A chaque conseil des ministres, son couperet : un directeur ou même un ministre est limogé pour incompétence ou pour magouille. On congratule l’impétrant, on jacasse, et la vie continue dans la grisaille, l’affliction, la désespérance, la désillusion pour ceux qui n’ont pas de voix pour le dire même sur les réseaux sociaux. Demain, le cycle reprend, mais rien ne change.
Pourtant, l’exigence du Mali Kura était le changement depuis 1991 : an te korolen fe fo kura. Trente ans après, ceux qui ont pris le flambeau viennent avec un concept fédérateur et porteur d’espoir : la refondation de l’Etat. Restaurer et remettre le pays sur les rails ; protéger et défendre les intérêts supérieurs du Mali ainsi que les aspirations et attentes du peuple malien.
Au nombre desquelles, les plus basiques : manger à sa satiété, avoir de l’eau potable, scolariser les enfants, se soigner, se loger, avoir un cadre de vie décent…
Hier, la coquette de la Savane est devenue aujourd’hui la capitale la plus sale de l’Afrique de l’Ouest ; voire du monde. Des dépôts de transit par-ci par-là, des eaux de ruissellement qui obstruent le passage, voilà à quoi ressemble cette ville qui a longtemps perdu la réputation qui lui a valu le nom de « ville coquette ».
Selon la direction en charge de l’assainissement du district, chaque habitant produit environ 1 kg de déchets par jour. Cela donne, de temps en temps, des Kilimadjaro d’ordures. Et la gestion de ces déchets a toujours été un casse-tête pour les autorités en charge de cette capitale de plus 3 millions d’habitants.
La saleté n’est pas le seul scandale de notre capitale où il n’y a pas de routes et où les quelques ‘‘goudron’’ dont nous disposons sont mal entretenus, envahis par les ordures s’ils ne sont pas ensevelis sous le sable de l’harmattan.
A côté du plus gros scandale de la transition qui constitue la crise énergétique dont l’Etat ne parviens pas à juguler depuis trois ans, ni même à arrêter une solution stable et durable et qui est à la base de la plus grosse détresse sociale et économique aujourd’hui (perte d’emploi, famille déchirée…), les Maliens ne broient pas seulement que du noir. Les Bamakois du café à la place de l’eau qui sort de leur robinet comme la pisse d’un marmot atteint de bilharziose. Ji be bo robinet la ko bilakoro be sugume la.
Comme le courant, l’État n’est plus en mesure de faire face à la demande d’eau des 3 millions de Bamakois. Si les machines de EDM ne tournent pas parce que l’Etat, lui-même, qui lui a imposé de pratiquer les tarifs sociaux refuse de payer ses dettes, les groupes de la SOMAGEP semblent un gros coup rouille et de magouille.
Le récent rapport du Vérificateur général et le limogeage du DG ne comblent pas hélas les attentes du consommateur malien.
Qu’est-ce qui n’est pas scandale à Bamako ? Les espaces verts ? Ils sont envahis par les animaux ou transformés en dépotoirs. Les Hôpitaux ? Ils sont plus sals que les abattoirs, sous équipés et surchargés. La Prison, un enfer en plein cœur de la capitale.
Tant que le CNT, Kouliba ou les autres institutions ne sont pas dans les ordures, ne connaissent pas d’embouteillage, respirent l’air pur, ont l’eau potable, de l’électricité… le petit Peuple a le devoir d’être résilient, patient et tranquille.
Après tout, on est en transition, non. Et pendant la transition, aucune contestation n’est permise. Mais, si les critiques positives sont autorisées, on peut dire tous ensemble que Bamako est sale, qu’elle a besoin d’eau potable et de lumière. Et le reste aussi.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info Matin