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Signature de l’accord par la Cma : Parachèvement d’une mascarade dangereuse

Samedi dernier, Bamako a encore été le théâtre de la représentation tragi-comique que la communauté internationale concocte depuis plusieurs mois pour émouvoir le peuple malien.

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Le 20 juin dernier a été joué, à Bamako, le dernier acte de la représentation internationale du règlement tragi-comique de la crise multidimensionnelle qui secoue le Mali depuis janvier 2012. C’est à cette date, en effet, que le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) a commencé sa rébellion sécessionniste. Fin mars, profitant de la rupture du commandement militaire consécutive au coup d’Etat du Cnrdre, les rebelles terroristes vont s’allier avec les jihadistes narcoterroristes pour chasser les forces armées et de sécurité et occuper les régions du nord et une partie du centre du pays. L’occupation va durer plus de neuf mois, pendant laquelle les jihadistes vont imposer la charia islamique aux populations et se débarrasser de leurs importuns alliés rebelles, infréquentables à leurs yeux. A la suite de ses affrontements avec les groupes jihadistes en juin 2012, le Mnla aura tout perdu : des hommes, des armes, des véhicules et la plupart de ses autres moyens logistiques. Ses chefs sont contraints à l’exil tandis que beaucoup de ses combattants sont récupérés par le mouvement Ansar Eddine d’Iyad Ag Ghaly, un Targui Ifoghas de Kidal.

A partir de janvier 2013, l’intervention française de la force Serval permet la libération de toutes les localités du nord de la présence des mouvements jihadistes. Le Mnla rentre à Kidal dans les malles des forces françaises et ne quittera plus cette ville, qu’il interdit d’abord à l’armée malienne avec la complicité de ses protecteurs français. Un accord préliminaire de paix pour l’organisation des élections présidentielle et législatives obtenu à Ouagadougou, en juin 2013, permettra le retour d’un contingent de l’armée nationale à Kidal où il sera néanmoins cantonné. En mai 2014, une visite dans le nord du Premier ministre de l’époque, Moussa Mara, tourne mal. Les militaires loyalistes sont mis en déroute, les survivants sont pris en otage ou chassés. Mais cette victoire des rebelles, facilitée par des mains à peine invisibles, a permis de mettre en évidence ce que beaucoup d’observateurs ne cessaient d’affirmer et que la propagande des rebelles niait avec véhémence : militairement, techniquement et financièrement le Mnla ne représentait plus rien sur le terrain. Constat renforcé par la défaite de beaucoup de ses éléments face aux mouvements arabes qui s’organisaient. Pire, par ailleurs, le Mnla était de plus en plus désapprouvé par les communautés touarègues qu’il était censé représenter et délaissé au profit d’un nouveau-né : le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad.

En 2014, dans la perspective de négociations avec le gouvernement malien aux fins de parvenir à un accord de paix global et définitif, et face à la prolifération des mouvements sédentaires d’autodéfense qui commençaient à faire des ravages dans leurs rangs, la coordination des mouvements de l’Azawad sera créée. En juillet, commencent des négociations entre la CMA et le gouvernement. Elles vont durer suffisamment pour permettre aux éléments de la CMA et à ceux de la Plateforme des mouvements républicains d’autodéfense de s’affronter sur le terrain. Quant à leurs chefs, de la Coordination comme de la Plateforme, ils sont loin du théâtre des opérations, et ont perdu peu à peu tout contrôle sur leurs hommes. C’est pourtant avec ces chefs qui ne contrôlent rien sur le terrain, qui ne sont une menace pour personne à part eux-mêmes, que le gouvernement a signé un accord censé être pour la paix et la réconciliation. D’où l’incompréhension et la défiance des populations, de l’Azawad comme du Mali, de voir les loups embrasser les agneaux, et manger à la même table. Et programmer le partage du butin et des postes de responsabilité. Mais les éléments à la base vont-ils se satisfaire des miettes ? Dans les années 90, ils ont accepté d’être intégrés ou de percevoir des fonds de commerce avant de reprendre les armes contre le pouvoir central, au milieu de la décennie 80, pour rappeler ou renégocier les termes du Pacte national de 1992. En 2012 ils ont repris les armes pour renégocier ou rappeler les termes de l’Accord d’Alger de 2006. En 2015, ces éléments à la base que le chef de l’Etat refuse d’inviter à dîner à sa table vont-ils seulement accepter la mise en œuvre de l’Accord qui vient d’être signé à Bamako ? Vont-ils accepter de participer à la lutte contre la véritable menace que sont les mouvements jihadistes dont certains éléments sont encore très actifs dans le nord et le centre du pays ? Rien n’est moins sûr. Depuis le début des opérations françaises et tchadiennes dans le nord, les jihadistes étrangers ont quitté le pays. Mais pas sans avoir préparé la relève, qui est assuré depuis par des populations locales. Des autochtones. Et sans véritables compensations et assurances, les éléments de la Coordination et de la Plateforme réfléchiront à deux fois avant de s’attaquer à leurs frères jihadistes que certains, naïvement, appellent les « ennemis communs. »

Et bientôt, un accord de paix pourrait être signé entre autochtones, ce qui serait alors une déclaration de guerre à la réconciliation nationale.

Abdel HAMY

 

source : Le Katois

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