Le jeûne constitue le troisième pilier de l’islam. Cette année, les fidèles musulmans l’ont entamé le 13 avril. Il se poursuivra pendant un mois. Force est de reconnaître que le contexte actuel est particulier à cause de la forte chaleur. Après la rupture, les jeûneurs ont tout de suite besoin de consommer quelque chose de frais. La glace devient de ce fait l’ingrédient le plus convoité pour rafraîchir les boissons consommées. Actuellement, dans la Cité verte du Kénédougou, beaucoup de commerçants de glace tirent leur épingle du jeu. Un tour chez certains commerçants de glace nous permet d’en savoir plus.
Il est 13 heures et demie au petit marché de Wayerma II. C’est l’heure pour la vendeuse de glace, Mme Bengaly Djénèbou Diarra, de remplir son sac de 50 kg. C’est ici qu’elle s’approvisionne en glace. Le voile de couleur chocolat, le masque au nez, l’enseignante de profession achète l’unité de glace à 50 Fcfa. «Cela fait 6 ans qu’à chaque ramadan je m’approvisionne ici. J’écoule la glace à 100 Fcfa à la population du village de Zienbougou (localité située à six km de Sikasso)», déclare-t-elle, occupée à remplir son sac.
Elle signale qu’il n’y a pas d’électricité dans son village. à cet effet, avant de venir, elle met son réfrigérateur solaire en marche. De retour, elle vide le sac de glace dans le réfrigérateur afin de conserver la fraîcheur. Ce commerce, affirme-t-elle, me permet de gérer mes petites dépenses, car même si on gagne son salaire, les dépenses ne finissent jamais surtout chez les femmes.
Boubacar Traoré est propriétaire de trois congélateurs et d’un réfrigérateur. C’est lui qui fournit Mme Bengaly Djénèbou Diarra en glace. Exerçant ce commerce depuis près de 7 ans, il avoue que le marché est vraiment lucratif durant le ramadan. Boubacar indique qu’il s’en sort bien car sa demande dépasse l’offre. «Je vide mes 3 congélateurs chaque jour. Je réserve 1 congélateur à Mme Diarra et le reste est réservé pour les détaillants», explique M. Traoré. Il ajoute que ce commerce lui permet de subvenir aux besoins de ses enfants surtout en cette approche de la fête de l’Aïd el-Fitr.
Rokia Dembélé habite dans les alentours du marché de Sanoubougou II. Le hijab et le teint noirs, la ronde et joviale Rokia possède deux congélateurs. L’un pour des boulangers et l’autre pour les détaillants. Ce qu’elle regrette, c’est le prix de vente de sa glace à 50 Fcfa. Elle soutient qu’avec ce prix, elle ne s’en sort pas. «Si seulement mes clients acceptaient d’acheter l’unité à 75 Fcfa ou 100 Fcfa, j’allais pouvoir faire de bonnes affaires. Mais hélas, il y a trop de propriétaires de congélateurs dans le quartier», argumente-t-elle. Notre interlocutrice compte économiser ses bénéfices afin de construire sa parcelle.
Le teint clair, Salimata Sangaré, exerce le même métier que Mme Dembélé. Elle habite au quartier Wayerma I. Mme Sangaré possède un congélateur. «Le marché est vraiment rapide. Mais compte tenu de la petite taille de mon congélateur, je me limite seulement aux détaillants », indique-t-elle, souhaitant avoir d’autres congélateurs afin d’élargir sa clientèle.
Djénèbou est aussi vendeuse de glace à Wayerma II. Elle possède deux grands congélateurs qu’elle remplit de glace mais aussi de jus d’oseille de Guinée appelé «Dableni», gingembre et autres. «Je réserve seulement la part de mes voisins (200 F) et j’amène tout le reste aux sites d’orpaillage de Tiola et de Gladiali. C’est là-bas que je gagne le plus. Je leur cède l’unité à 150 Fcfa. à leur tour, ils l’écoulent à 200 Fcfa à la population», explique-t-elle, ajoutant qu’elle peut gagner 9.000 Fcfa par jour.
Mme Diabaté Salimata Ballo est novice dans le métier, car elle est à ses débuts dans ce commerce de glace pendant le ramadan. Elle fournit de la glace tous les deux jours à un grossiste Salif Togola qui l’amène à Hérémakono. Celui-ci s’en sort bien, car il vend le morceau de glace à 200 Fcfa dans cette localité.
Mariam F. DIABATE
Amap-Sikasso
Source : L’ESSOR