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Sécurité et stabilité du Mali: ces écueils qui freinent la paix…

Le DDR : Désarmement, démobilisation et réinsertion des combattants, c’est aujourd’hui un passage obligé pour le retour de la paix. En un mot, une étape cruciale pour la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Au-delà de la problématique du financement du DDR, la mauvaise foi des mouvements armés est aussi caractéristique des écueils sur la paix, tant attendue par les communautés qui souffrent de la situation de ni guerre ni paix qui règne dans de nombreuses localités du nord du pays. Que faut-il faire ?

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Des écoles fermées, faute de sécurité ; des centres de santé délabrés, manque d’eau potable et d’électricité ; des milliers de réfugiés, toujours en attente de conditions de vie normales, pour retourner dans leur pays…. Le désastre humain, qui rythme le quotidien d’une partie des populations des régions nord du pays, depuis plus d’un an, après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation, en juin 2015, se passe de tout commentaire.
Pourtant, depuis qu’il est devenu inclusif, car signé par tous les acteurs, y compris par les groupes armés qui ont trainé les pieds avant de le faire, il est évident que des efforts ont été déployés, ou sont en cours de l’être, par le gouvernement, mais le processus de paix, qui dépend, en premier lieu, de la bonne foi des acteurs sur le terrain, n’est toujours pas au point, en bute à des obstacles qui retardent sa concrétisation. A cet effet, le président de la commission technique de sécurité (CTS), le général de division, Michael Lollesgaard, également commandant de la force MINUSMA, exprimait, le 20 novembre dernier, son regret face à un certain nombre de blocages : ‘’Il s’agit, essentiellement, du retard accusé dans la mise en place des commissions DDR et Intégration ainsi que la désignation des sites de pré-cantonnement dans la région de Kidal’’.
S’il y a une mauvaise foi manifeste, observable sur le terrain, en guise de blocage du processus de paix, comme le murmurent des sources diverses, c’est bien celle imputable aux mouvements armés et particulièrement à la CMA. Un état de fait qui se résume par l’attitude de la CMA qui, après s’être battue pour la mise en place des autorités intérimaires et l’organisation des patrouilles mixtes, s’est rebiffée après pour exiger un mécanisme opérationnel de coordination (MOC), tout en lançant des accusations gratuites et farfelues à l’endroit du gouvernement, surtout en ce qui concerne le quota des autorités intérimaires.
Comme preuve de la mauvaise foi, au moment où les critiques fusaient sur le gouvernement, il était de notoriété publique que s’agissant du MOC de Gao, le poste de commandement, lui, était déjà fonctionnel. Les véhicules ont été livrés et le bâtiment disponible avec eau et électricité et des mobiliers de bureau. L’équipement des troupes (treillis, armes, etc.), prêt à l’emploi. Avec une dose de bonne foi, l’opérationnalisation du MOC aurait pu commencer à Gao si la volonté de paix était réelle dans tous les camps.
Ironie du sort : la CMA, toujours si prompte à la contestation sur la problématique sécuritaire, a pendant très longtemps trainé les pieds sur le dépôt de la liste de ses membres devant siéger au sein du Conseil National pour la Réforme du Secteur de la Sécurité (CNRSS). Comme tout cela ne suffisait pas pour bloquer le processus, on a passé, côté CMA, à l’instrumentalisation des femmes et des enfants dans des manifestations de rue avec en toile de fond la provocation propagandiste, consistant à brûler le drapeau national. Et cela, dans le but simplement d’empêcher les populations d’accomplir leur devoir citoyen, lors des élections communales du 20 novembre dernier. En ce moment, côté gouvernement, le décret de nomination des membres des autorités intérimaires était pris quand bien même qu’il a été contesté par la CMA, estimant, de son côté, qu’il fait la part belle à sa grande rivale de la plateforme du 14 juin.
Mettant en exergue les efforts déployés par le gouvernement en faveur du processus de paix, le ministre de la défense, Abdoulaye Idrissa Maiga, lors de la table ronde sur le financement du DDR, organisée la semaine dernière, a été on ne peut plus clair : « De nombreuses initiatives ont été prises par le gouvernement pour faciliter la mise en œuvre de l’accord et sortir notre pays de cette situation sécuritaire très préoccupante. Ces initiatives sont entre autres : la nomination d’un Haut représentant du Président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord ; la mise en place (en cours) des commissions DDR et Réinsertion et la nomination de leur Président respectif ; l’élaboration du Programme national de DDR et d’un plan stratégique pour la stabilisation du Mali ».
D’ailleurs, les partenaires, à qui ces propos du ministre étaient destinés, ont bien apprécié les efforts consentis par le gouvernement qui est aujourd’hui conscient que la solution au problème passera inéluctablement par une mise en œuvre ‘’volontariste’’ de l’accord pour la paix et la réconciliation.
«Nous reconnaissons cet engagement du gouvernement du Mali ; un engagement concret qui contribue au renforcement de la sécurité et à la stabilité qui fait avancer la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation», indiquait la représentante des partenaires techniques et financiers.
On le sait : l’avancée du processus de paix est liée à la volonté des acteurs concernés. Cela n’est pas par d’autant un hasard que l’article 50 de l’accord de paix dispose : ‘’les Parties reconnaissent que la première garantie de l’aboutissement de l’Accord réside dans leur sincérité, leur bonne foi et leur engagement à assumer le contenu de l’accord et œuvrer à la mise en œuvre de l’ensemble de ses dispositions dans l’intérêt de la réconciliation de leur pays, ainsi que de la paix, de la sécurité et de la stabilité du Mali et dans la région dans son ensemble’’.
Pour parfaire son engagement, le gouvernement du Mali, à travers le département de la défense, a organisé, en fin de semaine dernière, une table ronde des bailleurs. L’objectif affiché ? Mettre l’accent sur les ressources additionnelles nécessaires pour résorber le gap de financement l’opération de DDR, estimé à un peu plus de quinze milliards de francs CFA, soit vingt-cinq millions de dollars US. Ce volet, selon le ministre MAIGA, constitue une étape importante et décisive vers le règlement définitif de la crise dans la mesure où il préserve le caractère unitaire de l’État, sa forme républicaine, démocratique et laïque.
Aujourd’hui, face à la problématique du financement, la balle reste dans le camp de la médiation internationale qui intervient dans le processus comme le garant moral de la paix, en assurant efficacement et correctement un rôle de suivi du contenu de l’accord par l’ensemble des acteurs concernés. En tout cas, c’est à partir d’un tel accompagnement que le Mali a besoin pour assumer son rôle de leadership dans la mobilisation du financement pour la paix.

Par Sidi Dao

 

Source: info-matin

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