Après trois tentatives infructueuses de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, de sortir le Mali de la crise sociopolitique, ses chefs d’Etat organiseront un autre sommet dit extraordinaire, ce lundi 27 juillet 2020, par visio-conférence, pour trouver une issue favorable au différend politique qui oppose le régime IBK au M5 RFP. Ce sommet, considéré par bon nombre d’observateurs comme celui de la dernière chance, se tiendra à moins d’une semaine de la fin de la trêve décrétée par l’Opposition.
Donc tous les regards sont tournés vers les 15 Présidents des pays de la CEDEAO qui plancheront sur la crise
malienne et qui proposeront l’ultime solution de médiation. Vont-ils enfin poser les vrais
diagnostics afin de proposer le remède qu’il faut pour ce grand malade qu’est le Mali ?
Quelles pourraient être les propositions pour résoudre la crise politique malienne ?
Le peuple malien tout comme ceux de la sous-région, a soif de paix, de stabilité et de bien-
être social. Plongé dans une crise multidimensionnelle depuis 2012, le vaillant et intrépide
peuple refuse de céder à la fatale et cherche avec détermination sa voie de sortie de crises.
Les Maliens dans leur grande majorité sont victimes de la gouvernance chaotique du
régime IBK, avec son corolaire de corruption, d’insécurité, de chômage, de précarité et de
sous-développement. L’Organisation sous régionale qui est la CEDEAO, censée voler au
secours des peuples en détresse, s’accoquine plutôt avec les chefs d’Etats au détriment des
populations. Au Mali, après trois tentatives infructueuses, elle tente de sauver ce qui
pourrait l’être afin d’empêcher la digue qui protège les pays du sahel de céder et d’être
inondés. Son sommet extraordinaire de ce lundi s’inscrit dans ce cadre.
Ce sommet extraordinaire des chefs d’Etats de la CEDEAO, considéré comme celui de la
dernière chance, doit apporter la thérapie nécessaire au Mali pour éviter que ce pays ne
s’effondre pas dans un sahel en proie au Djihadisme, dans une sous-région ouest africaine
instable politiquement et dans une Afrique confrontée au marasme économique dû au
COVID-19. Les chefs d’Etats de la CEDEAO doivent comprendre qu’un embrasement du Mali
n’épargnerait aucun Etat de la sous-région d’où l’appellation de la dernière digue
protectrice.
Pour rappel, le Mali, ce vaste territoire, trois fois plus grand que la France, est devenu
l’épicentre du combat contre le terrorisme depuis 2012. Pendant huit ans le peuple malien
attend impatiemment la paix, la sécurité, la stabilité, le bonheur et surtout une gouvernance
vertueuse. L’espoir qui était celui d’une frange importante du peuple qui a élu IBK en 2013
afin de satisfaire les nombreuses attentes, a été déçu. L’insécurité est grandissante et s’est
généralisée, la corruption est endémique, l’école est agonisante, la santé est inaccessible
pour un plus grand nombre des citoyens, la précarité touche un nombre considérable des
citoyens, la liste est loin d’être exhaustive. C’est fort de cet amer constat qu’un Mouvement
est né, le M5 RFP, pour dire non à la mauvaise gouvernance, à l’injustice, à la corruption.
Comme réponse aux légitimes revendications le régime IBK a jugé bon de faire taire la
contestation en utilisant la force et surtout en tirant à balles réelles sur des manifestants
aux mains nues. Sidéré par la mort d’au moins 23 civils, le M5 RFP a tout simplement
demandé la démission d’IBK, avant de décider de paralyser tout le pays par une
désobéissance civile en attendant d’obtenir le départ du Président de la République.
Les chefs d’Etats de la CEDEAO, au lieu de se poser les bonnes questions au sujet du Mali,
soutiennent aveuglement IBK en opposant une fin de non-recevoir à la demande de
démission de ses opposants et en rejetant toutes leurs revendications. Cette posture à la fois
arrogante et dissuasive de l’organisation sous régionale n’a fait qu’exacerber la tension
sociale et radicaliser les leaders du mouvement du 5 juin qui n’ont pas manqué de lancer un
appel patriotique à la résistance et à la mobilisation du peuple insoumis et non résigné du
Mali.
La CEDEAO, pour parer au plus pressé et pour ne pas exacerber la crise et susciter en les
maliens le sentiment de nationalisme, doit, au cours de son sommet extraordinaire, intégrer
les dimensions sociopolitiques et les revendications légitimes du peuple pour que le sommet
extraordinaire sur la crise du Mali puisse aboutir à une décrispation totale de la situation, au
grand bonheur des maliens et des peuples de la CEDEAO.
Youssouf Sissoko
Source: infosept