La cour du Musée national du Mali a abrité samedi soir une représentation théâtrale assez particulière. Intitulée « La lumière », cette pièce de théâtre porte sur l’Accord pour la paix et la réconciliation signé en mai et juin 2015 entre le gouvernement les mouvements armés. Des représentations théâtrales sont prévues dans plusieurs localités au cours d’une tournée nationale qui devait débuter par Barouéli le dimanche dernier. Cette activité de sensibilisation des populations sur le document de l’Accord, est une initiative du ministère de la Réconciliation nationale, de la Coopération allemande et du producteur de la pièce, l’Association pour la promotion du théâtre et de la sensibilisation Acte Sept.
La pièce tente de faciliter la compréhension de l’Accord pour la paix et la réconciliation en 20 questions et réponses. Elle est destinée aux populations des villes et des campagnes en vue de leur adhésion à l’Accord et de leur participation à sa mise en œuvre. Le ministère, à travers cette initiative, ne donne ni son point de vue, encore moins une quelconque explication ou interprétation de l’Accord lui-même, mais donne des réponses à des des questions que les populations pourraient se poser sur l’Accord. Ces 20 questions ne sont ni liées au nombre de chapitres, ni au nombre d’articles, mais tout simplement au fait qu’il faut sélectionner un certain nombre de questions qui touchent les thèmes ou les préoccupations des populations et des parties dans l’Accord. Les 20 questions abordent les sujets comme les parties à la négociation ; les principes de base ; l’appellation « Azawad » ; l’institutionnel ; la représentativité ; la défense et la sécurité ; le cantonnement et DDR ; le retour de l’armée ; la police territoriale ; la zone de développement du Nord ; la mobilisation des ressources ; les infrastructures ; la réconciliation, la justice et l’humanitaire ; la période intermédiaire ; les rôles des partis politiques et de la société civile ; les garants de l’Accord ; le suivi de la mise en œuvre ; le rôle de l’observateur indépendant. En une heure d’horloge, six comédiens triés sur le volet tentent d’embarquer dans un bus nommé « Air Accord ». Leur objectif est aussi de convaincre les spectateurs à embarquer avec eux. Les rôles sont répartis de manière à avoir une bonne représentativité de l’ensemble des couches sociales de notre pays. Le personnage Agna, une enseignante à la retraite, signataire de l’Accord, est représenté par Amaïchata Salamanta. La comédienne Kadiatou Konaté joue le rôle de Denmousso, une jeune fille indifférente à l’Accord. Quant au rôle de la femme, qui s’est réconciliée avec son époux, il est tenu par Aïssa Maïga. Le mari qui s’est réconcilié avec son épouse est représenté par Aboubacar Sidiki Tounkara. Le rôle d’Ali, le grand père qui distille les sages conseils pour la paix et la réconciliation, est tenu par Tidiani Touré. Enfin Mohamed, jeune diplômé sans emploi qui est farouchement opposé à l’Accord, est représenté par Abdoullahi Hassèye. Avec un humour corrosif et décapant, ces six personnages se montrent très convaincants sur scène. La pièce use de beaucoup d’anecdotes et de leçons de sagesse de notre culture pour faire comprendre les bienfaits de l’Accord. Par exemple l’histoire de la bagarre entre deux margouillats, est utilisée. Chez nous on dit que quand ces deux reptiles se battent il ne faut pas rester indifférent car les conséquences peuvent être nuisibles pour tout le village. C’est ce qui est arrivé dans un village, raconte Ali, le grand père. Un des reptiles a mis le feu avec sa queue à un morceau de coton qu’il a transporté sur une case dont le toit a pris feu aussi. La vieille qui dormait dans cette case est morte brûlée. Parmi les animaux du village, seul le chien qui a tenté de convaincre les autres pour essayer mettre fin à la querelle des margouillats ou d’éteindre le feu, fut sauvé. Les autres ont été immolés en guise de sacrifices pour conjurer le mal. Le ministre de la Réconciliation nationale Mohamed Ag El Moctar, a souhaité que cette pièce contribue à la compréhension et à l’adhésion des populations de notre pays à l’Accord pour la paix et la réconciliation. Pour lui, la mise en œuvre de cet Accord, avec l’implication de nos compatriotes, est nécessaire au retour de la paix afin que nous puissions nous consacrer aux efforts de développement. Après Barouéli, la troupe de Acte Sept proposera la pièce « La lumière » aux habitants des localités de Ségou, Niono, Bla, San, Tominian, Djenné, Sofara, Sévaré, Mopti, Tombouctou, Kabara, Gao et Ansongo. La tournée prendra fin le 31octobre.
Y. DOUMBIA
Source : L’ Essor