Initialement lancé en 2015, le groupe de cinq pays du Sahel (la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Tchad et le Niger) continue de patiner dans le vide, faute de moyens financiers et matériels. Sa Force, créée en 2017, est toujours à la croisée des chemins. Plongée dans une lente agonie, sans matériels de défense et de protection de ses propres hommes de terrain, cette Force est en passe de perdre toute sa crédibilité devant les populations des pays membres. Cela, à cause de son inaction et de son incapacité à lutter contre le terrorisme, sa raison d’être.
On se le rappelle encore : une visite inopinée de l’ennemi par le biais d’une attaque ciblée a permis de détruire tout le Quartier Général de la Force, le 28 juin 2018 à Sévaré dans la région de Mopti. Une situation obligeant la Force à faire un repli sur Bamako où elle installe son nouveau Quartier, avant d’être contrainte par des habitants et d’autres manifestants, de quitter les lieux. « Le Conseil des Ministres a décidé du transfert du siège du G5 Sahel de l’ex-Mess des Officiers vers un autre site lui conférant l’espace nécessaire à ses activités », peut-on lire dans le communiqué du Conseil des ministres, tenu le 20 juin 2019 à Koulouba. Cette décision a été prise par le gouvernement à la suite de plusieurs manifestations devant ledit QG à Badalabougou.
De même à Nouakchott, où se trouve le Secrétariat de la Force, les choses semblent également en train de tourner au ralenti, alors que la situation sécuritaire continue de se dégrader dans l’espace, particulièrement au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Selon François-Xavier Pons, un spécialiste français travaillant sur la sécurité et le développement en Mauritanie, «La guerre est quasiment perdue» pour la Force du G5.
Au même moment, le président ivoirien, Alassane Ouattara, a déclaré lors d’une rencontre avec son homologue sénégalais, Macky Sall, à Abidjan : « La Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali) et le G5 Sahel ne suffisent pas. Nous devons trouver des moyens de coordination plus élargis et plus efficaces pour aider ces pays voisins (Mali, Burkina, Niger) à combattre le terrorisme.» Quant à Macky Sall, il propose aux pays membres du G5 de développer des solidarités, des synergies en matière de renseignements et de coopération sécuritaire.
Une chose est claire, depuis la création de cette Force, tous les efforts des pays membres semblent se résumer autour de Sommets et de conférences de donations. L’opérationnalisation de la Force sur le terrain reste toujours en attente. Une situation qui met le ministre burkinabé de la Défense, Mounima Sheriff Sy, dans tous ses états.
A la suite d’une visite en Afrique du Sud, il y a une semaine, Mounima Sheriff Sy a déclaré que l’Hexagone est considéré comme étant une nation devant fournir une aide conséquente en matière de financement et d’aide matérielle aux pays membre du G5 Sahel. Selon le ministre burkinabé, l’impact de cet apport est proche du néant, les promesses européennes n’ayant pas été tenues. Il explique que le G5 Sahel ne peut pas réussir dans sa mission. «Je pense personnellement que le G5 Sahel ne réussira pas parce que nous ne pouvons pas croire aux Européens en ce qui concerne la garantie de notre sécurité », a confié le ministre burkinabé de la Défense, à nos confrères de ‘’Mondafrique’’.
Aujourd’hui, en l’absence de moyens et de soutiens conséquents, les pays membres du groupe des cinq du Sahel assistent impuissamment à la mort fatale de leur organisation.
Ousmane BALLO
Source: Ziré-Hebdo