Le vote n’a pas eu lieu à Kidal, bastion de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) où quelques centaines de personnes ont manifesté contre la tenue des élections et où des drapeaux du Mali et de l’ONU ont été brûlés, selon une source militaire étrangère sur place. Ainsi, au lieu de « garantir la tenue, sans incidents, des élections dans les localités où les conditions politiques et sécuritaires permettent leur organisation », dont Kidal, la CMA a encore opté pour le statuquo. Mauvaise foi d’un groupe armé qui ne semble se plaire que dans le mensonge et la violence.
Le gouvernement et les groupes armés signataires de l’accord pour la réconciliation nationale dans notre pays avaient convenu sans polémique de la tenue du scrutin communal là où les conditions sécuritaires étaient réunies. C’est d’ailleurs dans ce sens que le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a appelé, samedi dernier, le gouvernement, l’opposition et les groupes signataires de l’accord de paix à « garantir la tenue, sans incidents, des élections dans les localités où les conditions politiques et sécuritaires permettent leur organisation ».
Contrairement à ce principe, la CMA a tout tenté dimanche dernier pour empêcher la tenue de ces élections dans son fief à Kidal. Comme à ses habitudes de volte-face à chaque fois qu’il est question d’aller à la paix, les ex-rebelles de la CMA ont tout mis en œuvre pour boycotter ces élections à Kidal. Selon des sources sécuritaires étrangères sur place, en lieu et place des élections, quelques centaines de personnes, certainement manipulées, ont manifesté contre la tenue des élections. Aussi, des manifestants ont-ils brulé les drapeaux du Mali et de l’ONU. Avant, la CMA avait dénoncé l’« entêtement du gouvernement » à organiser ce scrutin avant l’installation dans le Nord des autorités intérimaires prévues par l’accord de paix de mai-juin 2015 et le retour de « dizaines de milliers de réfugiés et déplacés qui sont directement concernés ».
Cette attitude de la CMA est à tout égard une violation de ses propres ainsi que de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale.
Comme le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, a soutenu, dimanche dernier, après son vote, « quand on est souscrit à la démocratie, il faut respecter toutes les règles ». Après quatre reports, il n’y avait d’autre alternative que de tenir ces élections si nous donner une bonne image de nous-mêmes.
Aux dires du premier responsable de l’État, les élections communales ont été reportées quatre fois afin que « pour les rendre les plus inclusives possibles, pour qu’il y ait une concordance d’avis et que nos compatriotes réfugiés reviennent au pays. Il n’y avait rien derrière. Nous pensons qu’après quatre reports successifs, il faut y aller ».
La tenue de ces élections a laissé apparaitre une fissure importante dans les rangs de la CMA. Les uns arguant que les communales ne peuvent pas être une camisole de force, imposée par le gouvernement, face à la priorité de l’installation des autorités intérimaires et les autres, qui, au contraire, qualifiant la décision de « décision courageuse » de la part du gouvernement, dont elle appelle « à plus de détermination dans son application.
Aujourd’hui, face à la réalité du terrain et l’impérieuse nécessité de faire la paix entre les Maliens, la communauté internationale est plus que jamais interpelée. En effet, avec sa décision d’aller à ces élections et les efforts de mobilisation des moyens indispensables pour cela, le gouvernement a joué une part importante de sa responsabilité. La Communauté internationale garant de la mise en œuvre de l’accord doit user de sa position de neutralité pour amener les autres parties (les ex-rebelles) à jouer leur partition afin que la paix soit une réalité comme souhaité par tous.
Par Sékou CAMARA
Source: info-matin