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Sans Tabou: organe unique de gestion des élections, l’incohérence de la classe politique

A l’image de la révision constitutionnelle, la création d’un organe unique et indépendant de gestion des élections au Mali, annoncée par le Premier ministre Choguel Kokalla MAIGA, divise la classe politique. Si l’initiative est favorablement accueillie par plusieurs acteurs du processus électoral, d’autres par contre, pensent que ‘’mettre en place l’organe unique de gestion des élections en 8 mois, relève de l’impossibilité absolue’’. Un paradoxe, quand on sait que la création de cet organe a été réclamée à cor et à cri par une grande majorité de la classe politique au Mali comme étant un gage de transparence et de crédibilité.

 

Au cours de sa visite à la Maison de la Presse du Mali, ce lundi 28 juin 2021, le Premier ministre. Choguel Kokalla MAÏGA, a fait savoir qu’un organe indépendant de gestion des élections sera mis en place comme souhaité par la majorité de la classe politique et de la société civile malienne.
Pour joindre l’acte à la parole, le chef du Gouvernement a procédé ce mardi 29 juin 2021 au lancement d’un atelier de réflexion sur la possibilité de la mise en œuvre de l’Organe Unique de Gestion des Elections.
Autant dire que le processus est désormais irréversible, même si une certaine classe politique voit dans cette initiative du Chef du Gouvernement une manière de jouer à la prolongation avec délai de la transition.
En tout cas, «la décision politique est prise, il y aura un organe indépendant qui va organiser les élections », a tranché le Dr Choguel K. MAÏGA face à la presse lundi dernier.
Lors d’un débat télévisé, le week-end dernier, l’ancien Président de la CENI (1997), Me Kassoum TAPO, a affirmé : «mettre en place l’organe unique de gestion des élections en 8 mois, relève de l’impossibilité absolue».
Pour lui, le Mali n’aura pas les ressources nécessaires pour opérationnaliser cet organe.
Sur la même longueur d’onde que Me TAPO, le juriste Bréhima FOMBA avait déjà tranché : «cette idée d’organe unique marche fort au Mali en ce moment, mais l’établir en si peu de temps me semble irréaliste, voire infaisable».
Le 1er février 2021, le gouvernement a dissous la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Pour bon nombre d’observateurs, cette décision était la première étape vers la création d’un organe unique, ainsi que le souhaitait la classe politique.
Mais, ces derniers se sont ravisés par la suite après la création d’une Cellule d’appui au processus électoral qui dépendrait du ministère de l’Administration territoriale.
D’ailleurs, certains acteurs du processus électoral qui voyaient dans la création de cette cellule une manœuvre du gouvernement pour garder la main sur l’organisation des élections avaient exprimé leur inquiétude.
Aussi, rares étaient ceux qui croyaient les autorités de transition capables de mettre en place une telle structure dans le temps.
«On aurait pu voter une loi instituant un organe unique, tout en renforçant les structures existantes en attendant sa mise en place», avait insisté Amadou BA, président de la CENI.
Pour les opposants à la démarche, le Mali manque de moyens matériels et humains pour le déployer.
Lors de sa traditionnelle conférence de presse, le lundi dernier, la Synergie 22 composée des OSC spécialisées dans l’observation du processus électoral, a apporté son soutien à l’initiative du Gouvernement.
Les responsables de cette synergie soulignent que le Mali n’est pas à sa première tentative en matière de création d’organe unique de gestion.
A ce niveau, la Synergie, comme pour répondre aux antis OGE, indique que la CENI de 1997 avait été créée à trois mois des élections. Car, mise en place en janvier pour organiser des élections en avril ; soit 3 mois seulement après.
«Au regard de l’OGE unique et indépendant, voulu par le Gouvernement actuel et longtemps réclamé par la majorité de la classe politique et des organisations de la société civile, on peut se référer à la CENI de 1997 », a déclaré le porte-parole de la synergie, le Dr Ibrahim SANGHO.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les mêmes acteurs qui étaient d’accord hier pour la création cet organe se retrouvent divisés aujourd’hui.
Jusqu’à présent, trois structures différentes sont impliquées dans les processus électoraux : la CENI, « gendarme des élections », chargée de les superviser ; le ministère de l’Administration territoriale, de les organiser ; et la Direction générale aux élections (DGE) qui a la responsabilité du fichier électoral.

PAR ABDOULAYE OUATTARA

Source : INFO-MATIN

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