Amnesty international a rendu public son rapport 2020-2021 sur la situation des droits humains dans le monde. Ce rapport de 500 pages couvre 149 pays, dont 35 d’Afrique subsaharienne, notamment le Mali. Le lancement du document a été fait hier par la directrice exécutive d’Amnesty international Mali, Mme Ramata Guissé à la faveur d’une conférence de presse.
Axant son intervention sur les parties du rapport qui concernent notre pays, la directrice exécutive de cette organisation a affirmé que des groupes armés ont commis des crimes de guerre et d’autres exactions, se rendant coupables notamment de dizaines d’attaques contre la population. «En juillet, des hommes armés appartenant, semble-t-il, au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ont attaqué plusieurs villages des Communes de Tori et de Diallassagou, tuant au moins 32 civils», a indiqué Mme Ramata Guissé. Les groupes armés sont cités dans plusieurs dossiers d’enlèvement survenu dans les régions du Centre et du Nord de notre pays, a ajouté la principale animatrice de la conférence.
«Nous avons le cas d’au moins trois candidats enlevés lorsqu’ils battaient campagne. Il s’agit notamment de l’enlèvement de Soumaïla Cissé et de son équipe de campagne», a-t-elle déclaré, avant de signaler qu’entre le 3 février et le 10 mars, «au moins 23 civils ont été tués par des militaires dans le Cercle de Niono (Région de Ségou) et au moins 27 autres ont été victimes d’une disparition forcée».
En juin, des organisations humanitaires estimaient que 23 % des centres de santé maliens n’étaient pas opérationnels ou ne l’étaient que partiellement du fait de restrictions budgétaires, ainsi que des répercussions de la pandémie de Covid-19 et du conflit sur les services publics, a noté la directrice exécutive d’Amnesty international Mali. Selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), 1.261 écoles étaient fermées en mars en raison de la menace constante que représentaient les groupes armés, note le rapport, ajoutant que 370.000 élèves et 7.500 enseignants étaient concernés.
D’après Mme Ramata Guissé, en juin, le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a pointé du doigt le fait que les pouvoirs publics n’avaient pas érigé les mutilations génitales féminines en infraction.
Selon l’organisation internationale, cela permettait aux auteurs de ces faits de bafouer les droits des femmes en toute impunité. «Un projet de loi visant l’interdiction de ces pratiques a été présenté en 2017, mais n’a pas encore été adopté», a regretté Mme Ramata Guissé.
Répondant à une question relative à la libération récente du général Amadou Haya Sanogo et ses coaccusés, la directrice exécutive d’Amnesty international a estimé que la loi d’entente nationale qui a profité à ces derniers, ne devrait pas mettre fin à l’action publique. D’après elle, cet acte est «une prime à l’impunité».
Bembablin DOUMBIA
Source : L’ESSOR