De son coté, l’ambassade des Etats-Unis à Juba a appelé les Américains à quitter le Soudan du Sud.
Nouvelles évacuations d’Américains
“Le Département d’Etat a ordonné une nouvelle réduction du personnel de l’ambassade des Etats-Unis à Juba à cause de la détérioration de la sécurité”, dit un communiqué de l’ambassade.
Une vingtaine de membres de l’ambassade ont été évacués par avion militaire en Ouganda.
La situation a également amené M. Lanzer à demander aux soldats gouvernementaux comme aux rebelles d’épargner les civils et de permettre de les secourir dans un contexte qu’il a décrit comme “critique”.
“Toutes les parties au conflit ont la responsabilité de faire en sorte que les civils soient épargnés par les combats”, a-t-il dit dans un communiqué, appelant les belligérants “à faciliter l’aide des agences aux civils et à protéger et respecter les activités humanitaires”.
Les négociateurs avaient commencé à arriver mercredi dans la capitale éthiopienne, en réponse à un ultimatum de l’Igad s’achevant au 31 décembre et réclamant un cessez-le-feu dans un pays de dix millions d’habitants, indépendant depuis 2011 seulement et né d’une partition du Soudan.
Les troupes rebelles sont notamment actives dans le nord, région pétrolière, et dans l’est.
Les combats ont commencé quand M. Kiir a accusé M. Machar – limogé de son poste en juillet 2013 – d’avoir tenté un coup d’Etat. M. Machar a rejeté cette accusation, accusant le président d’avoir voulu éliminer ses rivaux. La rivalité politique se double d’un conflit entre ethnies.