L’embargo sur le Mali ne pourra que générer des pertes pour le Sénégal de Macky Sall, en terme économique et de trafic, contrairement à la Guinée du colonel Mamadi Doumbouya, pays dont le port est, de façon géographique, d’ailleurs très proche de Bamako, la capitale malienne.
Des membres du Gouvernement avec leur à tête le chef de la diplomatie malienne, en l’occurrence le ministre Abdoulaye Diop, en plus des membres du conseil national de transition et des opérations économiques ont été reçus, le 18 janvier dernier en Guinée Conakry, par Mamadi Doumbouya, le N°1 de la junte au pouvoir et son gouvernement transitoire. Les autorités maliennes multiplient des démarches, depuis que le pays a été soumis à des sanctions sévères venant des chefs d’État africains. Les présentes sanctions de la CEDAO et de l’UEMOA, adoptées pour étrangler le peuple malien ont des conséquences aussi bien sur l’économie malienne que sur celle de certains pays membres. Le Sénégal étant l’État bénéficiaire de 70% des trafics maliens en fait partie de ces pays qu’endurent les conséquences de l’embargo sur le Mali. Lors de sa visite en Guinée Conakry, la délégation malienne s’était exprimée sur la question. « Effectivement, nous sommes en Guinée pour l’exploration des opportunités et des avantages comparatifs que la Guinée a, par rapport aux autres pays de la CEDEAO », a indiqué un responsable malien. De nos jours, dit-il, 70% des trafics du Mali passent par le Sénégal, et 20% passent par la Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara. Le reste des 10% est, a-t-il expliqué, partagé entre cinq (5) pays à savoir : la Mauritanie, la Guinée ; le Ghana ; le Togo et le Benin. De ce fait, la Guinée reçoit entre 2 ou 3% de ces trafics maliens, sur les 10% restants. Comme le Sénégal, pays dont le port a toujours reçu une grande partie de ces trafics a décidé de fermer ses frontières terrestres et aériennes avec le Mali, les nouvelles autorités s’inscrivent, sans ambages, dans une logique d’exploiter le port de Conakry. Chose qui, peut-on le dire, pourra engendrer des manques à gagner par l’État Sénégal, au profit des autorités guinéennes. Sur la question, la délégation malienne a été formelle : « Nous souhaitons ramener les 2 ou 3% que gagne la Guinée autour de 15, voire à 20% des trafics maliens, dans les jours à venir ».
Profitant de l’occasion, la délégation malienne a fait une annonce sur les chiffres d’affaires résultant des trafics entre le pays et le Sénégal. « Les chiffres d’affaires que nous connaissons et que nous pouvons annoncer au sujet des échanges commerciaux entre le Mali et le Sénégal tournent autour de 700 milliards de F CFA par an, contrairement à la Guinée Conakry qui ne reçoit que quelques milliards. On peut renverser cela rapidement, si nous (Mali et Guinée) mettons quelques actions en place ». Lors de cette rencontre, il a été question, entre la délégation malienne et les autorités guinéennes, du renforcement des infrastructures soutenant les activités des trafics et des transports. Ainsi, les deux pays étant déjà engagés dans une nouvelle dynamique de coopération travailleront dans divers domaines comme les secteurs de l’énergie ; de la diplomatie, de la coopération ; du transport ; de la sécurité et la défense ; de l’administration territoriale, ainsi que les échanges commerciaux, selon la chaine nationale guinéenne. Notons que le ministre Abdoulaye Diop, avouant que le Mali et la Guinée restent deux poumons dans un même corps, s’est félicité de l’accueil et du gage donnés par le colonel Mamadi Doumbouya, l’homme fort du pays, pour le renforcement de la coopération entre les deux pays.
Mamadou Diarra