Pour mettre la population de Soninkégny à l’abri d’une injustice dans l’exploitation de ses pierres par la société Razel-Mali, une délégation de l’ONG Tonus était à la rencontre des villageois le vendredi 19 octobre 2018 dans le but de s’imprégner des conventions entre le village de Soninkégny et Razel avant le lancement des travaux de production de graviers en 2007.
Dirigée par Amadou Sidibé, chargé de programme de l’ONG Tonus, la délégation a rencontré les villageois chez Baba Ntjô Diarra, chef de village de Soninkégny.
Le chargé de programme a laissé entendre que la démarche de l’ONG Tonus est de s’enquérir de l’impact de Razel-Mali sur la vie socioéconomique, culturelle, sanitaire, éducative et domaniale de la population de Soninkégny depuis le lancement de ses activités en 2007 par le ministre des Mines de l’époque, Aboubacar Traoré. Et d’interroger l’assistance si réellement le village de Soninkégny profite de la richesse de son sous-sol.
En réponse, Mamadou Diarra, président de la jeunesse du village, a indiqué qu’en 9 ans d’exploitation, Razel a offert 100 tables-bancs à l’école du village ; rénové le grand puits du village ; tracé trois passages d’eau ; installé quatre lampadaires ; offert deux bœufs lors d’une fête de Tabaski ; payé 18 millions de F CFA pour deux quinquennats en guise de compensation pour les douze familles propriétaires des champs abritant le site d’exploitation de Razel ; versé 300 000 F CFA au compte du village chaque mois (soit 32 400 000 en 9 ans) ; recruté cinq jeunes non-diplômés comme ouvriers de chantier et honoré la promesse de 100 tonnes de graviers dont 50 tonnes déjà livrées comme contribution à la construction de la nouvelle mosquée de Soninkégny.
Il a précisé que compte tenu de l’absence de M. Mpié Diarra, un ressortissant du village résidant à Bamako désigné par le village comme représentant auprès de Razel, seule personne pouvant décortiquer le contenu du contrat entre le village et Razel de fond en comble, il ne saurait confirmer si oui ou non ces dons sont inclus dans le contrat.
D’autres intervenants ont tour à tour réitéré qu’à leur souvenance sans le papier, plusieurs engagements de Razel suite aux demandes du village, entre autres, la clôture de l’école, la plantation d’arbres, le recrutement de jeunes diplômés du village, l’électrification du village, la réparation du site exploité, n’ont pas été exécutés comme convenu.
Le représentant d’Ousmane Fah Diarra, président de l’Association des jeunes pour le développement de Soninkégny (AJDS), a déclaré que l’AJDS juge nul le bilan de Razel à Soninkégny en neuf années d’exploitation. Il a suggéré la révision totale du contrat que le village de Soninkégny fut contraint de signer son corps défendant. Selon le représentant de l’AJDS à l’époque où Razel installait à Soninkégny personne, y compris les propriétaires des champs, à fortiori le chef de village, n’était au courant.
Il a fallu la lutte concomitante de quelques jeunes du village et leurs sympathisants à travers des lettres ouvertes et des journaux pour que le ministère des Mines de l’époque via la préfecture et la société Razel aillent à l’écoute des villageois, a fulminé le représentant de l’AJDS.
Sur quelle nouvelle base le village veut procéder dans le futur ? Un nouveau partenariat gagnant-gagnant fondé sur l’augmentation de l’argent perçu par les propriétaires terriens et le village, la construction de châteaux d’eau, le recrutement de jeunes diplômés, l’octroi de bourses d’études, l’entretien de l’environnement, l’aide au dispensaire, à l’école ainsi que la prise en compte des dégâts causés sur d’autres champs, le barrage et les marigots du village endommagés par les déchets que dégage le chantier figurent en bonne place a été suggéré. S’y ajoute la reconstruction des maisons endommagées par les explosions dans les carrières qui secouent fortement le sol.
La délégation de l’ONG Tonus s’est dit satisfaite des différentes témoignages tout en laissant savoir que Tonus ne travaille va en se basant sur les dires d’une seule partie sans pour autant écouter l’autre partie.
Wait and see…
Dognoume Diarra
Source: Le Confident