A Juba, capitale du Soudan du Sud, la situation s’est calmée ce mercredi 18 décembre. Trois jours de combats ont fait au moins 500 morts, un bilan qui pourrait s’alourdir. Cependant, et bien que la situation soit relativement calme à Juba, les combats font rage dans la province de Jonglei. Le président Salva Kiir se dit prêt à discuter avec Riek Machar qu’il accuse de tentative de coup d’Etat.
Alors qu’un calme relatif est retourné à Juba, le président Salva Kiir a annoncé être prêt à discuter avec son rival Riek Machar qu’il accusait, lundi 16 décembre, d’avoir fomenté un coup d’Etat.
Ces derniers jours, plus d’une quinzaine de personnalités importantes – dont d’anciens ministres – ont été arrêtées. Quant à Riek Machar, il est toujours en fuite et s’est exprimé, pour la première fois, dans les médias mardi. Il a notamment accusé Salva Kiir d’avoir incité aux violences ethniques et l’a appelé à quitter le pouvoir.
Les deux rivaux tentent chacun d’assurer leur survie politique et la probabilité d’un dialogue ne semble pas très élevée pour l’instant, d’autant que la tension est forte. En effet, partout dans le pays, des escarmouches ont éclaté dans plusieurs localités et des affrontements plus sérieux ont eu lieu à Torit – la capitale de l’Etat d’Equatoria-Oriental – dans le sud-est.
Des combats aussi à Bor, la capitale de l’Etat de Jonglei, qui ont démarré dans la nuit de mardi. Des soldats Nuer, mais également Dinka se seraient ralliés au général Peter Gadet. Cet ancien rebelle qui s’était rallié au pouvoir, en août 2011, a à nouveau pris le maquis.
L’ONU s’est déclarée très préoccupée par une situation qui, selon le secrétaire général Ban Ki-moon, pourrait se répandre dans tout le pays. Les divisions profondes au sein du parti, de l’armée, alliées à des tensions ethniques fortes, forment un cocktail plus que jamais explosif pour cette jeune nation.
ANALYSE: une solution politique pour éviter la guerre civile
Dimanche dernier avant que ne n’éclatent les affrontements, l’opposition interne à Salva Kiir projettait de manifester contre ce qu’elle appelle la dérive dictatoriale du président. A la tête des frondeurs, Riek Machar, mais aussi les personnages influents comme Pagan Amun Kosti Manibe l’ancien ministre des Finances, ainsi que la veuve de John Garang, le leader décédé en 2005. Tous sont en disgrâce depuis juillet dernier.
Ils reprochent à Salva Kiir d’avoir bradé les intérêts du pays au profit de Khartoum. Salva Kiir a-t-il délibérément provoqué le clash armé pour éliminer cette opposition interne, comme le dit Riek Machar ? Ou bien, au contraire, a-t-il dû faire face à une opposition résolue à le renverser ? La question demeure posée mais les implications des combats risquent d’être grave.
Les affrontements se sont apaisés à Juba mais ils ont éclatés à Bor dans l’Etat de Jonglei et opposent militaires Nuer favorables à Riek Machar et Dinkas, pro-Salva Kiir. Connaissant les rancoeurs qui existent entre ces deux groupes, la situation menace de dégénérer en guerre civile. Pour l’éviter, les deux hommes doivent trouver une solution politique.
Salva Kiir, qui a accusé son ancien vice-président de tentative de putsch, lui propose désormais de discuter. Des propos qu’il reste à convertir en actes. Pour l’heure, Salva Kiir a fait arrêter une dizaine de responsables du SPLM opposés à sa ligne politique.
Source : RFI