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Soldats morts pour la patrie, tous méritent le même traitement

Bien que tombés pour la patrie à un jour d’intervalle seulement, le président Ibrahim Boubacar a commis l’erreur, impardonnable aux yeux des parents des victimes, de faire une discrimination en rendant un hommage appuyé aux deux pilotes tués dans le crash de leur avion à Sévaré le mardi 7 avril. Alors que les 27 soldats, tombés un jour plus tôt, le lundi 6 avril à Bamba, au cours d’affrontements contre les djihadistes, n’ont pas eu droit aux mêmes honneurs présidentiels. 

L’un s’appelait Adama Traoré, 18 ans à peine, garçon unique d’une famille qui ne compte plus que deux sœurs. L’autre répondait au nom d’Alpha Nian Coulibaly, 20 ans environ, portant avec fierté le nom minianka de son grand-père, ancien infirmier d’Etat, décédé en 1990, qui a fait l’essentiel de sa carrière en milieu rural, notamment à Manakoro.

Tous deux avaient en commun de venir du Banimonotié, singulièrement de Bougouni, et ne se sont connus qu’à la formation commune de base. Tous deux avaient aussi en commun qu’ils n’avaient pas encore un an sous le drapeau de la nation. Comme les 25 autres de leurs malheureux camarades de Bamba, tombés sous les balles djihadistes ce lundi 6 avril 2020 ; ils étaient sans expérience des engagements et singulièrement sur ce genre de théâtre d’opérations.

Pourtant, ils sont tombés pour la patrie. Tout comme le Capitaine Moussa Maïga et le sous-lieutenant Mamadou B. Traoré, qui sont morts lors du crash de leur Tucano, survenu le mardi 07 avril 2020, au lendemain du drame de Bamba. Mais, au tableau des honneurs, lors du conseil des ministres suivant le 8 avril, le président de la République IBK a sciemment ou non oublié ceux de Bamba.

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«Bévue impardonnable», «Mépris pour des soldats bénéficiant de moins de considération par rapport à d’autres du fait de leur naissance», car, certainement pas des «fils à papa», etc. Les commentaires indignés n’ont pas manqué de secouer le landernau et n’ont certainement pas échappé au Palais.

C’est pourquoi, dans son discours du vendredi 10 avril, IBK avait daigné évoquer enfin les morts de Bamba, en même temps que d’autres, en déclarant s’incliner «devant la mémoire de nos vaillants fils tombés ces jours-ci, à Bamba, dans le cercle de Kita, à Koro où un sous-préfet a perdu la vie suite à l’explosion d’un EEI, à Sévaré où le crash d’un de nos aéronefs vient de coûter la vie à deux de nos valeureux fils».

Pourtant, deux jours plus tôt, le président de la République avait superbement ignoré les 27 morts tombés à Bamba, car on note au premier point du conseil des ministres, du mercredi 08 avril 2020 dernier, qu’à l’ouverture de la session, le président de la République (qui n’est pas un observateur visiblement attentif) a demandé une «minute de silence à la mémoire du Capitaine Moussa MAIGA et du sous-lieutenant Mamadou B. TRAORE, décédés à la suite d’un accident d’avion survenu le mardi 07 avril 2020 à Sévaré dans la Région de Mopti», et de préciser qu’en «hommage aux militaires décédés, les drapeaux seront mis en berne du jeudi 09 au samedi 11 avril 2020 sur toute l’étendue du territoire national».

Mais les 27 militaires, tombés un jour plus tôt à Bamba, n’avaient pas eu droit à la minute de silence, pas plus que le chef de l’Etat n’ira s’incliner devant leurs cercueils recouverts des couleurs nationales. Et pour cause, comme son fils Karim Kéita l’avait jeté à la figure des familles des soldats tombés au champ d’honneur, il n’y a pas de logistique pour transporter les corps afin que les familles puissent être associées de près aux hommages militaires qui leur sont rendus.

Même si au passage, les avions de transport de troupes, dont dispose l’armée nationale, sont bien souvent utilisés à transporter des fils de familles riches pour leurs galéjades afin de rapporter des ressources financières à l’armée et permettre aux pilotes de se faire la main, explique toujours le très disert et imprudent président de la commission défense et digne fils de son père en matière de palinodie et de maladresse.

Les observateurs ont noté qu’en réalité, le discours du vendredi 10 avril était une session de rattrapage d’un fait assez grave qui a exacerbé jusqu’à l’indicible la douleur des familles et que les communicants du chef de l’Etat ont tenté de corriger.

De toute évidence, il est clair, dans l’esprit des parents des victimes, que les 27 jeunes de Bamba ne sont pas mesurés à la même aune de l’hommage que les deux pilotes de Sévaré, pourtant tous soldats tombés pour défendre leur patrie avec la même conviction.

Les plus incisifs des détracteurs du chef de l’Etat susurrent que le crash du Tucano vient réveiller les affaires liées à l’achat de ces aéronefs dont IBK, lui-même, reconnaissait la vétusté et le manque d’entretien, après en avoir claironné sur tous les toits la qualité dont il se prévalait dans son choix.

 Mohamed Ag Aliou

Source: Nouvelle Libération

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