Si certains pensent que ces restrictions sont nécessaires pour prévenir le mal, d’autres estiment qu’elles ont tendance à créer la panique dans le pays.
Dans la cité des balazans, le débat politique qui animait les «grins» et autres regroupements a donné place aujourd’hui aux mesures prises par le gouvernement mardi pour prévenir la pandémie du coronavirus. En effet, une réunion extraordinaire du Conseil supérieur de la défense nationale, présidée par le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta, a décidé de la suspension de tous les vols commerciaux en provenance des pays touchés, à l’exception des vols cargos, les regroupements à caractère social, sportif, culturel et politique de plus de cinquante personnes (mariages, baptêmes, funérailles), sous réserve du respect des gestes-barrières.
Le communiqué annonce aussi la fermeture des écoles publiques, privées et confessionnelles pour trois semaines et les boîtes de nuit et bars dancings jusqu’à nouvel ordre. Ce n’est pas tout, il faut retenir la suspension jusqu’à nouvel ordre de tous les regroupements publics y compris les ateliers, les colloques, les séminaires et les meetings populaires. Ces différentes restrictions du gouvernement sont diversement appréciées par la population ségovienne. Si d’un côté, elles sont saluées avec des propositions pour améliorer notre système de défense nationale contre le virus, d’autre part, elles sont jugées drastiques, surtout pour un pays qui n’est pas encore touché par la pandémie. Certes, le Mali jusque-là reste épargné par cette pandémie mais, devrons-nous oublier que seul le Niger reste épargné par ce virus parmi nos pays voisins? Les Ségoviens mesurent-ils la menace ? Que pensent-ils des mesures prises par l’état? Pour ce jeune étudiant qui était visiblement passionné par le débat, la fermeture des écoles reste un non-évènement d’autant plus qu’il n’y avait pas d’école dans notre pays depuis des mois. Par contre, son voisin Oumar juge la décision du gouvernement salutaire et espère que d’ici 3 semaines, toutes les écoles publiques et privées seront re-ouvertes. Mais Issa persiste en disant que les mesures gouvernementales sont trop draconiennes dans un pays déjà éprouvé par une crise multidimensionnelle (insécurité, grèves intempestives). « à mon avis, on devait épargner les écoles, les bars et les boîtes de nuit et privilégier plutôt la fermeture totale des frontières. Les opérateurs culturels de Ségou étaient déjà sous le coup de la crise, cette décision leur sera fatale», soutient notre interlocuteur. Issa pense que ces mesures vont contribuer aussi à créer de la psychose au sein d’une population déjà éprouvée. Pour lui, on aurait dû s’en tenir aux premières mesures prises par l’état comme la prise de température systématique pour tous les voyageurs se présentant aux portes d’entrée (aériennes et terrestres) du Mali, la réduction au maximum des grands rassemblements non nécessaires, la suspension de la participation des cadres maliens dans les grandes réunions.
Cet avis n’est pas partagé par tout le groupe. à l’image de cet autre jeune homme, qui pense que le gouvernement a tardé à prendre ces dispositions pour protéger le pays. Selon Abdoul Kader, les dispositions sont mêmes dérisoires par rapport au risque que notre pays encourt. «Dans la sous-région si ce n’est le Mali et le Niger, les autres pays sont touchés. Allons-nous attendre d’enregistrer un cas pour agir ? Pour ceux d’entre vous qui pensent que ce virus ne survivra pas dans notre pays à cause de la température, détrompez-vous. Ce n’est pas non plus la grippe saisonnière qu’on connaît ici. Faisons attention. Changeons nos comportements. Nous qui sommes allés à l’école, devons aider le gouvernement à travers la sensibilisation de nos communautés sur les mesures prises pour prévenir ce vilain virus», indique-t-il. Abdoul ne manque pas de faire savoir que les autorités doivent déjà réfléchir à comment sécuriser les marchés et les foires hebdomadaires.
Dans ce groupe de personnes assis derrière un service public à Ségou, le débat était animé autour de la mesure relative aux cérémonies sociales (mariages, baptêmes, funérailles) dans le communiqué publié à l’issue de la réunion extraordinaire du Conseil supérieur de la défense nationale du mardi dernier. Les uns et les autres voulaient surtout savoir ce que veut dire le respect des gestes-barrières. Ces gestes, indique Ousmane Dabo, sont simples mais, qui vont être difficiles à appliquer dans notre pays surtout lors des cérémonies sociales. Ce sont pourtant des geste simples à savoir se laver les mains régulièrement, éternuer et tousser dans son coude, utiliser un mouchoir à usage unique, porter un masque jetable quand on est malade et le respect de la distance règlementaire de un mètre dans les grandes surfaces.
Le coronavirus se transmet de personne à personne, il est donc important que nos concitoyens changent de comportement. Pour le jeune Ousmane, les autorités doivent mettre l’accent sur la sensibilisation des populations qui ne mesurent pas encore assez le danger de ce virus. «Nous devons contrôler nos transports en commun où les gens s’entassent sans aucune mesure hygiénique. Le port de masque et l’utilisation du gel désinfectant doivent être obligatoires», suggère Ousmane qui souhaite que le gouvernement soit rigoureux par rapport à l’application stricte des mesures qu’il a prises.
Mariam A. TRAORÉ
Amap-Ségou
Source: Journal L’Essor-Mali