La lutte anti-terroriste au Sahel est entachée par des « crimes de guerre » commis par les armées du Burkina Faso, Mali et Niger, accuse Amnesty International, dans un rapport dévoilé le 10 juin. Principales cibles des exactions : les Peuls et les Touaregs accusés de complicité avec les djihadistes.
« Exécutions extra-judiciaires », « des soldats [qui] sèment la terreur et commettent des tueries dans des villages sous couvert d’opérations antiterroristes ». Au banc des accusés, trois armées du G5 Sahel, Mali, Niger et Burkina Faso, sont mises en cause par l’ONG Amnesty International dans un rapport publié le mercredi 10 juin.
« Entre février et avril, au moins 57 villageois ont été victimes de meurtres et 142 autres ont disparu », selon l’ONG de défense des droits de l’homme qui accuse les forces de sécurité burkinabè, maliennes et nigériennes d’être leurs bourreaux. Les exactions ont visé en majorité les populations peules et touaregs accusées de commerce avec l’ennemi djihadiste.
Dans son rapport, Amnesty International, affirme avoir recueilli les témoignages de 33 villageois et détiendrait des « photos des cadavres des victimes et de l’emplacement présumé de fosses communes (et) des listes de personnes disparues », rapporte l’Agence France Presse (AFP).
En réaction à ces allégations, les gouvernements du Sahel ont annoncé avoir pris des mesures pour sensibiliser le personnel de la force conjointe à ce sujet. Le Mali a annoncé entreprendre des investigations.
Depuis plusieurs mois, les accusations se sont multipliées contre les forces du G5 Sahel qui ne se priveraient pas de violences massives contre les populations, dans leur lutte contre le djihadisme.
Le vendredi 5 juin dernier, l’Organisation des Nations unies a réagi à ces allégations de violences sur les populations civiles, par la voix de son Secrétaire général adjoint pour les opérations de paix. Jean-Pierre Lacroix, a appelé « la Force conjointe du G5 Sahel et ses Etats membres à ne ménager aucun effort » pour respecter les droits humains.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont les trois pays du G5 Sahel qui concentrent l’essentiel de l’activité djihadiste, particulièrement dans la Zone des Trois frontières.
Stéphane Alidjinou
Source: Agence Ecofin