Le nouveau PM de la transition, Choguel K. Maïga, a formé son Gouvernement, le vendredi dernier. Pour le reste de la période de transition, plusieurs chantiers majeurs s’imposent, avec la même urgence. Au-delà du retour de la paix et de la sécurité, les Autorités de la transition devraient aussi faire face à l’apaisement du front social et l’organisation des élections générales libres et crédibles, une exigence de nos partenaires.
La paix et la sécurité sont des préalables à toute politique de développement. Ce serait une lapalissade que de dire que l’insécurité liée au terrorisme, au djihadisme est grandissante sur l’ensemble du territoire malien, le péril est là, le pays a besoin d’une connexion avec le réel, cette réalité c’est la crise sécuritaire.
En effet, en cette période transitoire plusieurs chantiers majeurs s’imposent, avec la même urgence au nombre desquels le retour de la sécurité. Mais, force est de constater que l’on assiste à une recrudescence des attaques au Nord et au Centre du pays contre l’Armée et les forces étrangères…
Pire, dans certaines Régions du pays, les divisions ont tourné à des affrontements inter communautaires. C’est le cas au Centre du pays où, depuis 2015 pratiquement, les violences contre les civils s’amplifient dans la zone située aux Sud et Sud-est de la Région de Mopti. Inédites dans notre pays, ces violences, qu’elles soient perpétrées par des djihadistes, des groupes d’autodéfense mobilisés contre eux ou les forces de sécurité, associent tueries de masses, vols et destruction des Biens personnels et collectifs. D’abord, localisées et sporadiques, elles prennent une dimension communautaire de plus en plus marquée. Ces violences facilitent le recrutement de combattants par les groupes djihadistes et d’autodéfense au Centre du pays.
Les conflits ont fait plus de 400 morts et près de 3000 Déplacés internes tant du côté des Peulhs que celui des Dogons, en 2020.
Aussi, les nouvelles Autorités de la transition doivent faire face à une grogne sociale de plus en plus forte de la part de certaines revendications syndicales.
En effet, plusieurs syndicats, notamment la santé, les transporteurs, Boulangers… avaient observé quelques jours de grèves afin d’obliger les Autorités de la transition à régler leurs différentes doléances. Conséquence : le front social s’était détérioré dangereusement. Sans doute, elles (Autorités) auront la lourde tâche d’entamer de véritables négociations avec les différents mouvements syndicaux pour le bonheur des travailleurs maliens ainsi que celui des populations qui ont assez souffert à cause de ces cascades de grèves.
Tout pour des élections crédibles !
Pour éviter les cycles de contestations à chaque élection, la réforme électorale doit être une priorité absolue. Elle doit concerner plusieurs champs. Outre la relecture de certains textes régissant les élections comme la loi électorale, la loi organique relative aux Députés et de la Charte des partis politiques. Les reformes doivent toucher, entre autres, l’Administration électorale ; c’est-à-dire, les contours de la structure unique chargée de l’organisation des élections, conformément aux recommandations du Dialogue national inclusif ; la problématique du fichier électoral et des modalités d’inscription sur les listes électorales ; les mesures spécifiques d’organisation des élections couplées ; la gestion des résultats de l’élection, depuis le Bureau de vote jusqu’à la Cour Constitutionnelle ou à la Cour Suprême…
La bonne conduite des réformes nécessite aussi le respect du cadre légal et des engagements de l’État tant au plan national qu’international. L’approche des Autorités de la transition doit être axée sur une pédagogie qui fait appel à l’inclusivité et au rassemblement. Personne ne doit être exclu du processus de refondation de l’État. Tout le monde est concerné ; car, la crise sécuritaire, politique, sanitaire et socioéconomique n’a épargné personne.
La lourde tâche qui revient à ce nouveau Gouvernement de la transition consiste alors à rassembler les Maliens autour d’un projet fédérateur qui est la détermination du devenir de l’État. La marginalisation et l’exclusion sont de mauvais conseillers en période de troubles extrêmes aux contours complexes. On ne refonde pas un État en quelques mois, mais on peut poser les jalons d’une nécessaire refondation salvatrice dont la colonne vertébrale consiste à restaurer dans l’État la confiance entre les Gouvernants et les citoyens.
Mohamed Sylla
Source: Journal l’Aube- Mali