Quand on parle de dégringolade des mœurs, on pense généralement à nos sœurs quant à leurs conduites. On voit en ligne de mire la prostitution et les pratiques indécentes autour du sexe. Cependant, n’y a-t-il pas de conduites beaucoup plus avilissantes en matière de relations humaines ? Bien sûr que oui. L’illustration type nous est donnée à travers cet exemple renversant qui s’est passé à Bamako.
Cependant, soyez-en sûrs que les événements qui suivent se sont produits ici même à Bamako. Sidi est un chef de famille qui s’est marié très tôt. En effet, il avait à peine 19 ans quand un événement anodin survint dans sa vie : sa fiancée Assetou était tombée enceinte et pour masquer la honte, comme il est courant dans notre pays, on décida du mariage entre les deux jeunes gens.
7 mois après, Assetou mis au monde une jolie fille du nom de Sitan. Les années passèrent et la petite Sitan grandissait sans cesse. A seize ans, Sitan avait le charme et la beauté légendaire de sa mère Assetou, cette beauté qui avait fait tourner la tête au jeune Sidi au point où il n’a pu se retenir à lui faire un enfant avant leur mariage. La présence de Sitan dans le foyer avait provoqué des résurgences dans la mémoire de Sitan. Il revoyait ses instants langoureux de jeunesse passés avec Assetou la mère de Sitan. A chaque fois que Sitan passait près de lui, des élans démoniaques l’envahissaient. Sidi faisait de son mieux pour se retenir, pour ne pas commettre l’irréparable. Cependant, du jour au lendemain, Sidi flanchait, vivant comme une sorte d’étourdissement.
Il perdait constamment la tête et se surprenait à penser aux rondeurs de sa propre fille : soubhanallahi, diraient les âmes décentes. Mais pour Sidi qui ayant déjà sombré dans la déchéance, cette attitude qu’il n’a pas réussi à combattre devenait du jour au lendemain comme une obsession, un fait que son inconscient revivait souvent en rêve. Sublimation réussie ou accumulation des heurts de conscience susceptibles de résurgence ? Ce qui devait arriver finit par se produire. Un samedi alors qu’Assetou était partie faire les courses au marché, Sidi enferma la petite Sitan dans la chambre et l’obligea à subir ses attouchements. Souhanallahi. Sitan pleura sans cesse. Cependant, elle se retint d’en parler à sa mère, de peur de mélanger ses deux parents. Le manège reprit et Sitan se trouva obligée d’en parler à Assetou.
A peine a-t-elle fini son récit que sa mère lui envoya une violente gifle. Aucune autre réaction ne suivit. Sitan attendait le scandale toute la nuit, guettant le moment où sa mère réveillerait son père pour lui demander des explications. Rien ne se produisit. Le samedi qui suivit, Assetou s’en alla au marché sans crier gare à sa fille. La mort dans l’âme, Sitan se retrouva seule avec son bourreau. A peine Assetou partie que Sidi appela Sitan dans la chambre. Elle arriva en pleurs. Néanmoins, cela ne suffit pas à décourager Sidi qui alla de bon cœur. Il tira Sitan à lui et la jeta sur le lit. Elle ne débattait pas, dépassée par l’indécence de la conduite de son père. Il la mit sens dessus dessous sans pour autant pousser à l’acte final. Déboussolée, Sitan sortit de la maison et se rendit chez sa grand-mère. Assetou revint du marché. Elle trouva Sidi assoupi.
Elle le réveilla et lui demanda d’après Sitan. Il avoua qu’il ne savait pas où elle était partie. Assetou prépara du invita son mari. Tout en mangeant, elle se mit à verser des larmes. Sidi était désemparé, s’attendant au pire. C’est alors qu’Assetou lui dit : « Pardonne-moi pour ce que je vais te dire. J’ai décidé d’envoyer Sitan vivre chez sa grand-mère. Je dois t’avouer aujourd’hui que Sitan n’a jamais été ta fille. Son père est cet homme que tu as connu avec moi et que tu as évincé pour me garder. ». Il est désormais clair ; en amour, le même sang ne saurait se mélanger.
Amara Traoré
Source: L’Inspecteur