Dans la situation actuelle de notre pays, un remaniement ministériel n’est ni un luxe, ni une nécessité. C’est une urgence. Une urgence urgente. Du moins, si le Président IBK veut sauver son second et dernier mandat du naufrage. Ou, ce qui en reste.
Une certitude : le peuple malien a perdu tout espoir en l’avenir. La colère couve. La misère se lit sur tous les visages. Et l’électricité plane, déjà dans l’air.
Instaurer la paix et la sécurité dans le pays, baisser les prix des denrées de première nécessité, juguler la crise scolaire, mettre fin aux détournements impunis du dénier public, lutter contre la corruption et la délinquance financière… Telles étaient, entre autres, les principales missions assignées au gouvernement. Mais à l’heure du compte, le bilan est maigre. Trop maigre. Pour nos populations, ce bilan est nul. Ou presque.
Au lieu de prendre le taureau par les cornes, le gouvernement s’est lancé, à corps perdu, dans l’organisation de forums et d’états généraux : états généraux sur la corruption, états généraux sur le foncier, forum sur l’école…
Financées à coups de millions, ces kermesses se sont révélées inefficaces, face aux maux qui minent notre pays.
Chaque jour qui passe, le Mali sombre davantage dans la dépression. Et les Maliens, avec. Les caisses de l’État sont vides. Désespérément, vides. Les bons du Trésor, en attente de paiement, se chiffrent à plusieurs dizaines de milliards de nos francs. Partout, règne la pauvreté. La misère, aussi.
Dans des milliers de familles, le petit-déjeuner et le déjeuner ont été rayés du menu. Dans sept familles sur dix, le riz est, presque, devenu un produit de luxe. Et pour disposer d’un kilo, c’est la croix et la bannière.
Aujourd’hui, le prix du Kilo de riz oscille entre 400 et 500F CFA. Un coût hors de portée des couches, défavorisées. Quant au kilo de la viande, il coûte 2000F CFA. Contrairement, au prix instauré dans certains pays frontaliers que le Mali ravitaille en bétail.
Bref, certains départements de l’actuelle équipe gouvernementale se sont révélés incapables de redonner espoir aux populations maliennes.
Succession d’espoirs avortés
Plus grave, chaque jour qui passe, le Mali avance. Mais en reculons. Et dans tous les domaines.
Le centre du Mali fait l’objet d’attaques terroristes. Pour preuve, le 23 mars 2019, le village peulh d’Ogossagou dans le cercle de Bankass (Mopti) a été attaqué par des groupes armés faisant plus de 160 morts parmi la population civile. Depuis, la crise du nord Mali s’est transposée au centre et de janvier 2019 à aujourd’hui, il y a plus de 300 militaires tués. Furieuse de ce massacre, l’Assemblée nationale du Mali a interpellé, le 3 avril 2019, le gouvernement malien à l’hémicycle pour qu’il s’explique par rapport à cette situation d’insécurité qui n’a que trop duré.
Par ailleurs, au cours de cette interpellation, certains députés ont souhaité à ce que le gouvernement soit revu, d’autres mêmes ont souhaité la démission du gouvernement. L’Honorable Mamadou Diarrassouba du RPM, le parti au pouvoir et bien d’autres députés de la mouvance présidentielle ont demandé au gouvernement Soumeylou de démissionner. Immédiatement.
À en croire l’élu de Dioïla, il y a trois mois que le gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga a montré ses limites dans la gestion du pays : « Ce gouvernement ne peut pas aller loin, il faut revoir le gouvernement, j’insiste là-dessus, nous avons dit, les députés l’on dit quand ils ont été reçus par le premier ministre, le gouvernement ne peut pas nous amener loin, il faut élargir la base sociale et politique du gouvernement, c’est très clair, on ne peut pas rester comme ça. On ne peut pas rester indifférent à cette situation qui perdure. Le gouvernement, dans sa taille et dans ses compétences doit être revu aujourd’hui dans les plus brefs délais ».
Même son de cloche du côté de l’honorable Bakary Woyo Doumbia du groupe parlementaire Vigilance républicaine et démocratique (VRD). «En ce qui concerne les drames de Koulongo, Dioura et Ogossagou pour ne parler que de cette année 2019, pour nous, la responsabilité est clairement établie: elle n’est ni sociale, ni communautaire encore moins miliaire! La responsabilité est politique, seulement politique, entièrement politique! », a-t-il assené.
Par ailleurs, de 6,4% en 2002, le taux de croissance du Mali est estimé, aujourd’hui, par les experts à moins de 3%. Quant au chômage des jeunes, il n’est plus cyclique mais endémique. Du moins, si l’on en croit les dernières statistiques.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, un remaniement ministériel n’est, dans le contexte actuel de notre pays, ni un luxe, ni une nécessité. Mais, plutôt, une urgence pressante. Du moins, si IBK II veut sauver son second et dernier mandat du naufrage. Ou, ce qui en reste.
Il s’agit, dès lors, de trouver les hommes et les femmes, capables de redonner espoir à nos populations.
Déçus par tant d’espoirs avortés, les Maliens ne croient plus en l’avenir.
Réveillez-vous ! Comme diraient les Témoins de Jéhovah. Car, cette fois, c’est un sommeil de trop. Dormir, c’est mourir un peu. C’est mourir tout court.
Cyrille Coulibaly
Nouveau Réveil