Elle possède une plantation d’anacardiers de 16 hectares et transforme les noix en 18 sous-produits comme les croquettes grillées, le caramel, la pâte d’anacarde, le chocolat…
Les femmes rurales de la région de Sikasso, soucieuses d’assurer leur promotion à partir de l’agriculture, la pêche, l’élevage et l’agroforesterie se sont regroupées au sein de l’APROFER (Association professionnelle des femmes rurales de la région de Sikasso). Elles évoluent chacune dans son domaine. La vice-présidente de cette association, Mme Sanogo Namaro Coulibaly s’est lancée dans l’agroforesterie et entretient une plantation d’anacardiers de 16 hectares à Lobougoula, son village natal situé à 50 km de Sikasso.
Cette expérience réussie dans l’agroforesterie permet à Namaro, comme on l’appelle couramment à Sikasso, de produire une quantité importante de noix d’anacarde. C’est ainsi que l’idée de la création d’une unité de transformation des produits agro-alimentaires a fait son chemin. L’entreprise familiale «Natio-Cajou» a été créée avec comme activité principale la transformation des produits de sa plantation d’anacardiers. Selon la promotrice, «Natio-cajou» emploie 21 agents dont 17 femmes. Plusieurs produits alimentaires (céréales, noix et fruits) sont transformés dans cette unité, mais 75% des activités sont consacrées aux noix d’anacarde que l’entreprise transforme en 21 sous-produits consommables.
Mme Sanogo a précisé que la noix de cajou est transformée en 18 sous-produits, entre autres, les croquettes grillées, du caramel, de la pâte d’anacarde, du chocolat ou « cajoulat » et la pomme de l’anacarde en 3 sous-produits que sont la pomme séchée, la confiture et le sirop. L’unité de transformation des produits agro-alimentaires n’a pas de difficulté d’écoulement des produits à Sikasso. Les boutiques d’alimentation et les hôtels raflent la production de la petite unité.
C’est en raison de ses intenses activités dans l’agroforesterie et l’entreprenariat féminin que Mme Sanogo Namaro Coulibaly a été élue présidente nationale de l’association des transformateurs d’amandes d’anacarde. Pour la promotrice de «Natio-Cajou», l’un des objectifs est de booster l’entreprenariat féminin en milieu rural et aussi, d’organiser la filière d’anacarde confrontée à une rude concurrence dans la sous-région.
L’entreprise qui a commencé avec des moyens rudimentaires en 2010, s’est imposée aujourd’hui comme une véritable unité de transformation des produits alimentaires dans la capitale du Kénédougou. Elle a en outre bénéficié de l’accompagnement de l’ANPE, du PCDA, de la SNV, du PACEPEP et du ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille.
Cependant l’entreprise se trouve confrontée à l’insuffisance de fonds de roulement et surtout la mauvaise organisation de la filière de l’anacarde.
Selon Namaro, le Mali qui produit plus d’anacardes que les pays voisins, n’est pas considéré au plan international comme producteur de cette noix. Plusieurs pays comme la Chine, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire se ravitaillent au Mali sous le label de leurs pays à cause de la mauvaise organisation de la filière.
L’autre difficulté, souligne notre interlocutrice, est le faible accès des femmes rurales au crédit bancaire dont les taux d’intérêts et les garanties sont prohibitifs. « Cette situation limite nos ambitions en matière de développement », a-t-elle ajouté. Convaincue que l’épanouissement de la femme rurale passe par la formation, Namaro a formé plusieurs centaines de jeunes femmes. L’apprentissage de ces femmes se déroule dans un centre de formation qu’elle a créé au sein de son unité.
En sa qualité de présidente nationale de l’Association des transformateurs des amandes d’anacarde et vice-présidente de l’Association professionnelle des femmes rurales de la région de Sikasso, Mme Sanogo Namaro Coulibaly milite pour l’autonomisation de la femme rurale. Elle lance un appel à l’Etat et aux partenaires pour un accompagnement des femmes rurales à la hauteur de leurs ambitions.
F. DIABATE
Amap-Sikasso
source : L’ Essor