Ils sont venus nombreux à Dakar qui accueille le 4e Sommet panafricain des jeunes leaders. Depuis sa création en 2004, le réseau panafricain de la jeunesse, le ROJALNU, a réussi à mobiliser plus de 20 000 jeunes leaders à travers le continent et à installer des réseaux dans au moins 40 pays. Chacun d’eux a envoyé à la rencontre de Dakar deux représentants, un garçon et une fille, pour participer à cette tribune dont le but est d’accélérer la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement des Nations unies. RFI a donné la parole à cinq jeunes leaders femmes qui disent leurs attentes et leurs rêves.
Sokona Tounkara (Mali)
« Je milite au sein du ROJALNU-OMD/Mali. Mon rêve est de voir un jour des jeunes filles maliennes comme moi s’imposer comme de vrais leaders d’opinion et d’action. Mais pour que mon rêve soit possible, il faut que nos pays soient dirigés par des jeunes hommes et femmes et non plus par des vieillards, comme c’est le cas maintenant. Comment voulez-vous que des ministres septuagénaires et octogénaires puissent incarner la cause de la jeunesse ? La jeunesse est délaissée et le chômage explose.
Je suis venue à Dakar avec l’espoir que ce Sommet permettra de faire émerger un
véritable plan d’action en faveur du chômage des jeunes. Je n’ai pas encore fini mes études, mais je vois autour de moi mes grands frères et sœurs qui souffrent car ils n’ont pas de boulot. Ce n’est pas parce qu’ils n’y a pas de travail qu’ils ne trouvent pas de boulot, mais c’est aussi parce que les jeunes n’ont pas été correctement formés. Dans nos pays l’éducation n’est toujours pas une priorité pour mon gouvernement. Autrement, comment expliquer que dans les universités maliennes les amphithéâtres soient plein à craquer et que les professeurs soient si mal équipés pour former les jeunes ?
Oui, il m’arrive de rêver d’un Mali prospère où les jeunes pourront trouver leur place sans devoir galérer. Le travail est un droit. »
Sagal Mohamoud Mohamed (Somaliland)
« Je suis originaire du nord de la Somalie. Je suis rattachée à une organisation non-gouvernementale qui a pour nom « Y-Peer ». Y pour « youth » ou la jeunesse. La lutte contre le chômage des jeunes est inscrite dans la charte de notre organisation, mais nous travaillons aussi pour la protection des femmes qui sont particulièrement vulnérables dans notre société.
Le chômage touche dans ma région près de 70 % de la population active.
L’emploi ou plutôt l’absence de l’emploi fait partie de la réalité de la vie de tous les jeunes Somaliens. Il faut que nos décideurs prennent ce problème à bras le corps au risque de voir la jeunesse dériver vers des solutions radicales.
De quoi rêvent les jeunes Somaliens et les jeunes Somaliennes ? Ils rêvent de paix avant tout. Cela ne surprendra pas ceux qui connaissent la situation politique de mon pays où la guerre civile continue de faire des victimes. Nous rêvons aussi d’un Etat de droit, d’un gouvernement stable qui saura reconstruire le pays et créer des conditions propices au retour à une vie enfin normale ».
Ann’Osée Semopa (RDC)
« Le chômage est le grand drame de la jeunesse congolaise. J’en veux parfois à nos vieux qui restent accrochés à leurs emplois, alors que la jeunesse de mon pays meurt de désespoir et de désoeuvrement. Les jeunes Congolais et Congolaises n’ont aucune perspective d’avenir. C’est tragique !
La responsabilité de cette tragédie en incombe à notre système éducatif qui ne nous prépare guère à la vie professionnelle. Je compte beaucoup sur ce Sommet de la
jeunesse panafricaine de Dakar pour imaginer des solutions à ce grave problème d’emploi qui concerne plus ou moins l’ensemble de l’Afrique. Tout cela est d’autant plus tragique que la jeunesse africaine est une jeunesse talentueuse, pleine de ressources et d’inventivité. Comme tous mes jeunes compatriotes, je rêve d’une société de plein emploi et de bien-être. Mais je sais aussi que l’avenir dépend de nous, de notre seule capacité de reprendre notre vie en main. Notre avenir commence peut-être à Dakar !
Sali Mohsen (Egypte)
« L’Egypte traverse en ce moment une nouvelle crise, comme elle a pu en connaître d’autres tout au long de sa longue histoire plurimillénaire. Les jeunes Egyptiens ont porté cette nouvelle révolution qui n’en finit pas de finir. En attendant, la situation économique
continue de se dégrader. Le chômage touche aujourd’hui plus de monde qu’à l’époque de Moubarak.
Dans mon pays, je milite au sein d’une coalition pour la jeunesse et le développement. Cette coalition réunit plus de 70 organisations qui agissent pour l’amélioration de la situation de jeunesse. Elles ont fait des propositions concrètes liées à l’éducation, à la santé et à la solidarité entre les pays. Nos recommandations ont été adressées aux organisateurs de ce Sommet de Dakar et j’espère qu’elles seront prises en compte et transmises aux décideurs nationaux et internationaux pour leur mise en œuvre.
La jeunesse égyptienne aspire à la justice sociale. Elle réclame le droit à la vie, à la liberté et au bonheur, sur le modèle des révolutionnaires américains du XVIIIe siècle ».
Tikhala Itaye (Namibie)
Je suis la vice-présidente de l’antenne namibienne du ROJALNU/OMD. Je suis venue à Dakar pour participer aux débats organisés dans le cadre du Sommet des jeunes leaders panafricains. J’aimerais repartir d’ici avec des outils et des idées pour accélérer la mise en œuvre dans mon pays de l’objectif de plein-emploi pour la jeunesse promulgué par les Nations unies.
Dans mon pays, le chômage touche 34 % de la jeunesse, soit un jeune Namibien sur trois.
C’est beaucoup, même si la situation est sans doute pire dans d’autres pays africains. Notre système éducatif n’est pas adapté aux besoins de l’appareil productif. Les investissements nécessaires pour redresser le niveau tardent à venir. Il faut investir maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.
Que veut la jeunesse namibienne ? Elle ne demande pas la lune. Elle veut simplement être écoutée. Elle réclame des conditions d’épanouissement et de travail dignes du grand peuple que nous sommes.
rfi