Le mercredi 28 mai 2025, le réseau « Elles du Sahel » a organisé une table ronde afin de restituer les recommandations issues des rencontres tenues l’année précédente.
L’une des principales revendications formulées lors de cet échange est la nécessité d’accroître le financement pour faire face aux défis du Sahel.
Le Sahel, vaste région s’étendant du Sénégal à l’Érythrée, est confronté à une crise profonde aux multiples facettes : l’insécurité croissante, alimentée par les conflits et les groupes armés, la crise alimentaire, avec plus de 5,4 millions de personnes en situation de précarité et 2,8 millions d’enfants souffrant de malnutrition aiguë selon les chiffres des ONG humanitaires.
Il y a également l’instabilité politique, marquée par des Transitions difficiles et des tensions régionales, la crise climatique, qui accentue la désertification et fragilise les communautés et l’urgence humanitaire, qui laisse des millions de personnes en détresse, notamment 2,5 millions de déplacés internes, dont 1,9 million au Burkina Faso.
L’un des aspects préoccupants reste le retrait progressif des bailleurs internationaux, dont l’Usaid en 2025. Cette réduction des financements crée une incertitude croissante quant à la continuité des soutiens nécessaires dans les secteurs clés.
Dans ce contexte, le réseau « Elles du Sahel », composé de 16 femmes originaires du Sahel, de l’Union européenne et des États-Unis, a organisé en 2024 une série de six tables rondes au Burkina Faso, Mali, Niger, Tchad et Mauritanie, ainsi qu’en Belgique. Ces rencontres ont rassemblé 180 participants issus de 150 organisations, principalement des associations de la société civile locale, avec pour objectif d’amplifier la voix des femmes et des filles face aux défis qu’elles rencontrent.
Ces échanges ont mis en évidence l’urgence de maintenir les investissements en faveur des femmes et des filles, notamment dans des secteurs stratégiques tels que l’éducation, la santé et la justice de genre.
Le rapport intitulé « écoutez les voix du Sahel », synthétisant les principales recommandations, a été présenté aux bailleurs internationaux à Bruxelles.
Lors de la table ronde du 28 mai 2025 de Bamako, une dizaine d’associations féminines et autres acteurs ont pris part aux discussions afin de renforcer le dialogue multipartite et engager les parties prenantes nationales et régionales autour de solutions concrètes pour maintenir et accroître l’aide du financement au Sahel.
Investir au-delà des enjeux sécuritaires
Selon Maïmouna Dioncounda Dembélé, membre fondatrice des « Elles du Sahel », dans un contexte de crise prolongée, les organisations féminines, la société civile et les États doivent investir dans des domaines cruciaux, au-delà des questions de sécurité et de défense.
« Aujourd’hui, nous devons investir davantage dans la santé et l’éducation, des secteurs souvent négligés, notamment en ce qui concerne les problématiques spécifiques au genre. Une de nos recommandations majeures est d’augmenter les financements pour les questions de genre, dans un Sahel fragilisé par le terrorisme », plaide Mme Dioncounda, insistant sur la nécessité de réponses transnationales face aux enjeux transnationaux.
À l’issue de cette rencontre, le réseau « Elles du Sahel » a réitéré son appel pressant à la communauté internationale afin de garantir la participation active des femmes et des filles dans les efforts de paix, de sécurité et de développement au Sahel.
Alors que la région fait face à des défis de plus en plus complexes, l’augmentation du financement apparaît comme une nécessité absolue pour assurer une réponse efficace et durable aux crises qui frappent le Sahel.
Ousmane Mahamane
Source: Mali Tribune