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Secteur du livre au Mali : DUR D’ÊTRE UNE FEMMES ÉCRIVAINE

L’air du temps enregistre depuis quelques mois l’arrivée dans le monde de l’édition imprimerie d’une nouvelle vague d’intellectuelles maliennes. Ce domaine était dominé, il y a peu, par les hommes. Aujourd’hui, de plus en plus de femmes participent pleinement au rayonnement de la littérature nationale. Elles contribuent au développement du pays à travers les sujets qu’elles abordent.


L’écrivain Ismaila Samba Traoré, dans son livre « Etude sur le secteur du livre au Mali », publié en mai 2017, a recensé une vingtaine d’écrivaines. Cette liste révèle des universitaires d’une même génération. Elles sont historiennes, auteures d’essais et de traités d’histoire. Ces intellectuelles ont toutes atteint ou dépassé 70 ans. Ce sont d’éminentes personnalités connues , respectées dans le monde de l’éducation, de la culture , de la politique de notre pays .
Ces icônes se nomment Madina Ly Tall, Keïta Rokiatou N’Diaye , Bintou Sanankoua, Adam Ba Konaré, Aminata Dramane Traoré . A leur suite, arrive dans les années 2000 une légion d’écrivaines plus jeunes qui ont repris le flambeau. Ce sont Fatoumata Coulibaly, Safiatou Ba Dicko, Hanane Keïta Ramata Diaouré, Oumou Armand Diarra, Oumou Ahmar Traoré, Aïda Mady Diallo, Fatoumata Keïta, Salimata Togora, Djénèba Fotigui Traoré, Aïcha Diarra, Anta Barry.
La nouvelle génération se compose de romancières, de poétesses pour la plupart. Elles sont rarement essayistes. De 2017 à ce jour, de nouvelles publications réalisées par des femmes patriotes et visionnaires ont vu le jour. Certaines sources estiment à environ une trentaine le nombre des écrivaines. Nous vous présentons quelques plumes féminines. La socio anthropologue spécialisée en socio-économie du développement, Fatoumata Keïta est écrivaine. Elle a écrit plusieurs ouvrages dont une trilogie romanesque . Elle est romancière, poète et essayiste. Elle est née en 1977 à Baguineda.
Elle a commencé à écrire depuis le cycle primaire.
«  Mon père agronome de son état, me commandait de lui faire par écrit, le récit de mes activités quotidiennes. J’ai produit mon premier poème à l’âge de 12 ans, sans savoir que je faisais de la poésie», se rappelle-t-elle. « Ce n’est pas facile d’être une femme écrivaine, surtout quand il faut s’occuper de la famille, de ses devoirs conjugaux, de l’éducation des enfants », confie Fatoumata. Elle ajoute qu’il faut disposer du temps pour écrire et que l’environnement doit se prêter à cela. « La lecture et l’écrire sont des actes solitaires. Nous avons rarement le temps, et notre environnement ne se prête pas souvent à cela ».
Comment Fatoumata Keïta parvient-elle à concilier la vie de foyer et la vie d’écrivaine ? « Il s’agit d’une question d’organisation. J’ai la bénédiction divine d’avoir des sœurs. Leur disponibilité à me soulager de certaines occupations libère du temps pour écrire. J’ai également le soutien de mon mari qui a compris mon aspiration, et qui m’accompagne », se réjouit-elle. Cette écrivaine est confrontée à des difficultés de disposer du temps nécessaire, du lieu propice à la réflexion. Elle se soucie de réussir une édition de qualité. Le succès de la promotion, la diffusion à l’échelle nationale et internationale des écrits, sont les arguments nécessaires d’élargir la fenêtre de visibilité des livres édités.
Les écrivains maliens, particulièrement les femmes, ont besoin de l’appui de l’Etat. Fatoumata invite les autorités à placer le livre dans les priorités du ministère de l’Education nationale. Il y a exigence de subventionner les maisons d’éditions, les auteurs. Elle a proposé de rapprocher le livre des lecteurs, de créer des espaces de diffusion, de promotion des livres. Il est temps d’insérer les livres des auteurs maliens dans les programmes scolaires.
A l’instar de Fatoumata Keïta, Kadiatou Diallo est également écrivaine. Née en 1979, elle est auteure du roman « Amour et liens du sang », paru en 2018. Dans cette œuvre, elle aborde les thèmes de la stérilité, de l’amour, de la fraternité, de l’amitié, du pardon, du destin. « J’ai choisi d’écrire, car très jeune j’étais timide. L’écriture me permettait de m’exprimer aisément. Mon papa m’a transmis le virus d’écrire. Je voulais faire comme lui. Il écrivait de beaux poèmes qu’il nous faisait lire, mes frères et moi. Ce conditionnement psychologique a éveillé en moi l’envie d’écrire », a-t-elle expliqué.
L’avantage lié au statut d’écrivain et particulièrement écrivaine, est que vous devenez une arme pour dénoncer les maux de la société. Aujourd’hui, je peux décrire ce qui se passe dans la société. J’aide chacun à prendre conscience et à apporter sa solution pour résoudre un problème complexe.
Tout comme Fatoumata, Kadiatou pense qu’il est difficile de concilier vie sociale, professionnelle, et l’écriture. « Le poids social est énorme. Sur le plan professionnellement, il faut chaque jour prouver ses compétence. Cette battante est convaincue « que la passion de réussir une vocation aide à se procurer les moyens ».
Elle évoque également les problèmes d’éditions, de promotion et de distribution. L’opinion, générale, insiste Kadiatou a tort de considérer qu’une écrivaine est une rebelle. Elle déplore le fait qu’il est impossible de vivre des revenus tirés de la vente des œuvres écrites. C’est valable pour la majorité des hommes et des femmes. La chance d’être célèbre dépend de facteurs que les auteurs ne maîtrisent pas forcément.
La jeune visionnaire Aminata Boré est âgée de 24 ans. Elle fait partie du cercle restreint de jeunes intellectuelles maliennes qui ont embrassé l’écriture. Elle est la fondatrice de l’association «Lire Pour Exister», qui œuvre à promouvoir la lecture au Mali. Aminata a lancé en 2018 son premier recueil de poèmes intitulé :  » Tremper la plume dans les plaies ». Ce recueil d’une cinquantaine de poèmes traite les  droits de la femme, les droits humains, la guerre, la réconciliation, la citoyenneté, le patriotisme, la jeunesse et l’amour.
Cette confession d’Aminata Boré, révèle un esprit de militantisme et de patriotisme : « J’ai choisi l’écriture par passion. J’aime les livres, j’aime écrire. Ecrire est un devoir de génération. J’ai été inspirée par les auteurs que j’ai lus au cours de mon cycle scolaire. Elle souligne la difficulté, d’avoir de l’inspiration.
L’écrivaine débutante est confronté aux difficultés de publier, d’éditer son premier livre. L’imprimerie coûte cher. Et c’est une chance de trouver une maison d’édition qui fait confiance à une jeune écrivaine comme moi. C’est souvent compliqué ».
Aminata Dindi
SISSOKO

Source: L’ Essor

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