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Secteur des transports: le scandale de trop ?

Le Bordereau de Suivi des Cargaisons (BSC) est au cœur d’une chicanerie entre le Conseil malien des Chargeurs (CMC) et ses ressortissants, dont les plus en verve et en veine de détermination sont les opérateurs économiques et les transitaires. Quelle est l’origine de cette bisbille qui empoisonne ce secteur stratégique du développement du Mali ?

Selon nos sources, la mise en place d’agents, au niveau des frontières, pour encaisser les frais relatifs au BSC, quand bien même lesdits frais sont déjà payés dès le départ de la marchandise, est la démarche à l’origine de la controverse actuelle.
La base de cette mesure est une lettre circulaire en date du 11 octobre 2019 adressée aux transporteurs, transitaires, commissionnaires agréés en Douane et amateurs, dans laquelle le Président du CMC, Ousmane Babalaye DAOU, a fixé ces tarifs ainsi : 20 000 FCFA par conteneur 20 pieds ; 30 000 FCFA par conteneur 40 pieds ; 20 000 FCFA par camion ou engin nu ; 10 000 FCFA par véhicule léger ; 500 FCFA par tonne pour les marchandises en vrac.
Il y est précisé que les achats locaux et les marchandises des autres pays en transit sur le territoire malien sont exemptés du paiement du Bordereau de Suivi des Cargaisons (BSC).
L’on apprend que plusieurs initiatives ont été entreprises par les contestataires visant à amener le Président du CMC, dont la gestion est jugée opaque et sa lettre circulaire abusive dans la mesure où elle ne dit pas la destination de l’argent récolté, à faire machine arrière. Elles seraient restées vaines. Un de nos interlocuteurs, transitaire de son état, exprime son exaspération : « en fait, personne ne sait où va cet argent. Le Conseil malien des chargeurs a installé des bureaux au niveau de différentes frontières pour encaisser des sous. Et nous ne sommes pas d’accord avec cette nouvelle pratique pour arnaquer ou escroquer nos pauvres opérateurs économiques, qui sont déjà fatigués par le paiement de nombreuses taxes par-ci par-là. Vraiment, cette fois-ci, nous sommes prêts à aller jusqu’au bout. Trop, c’est trop ! Nous sommes fatigués ». Il engrène : « ils veulent nous sensibiliser à payer ces nouvelles taxes, mais ça ne passe pas. Nous sommes catégoriques ».
Après plusieurs tentatives infructueuses de joindre M. DAOU, nous nous sommes tournés vers un membre du Bureau du CMC qui requiert l’anonymat, lequel se désolidarise entièrement de son président.
Ses propos sont sans équivoque : « en réalité, cette décision de l’application du BSC a été prise par le président et quelques membres du bureau qui sont proches de lui. Pour moi, il y a d’autres urgences plus que le BSC. Voilà, pourquoi c’est déjà un échec. Il fallait d’abord penser à sensibiliser les gens pour qu’ils puissent mieux comprendre cette affaire. Les opérateurs économiques sont prêts aujourd’hui à tout pour boycotter le CMC à cause du BSC ».
L’hostilité à la mesure du Président est exacerbée par un certain nombre de questions pratiques sans réponses : étant donné que le Bordereau de suivi des cargaisons est payé dès le départ de la marchandise, pourquoi payer encore d’autres frais ? Où va cet argent encaissé par le Conseil malien des chargeurs ? Y a-t-il un reçu en bonne et due forme ?
Le refus catégorique des opérateurs économiques et des transitaires de se soumettre à cette mesure impopulaire, lesquels objectent une arnaque du Bureau du CMC, a pour conséquence immédiate que des centaines de camions sont bloqués au niveau de certaines frontières. La conséquence, à court terme : les prix de certains produits prendront l’ascenseur, dans la mesure où les jours d’immobilisation des camions étant des manques à gagner pour l’opérateur, quelqu’un devrait (en) faire les frais ; et ce ne serait que le consommateur final. Une autre conséquence est naturellement, le grincement de dents des consommateurs maliens qui ne comptent pas, dans leur majorité, parmi les privilégiés de cette terre des hommes. Autant dire que cette crise artificielle créée par le Président du CMC est un engrenage périlleux dont le pays se passerait bien, en ces moments de grande fragilité…

PAR BERTIN DAKOUO

Source: info-matin

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