Elle est destinée à attirer l’attention des autorités sur l’exclusion sociale et la stigmatisation dont sont victimes les enfants en rupture familiale et vivant en situation de rue
En prélude à la commémoration le 16 juin de la Journée de l’enfant africain, le Samu social Mali et l’association « les Mains libres », en collaboration avec la direction de la Cité des enfants, la troupe Sogolon, les centres d’écoute communautaire (CEC) de Niamakoro, Yirimadjo, Sabalibougou, le centre Kanuya et Caritas/AET ont organisé ce week-end, une « parade pour les droits de l’enfant ». La cérémonie s’est déroulée à la Cité des enfants, sous le parrainage du ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille. Le thème choisi était : « accélérons les efforts collectifs pour mettre fin aux mariages des enfants en Afrique ».
Ils étaient environ 350 enfants en situation difficile qui ont paradé au cours de cet événement. La manifestation était présidée par le secrétaire général du ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mohamed Attaher Maïga. C’était en présence du directeur de Samu social, Alou Coulibaly, de la directrice de la Cité des enfants, Mme Amina Cissé, du secrétaire général de la mairie de la CVI, Yaya Traoré.
Au nom de ses camarades, la représentante des enfants, Hawa H. Diallo, élève en 8è année à l’école Bazoumana, a invité le ministère de tutelle à « lutter efficacement contre des pratiques traditionnelles que nous jugeons néfastes dans l’épanouissement de la jeune fille au Mali. Nous préconisons les mesures suivantes : renforcer les actions de sensibilisation des populations sur les conséquences néfastes du mariage précoce en y affectant des ressources appropriées, harmoniser les dispositions du Code des personnes et de la famille relatives à l’âge minimal légal du mariage de la jeune fille envers les instruments juridiques internationaux ratifiés par le Mali pour une meilleure protection et une promotion de la jeune fille et faire appliquer la loi en matière de la promotion/protection en réprimant rigoureusement les personnes contrevenantes ».
Le directeur du Samu social Mali a rappelé que depuis 1991, notre pays commémore le 16 juin, journée de l’Enfant africain, en souvenir du massacre des enfants de Soweto en 1976 par le régime de l’apartheid. L’événement baptisé «Parade pour les droits de l’enfant» fait donc partie des festivités du 16 juin 2015. Ce projet artistique en faveur des enfants de la rue repose sur un partenariat entre les « Mains Libres », une association artistique française, le Samu social international et le Samu social Mali. Grâce au soutien financier de l’Union européenne et du gouvernement princier de la Principauté de Monaco, il a pu être mis sur pied pour promouvoir les droits de l’enfant et participer à l’amélioration des conditions de vie des enfants et jeunes de la rue, a expliqué Alou Coulibaly.
Les porteurs du projet entendent apporter leur soutien aux autorités nationales dans la campagne en faveur de l’abandon du mariage précoce. C’est une pratique, hélas, répandue dans notre société, mais combien préjudiciable à la santé et au bien-être des filles, ajoutera-t-il. Le mariage précoce demeure aujourd’hui un phénomène social très préoccupant dans notre pays et sa gravité nous interpelle tous à renforcer le partenariat entre le gouvernement, la société civile, les partenaires techniques et financiers pour lutter efficacement contre cette pratique.
Selon l’enquête démographique et de santé (EDSM-V), 50% des femmes qui avaient entre 15 et 49 ans au moment de l’enquête étaient déjà mariées avant leur 18è anniversaire et 30% étaient mariées avant leur 15è anniversaire.
L’association «Les Petits Géants de Bamako» a offert à plus de 400 enfants et jeunes en situation difficile, une occasion de retrouvailles, des moments de réjouissance et d’émotion collective, mais aussi une opportunité d’instruction et de créativité.
Pendant 7 jours, encadrés par un groupe d’artistes professionnels français et maliens dirigé par Yaya Coulibaly et d’autres éducateurs sociaux, 60 enfants et jeunes de la rue et d’autres enfants en situation difficile ont animé le projet en participant pleinement aux ateliers préparatoires de la parade. Ces mêmes enfants ont participé à la confection de marionnettes géantes, à la composition de la musique de cirque, de théâtre et de danse, aux ateliers préparatoires de la parade. L’initiative a offert aux enfants un accès à la culture, un moment d’expression et de jeu et une occasion pour eux d’oublier leur stress quotidien et les violences dont ils font l’objet, a témoigné Alou Coulibaly. La parade était aussi destinée à attirer l’attention des autorités sur l’exclusion sociale et la stigmatisation dont sont victimes les enfants en rupture familiale et vivant en situation de rue. Ces populations sont exclues de l’accès aux services sociaux de base, notamment l’éducation, la santé, la justice et la protection, des exclusions qui constituent des violations graves de leurs droits, a estimé le directeur de Samu social Mali.
Mohamed Attaher Maïga a tenu à rappeler que tout ce qui concerne les droits de l’enfant a été confié à son département et que c’est le devoir de ce département de répondre à tout ce qui entre dans le cadre de la promotion des droits et de la protection de l’enfant.
A. TOURE
source : L Essor