L’ex-vice président sud-soudanais Riek Machar, chef de la rébellion qui affronte depuis deux semaines l’armée au Soudan du Sud, a affirmé mardi à l’AFP envoyer une délégation pour négocier en son nom à Addis Abeba, excluant un face-à-face immédiat avec le président Salva Kiir.
Il a aussi exclu un cessez-le-feu immédiat, affirmant qu’un tel cessez-le-feu devrait être « négocié » et que dans l’intervalle, les rebelles continueraient à se battre.
« C’est pour cela que la délégation va à Addis Abeba, pour discuter et négocier », a-t-il expliqué via un téléphone satellitaire.
« Nos forces marchent encore sur Juba (la capitale sud-soudanaise), il n’y a pas de cessez-le-feu pour l’instant », a affirmé M. Machar, ajoutant que la rébellion avait bel et bien déjà repris le contrôle de la ville stratégique de Bor, capitale de l’Etat du Jonglei (Est).
Riek Machar a indiqué ne pas encore être prêt à un face-à-face avec Salva Kiir.
« Cela va dépendre de la façon dont se passent les négociations », a-t-il indiqué. « Je suivrai plus tard, une fois que les négociations auront débouché sur un cessez-le-feu. Cela dépendra donc de si et quand (ce cessez-le-feu) est atteint ».
« Nous n’avons pas réclamé cette bataille, elle nous a été imposée », a ajouté Riek Machar, démentant une nouvelle fois avoir déclenché les récents combats en tentant de s’emparer du pouvoir par la force comme l’en accuse Salva Kiir.
La délégation envoyée par Riek Machar à Juba comprend Rebecca Garang, femme politique influente, chef d’ethnie dinka respectée et veuve de John Garang, leader de la rébellion sudiste du temps de la guerre civile Nord-Sud contre Khartoum, décédé en 2005.
Ses deux autres représentants sont Taban Deng Gai, ex-gouverneur de l’Etat pétrolier d’Unité, dont une bonne partie est contrôlée par la rébellion, et Hussein Mar, ex-vice gouverneur du Jonglei.
Mardi, Riek Machar a aussi redemandé la libération de ses alliés arrêtés depuis deux semaines, en particulier de Pagan Amum, ex-secrétaire général du parti au pouvoir, suspendu en juillet comme lui et Taban Deng Gai.
« Ils doivent libérer les prisonniers », a dit M. Machar, affirmant notamment avoir besoin de Pagan Amum pour mener les pourparlers de paix.
Le Soudan du Sud est déchiré depuis le 15 décembre par d’intenses combats alimentés par une rivalité entre le président Salva Kiir et son ex-vice président.
Le premier accuse le second de tentative de coup d’Etat. Riek Machar nie et reproche à Salva Kiir de chercher à éliminer ses rivaux.
Le conflit a déjà fait des milliers de morts et au moins 180.000 déplacés.