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Situation sécuritaire au Mali : Le constat du secrétaire général de l’ONU !

« La région centrale du Mali où, selon les estimations, vivent 30 % des 20 millions d’habitants du pays est restée celle où l’on a enregistré le plus grand nombre d’attaques contre des civils et de victimes civiles… Dans le Nord du Mali, on a également enregistré une dégradation des conditions de sécurité principalement causée par des actes de banditisme et les activités de groupes terroristes et de groupes armés signataires, survenus pour la plupart dans les cercles de Gourma-Rharous, d’Ansongo et de Ménaka, dans les régions de Tombouctou, de Gao et de Ménaka, respectivement.

Au total, il y a eu 245 atteintes à la sécurité au cours desquels 333 civils ont été tués et 175 blessés, ainsi que 145 signalements d’enlèvements de civils, contre 267 atteintes à la sécurité, 225 morts et 149 blessés pendant la période précédente. Au cours de la période considérée, on a recensé 10 explosions, qui ont fait 11 morts et 26 blessés parmi des civils dans les régions du centre du pays… », a induqé le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans son rapport trimestriel, publié le 31 mai dernier…

En effet, par sa résolution 2423 (2018), le Conseil de sécurité a prorogé le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) jusqu’au 30 juin 2019. Dans ce cadre, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, est prié de lui faire  un rapport tous les trois mois sur la suite donnée à la résolution, en particulier sur les progrès accomplis dans la mise en oeuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali et l’action menée par la MINUSMA pour l’appuyer…

Pour M. Guterres, les conditions de sécurité sont restées précaires dans le Nord du Mali et ont continué de se détériorer dans le Centre ainsi que dans la région de Koulikoro. « Le Centre du pays connaît une escalade de la violence intercommunautaire et les affrontements entre les Dogons et les Peuls, exacerbés par la présence de groupes extrémistes, ont entraîné la mort d’un grand nombre de civils, dont au moins 157 ont été tués durant le massacre perpétré le 23 mars à Ogossogou dans la région de Mopti », indique-t-il.

Le secrétaire général de l’ONU a souligné dans son rapport que dans le Nord du pays, la situation en matière de sécurité dans les régions de Gao et de Ménaka a été marquée par des violences visant les populations locales, la recrudescence des actes de banditisme, des assassinats ciblés de membres de groupes armés, signataires ou non de l’Accord, et des attaques contre les Forces de défense et de sécurité maliennes et la MINUSMA. Le 4 mai, des tensions entre les membres de la communauté des Daoussak affiliés au Mouvement pour le salut de l’Azawad et à la Coordination des mouvements de l’Azawad à Talataye, dans la région de Gao, ont dégénéré en affrontements violents. Le nombre de victimes n’a pas pu être confirmé, les deux groupes ayant publié des déclarations contradictoires. La Mission a usé de ses bons offices pour prévenir une nouvelle escalade. Les hostilités ont repris entre les mouvements armés le 12 mai à In-Ouélen, à l’extérieur de Talataye, ce qui a permis à la Coordination des mouvements de l’Azawad de prendre le contrôle de certaines parties de Talataye.

 

Attaques asymétriques et autres

« Au cours de la période considérée, c’est dans le Nord du Mali qu’a été enregistré le plus grand nombre d’attaques asymétriques commises par des groupes terroristes (34 sur un total de 59), mais c’est dans le centre du pays que se sont produites les attaques les plus meurtrières.

Dans le nord, des attaques ont eu lieu dans toutes les régions, notamment dans celles de Gao (15), de Tombouctou (11), de Ménaka (4) et de Kidal (4). En revanche, dans le centre, les attaques asymétriques se sont surtout concentrées sur la région de Mopti (24) », précise Antonio Guterres.

Les Forces de défense et de sécurité maliennes, poursuit le patron de l’ONU,  sont restées les principales cibles et victimes d’attaques menées par des groupes terroristes. Au cours de la période considérée, elles ont été la cible de 35 attaques, au cours desquelles 67 soldats ont été tués et 51 blessés, soit une augmentation par rapport aux 37 morts et 47 blessés enregistrés pendant la période précédente. Les attaques contre les Forces de défense et de sécurité maliennes ont été les plus nombreuses dans les régions de Mopti (20 attaques), de Tombouctou (8 attaques), de Gao (4 attaques), de Ménaka (2 attaques) et de Koulikoro (1 attaque). L’attaque complexe menée le 17 mars contre les Forces armées maliennes à Dioura, dans la région de Mopti, a été la plus meurtrière : 26 soldats ont été tués. Au cours d’une attaque contre un avant-poste des Forces de défense et de sécurité maliennes à Guiré, dans la région de Koulikoro, le 21 avril, 11 soldats ont perdu la vie. Au total, 12 attaques ont visé la MINUSMA, 11 attaques ont visé des groupes armés signataires et 1 attaque a visé des forces internationales.

Au cours de la période à l’examen, quatre soldats de la paix ont été tués et 12 blessés, contre 17 tués et 40 blessés au cours de la période précédente. À Gao et à Ménaka, 43 membres de groupes armés signataires ont été tués et 17 blessés.

« On a enregistré 49 cas d’utilisation d’engins explosifs improvisés, dont 36 (soit 73 %) se sont produits dans le Centre du Mali. Conformément au plan d’action visant à améliorer la sécurité des soldats de la paix, des sessions de formation à l’atténuation des risques liés aux explosifs ont continué d’être organisées à l’intention des soldats de la paix de la MINUSMA. (On trouvera au paragraphe 62 des informations actualisées sur ces formations) », a-t-il précisé.

Pour M. Guterres, face à l’évolution rapide des menaces, la Mission a restructuré ses moyens en fonction de ses priorités et libéré des ressources pour pouvoir effectuer des patrouilles et pour renforcer la mobilité, l’adaptabilité et la réactivité de sa force. Entre octobre 2018 et février 2019, elle a augmenté le nombre de de ses patrouilles de 129 % par rapport à la période allant d’octobre 2017 à février 2018. Seuls 25 % à 30 % des effectifs de la force de la MINUSMA ont été affectés à des unités chargées de la protection de la force. Les compagnies spécialisées en convois de combat (soit 1 000 soldats au total) ne sont pas comptabilisées dans le personnel affecté à la protection de la force, bien que ces unités s’occupent essentiellement d’escorter et de sécuriser les convois de la MINUSMA.

La MINUSMA a également redoublé d’efforts pour se préparer et répondre aux attaques visant ses bases et ses convois et les repousser. Comme je l’ai indiqué dans mon précédent rapport (S/2019/262) et ainsi que l’a montré l’attaque complexe qui a visé son camp d’Aguelhok le 20 janvier, la MINUSMA a considérablement renforcé sa capacité à repousser vigoureusement les assaillants, qui, dans ce cas précis, étaient beaucoup plus nombreux que les soldats de la paix de la MINUSMA. D’importants efforts ont été déployés pour remédier aux insuffisances en matériel (voir par. 67) et pour renforcer la coordination avec les autres forces de sécurité opérant au Mali.

Situation dans le centre/protection des civils

Selon Antonio Guterres, la région Centrale du Mali où, selon les estimations, vivent 30 % des 20 millions d’habitants du pays  est restée celle où l’on a enregistré le plus grand nombre d’attaques contre des civils et de victimes civiles, en raison d’une nouvelle intensification des affrontements et de la violence intercommunautaires, ainsi que des attaques par des groupes terroristes et des milices d’autodéfense. Les violences intercommunautaires ont été les plus marquées essentiellement dans les cercles de Koro et de Bankass, dans la région de Mopti, entre Dogons et Peuls, et dans le cercle de Djenné, toujours dans la région de Mopti, entre Peuls et Bambara.

« Dans le Nord du Mali, on a également enregistré une dégradation des conditions de sécurité principalement causée par des actes de banditisme et les activités de groupes terroristes et de groupes armés signataires, survenus pour la plupart dans les cercles de Gourma-Rharous, d’Ansongo et de Ménaka, dans les régions de Tombouctou, de Gao et de Ménaka, respectivement.

Au total, il y a eu 245 atteintes à la sécurité au cours desquels 333 civils ont été tués et 175 blessés, ainsi que 145 signalements d’enlèvements de civils, contre 267 atteintes à la sécurité, 225 morts et 149 blessés pendant la période précédente. Au cours de la période considérée, on a recensé 10 explosions, qui ont fait 11 morts et 26 blessés parmi des civils dans les régions du centre du pays ». Il ajoute : «L’attaque du 23 mars contre le village d’Ogossogou, dans le cercle de Bankass (région de Mopti), a été la plus meurtrière depuis 2012. Un groupe d’hommes armés, qui aurait été essentiellement composé de chasseurs traditionnels connus sous le nom de dozos, a tué au moins 157 membres de la communauté peule, dont 46 enfants, blessé 65 autres civils et incendié 95 % du village. La MINUSMA, en coordination avec les forces armées nationales chargées de stabiliser la situation en matière de sécurité, a immédiatement riposté, ce qui a abouti au lancement de l’opération Oryx. Le 24 mars, le Président Keita a convoqué une session extraordinaire du Conseil des ministres, lequel a publié un décret annonçant la révocation du chef d’état-major des armées et la dissolution du groupe d’autodéfense dozo Dan Na Ambassagou, présumé être impliqué dans cette attaque. Le groupe a refusé de se démanteler, invoquant la persistance de l’insécurité, tandis que d’autres voix se sont élevées pour réclamer la dissolution de l’ensemble des milices et groupes d’autodéfense dans la région. Le procureur de Mopti a ouvert une enquête sur ces faits, laquelle est menée avec l’appui de la MINUSMA.

Le 2 mai, la Mission a présenté les conclusions de son enquête spéciale sur les droits de la personne à Ogossogou au Ministre de la justice, qui a annoncé l’arrestation de 10 suspects et l’ouverture d’une enquête pénale confiée au Pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée. La MINUSMA a fourni un appui technique aux diverses entités de la chaîne pénale dans l’ensemble du pays, notamment sur des questions relatives à la violence intercommunautaire dans la région de Mopti ».

Par ailleurs, M. Guterres a souligné que le 30 mars dernier, le gouvernement a lancé l’opération Kapigdou, qui vise à rétablir la stabilité et à endiguer la violence dans les cercles de Bankass et de Koro dans la région de Mopti et dans le cadre de laquelle sont menées des opérations transfrontières conjointes avec les forces armées du Burkina Faso. Le 11 avril, l’unité antiterroriste burkinabé et les Forces de défense et de sécurité maliennes ont appréhendé 24 terroristes présumés. Du 11 au 16 avril, les Forces armées maliennes et les forces internationales ont mené une opération conjointe dans la région du Liptako-Gourma, l’objectif étant de maintenir la pression exercée sur les groupes terroristes armés. Du 7 mars au 12 avril, les Forces de défense et de sécurité maliennes, les forces de l’opération Barkhane et les forces armées du Burkina Faso ont mené une opération conjointe dans la région de Gao, dans le but de débusquer les groupes terroristes et de les neutraliser, ainsi que leurs bases.

« Face à la dégradation des conditions de sécurité dans le centre du pays, le 30 mars, la MINUSMA a lancé l’opération Oryx pour assurer une présence dissuasive dans la région de Mopti ; dans ce cadre, la force de la Mission et la police des Nations-Unies mènent des activités coordonnées, en coopération avec les forces de l’opération Kapigdou. La MINUSMA se focalise sur les cercles de Bankass, Bandiagara et Koro, ce qui permet aux Forces armées maliennes de concentrer leurs ressources plus près de la zone frontalière… », indique-t-il dans son rapport.

Mohamed Sylla

Source: L’Aube

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