La crise née de la contestation placée sous la bannière du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) étale chaque jour un peu plus la légèreté désespérante.
Le débat d’idées a disparu, il se ramène à la confrontation violente entre pro et anti IBK et régime. L’argumentation cède le pas à l’intimidation. La délibération s’incline sous le poids de la pression. ‘’La politique n’est pas un combat entre ennemis, mais un débat entre des visions concurrentes’’, disait François-Xavier Bellamy. Ce qui ne semble pas être le cas chez nous. Le débat intellectuel se ramène à une avilissante course olympique dans les égouts. Déclarations tapageuses, réflexions lunaires, publicités mensongèrement insidieuses ou propagande, grivoiserie intellectuelle, propos délibérément outranciers et fallacieux s’entremêlent pour abrutir davantage le peuple dont la versatilité représente une redoutable arme entre les mains de politiciens avisés.
Notre société qui paie cash la faillite notoire de son système éducatif, longtemps vautrée dans le confort de la stagnation intellectuelle, de l’inefficacité, de la stérilité, du manque d’imagination effectue à présent un retour spectaculaire et fulgurant dans l’obscurantisme. Du pain bénit pour les imposteurs manipulateurs pervers narcissiques qui présentent comme le seul point lumineux au milieu d’un paysage sombre permettant de garder encore espoir. De part et d’autre (la société est devenue clivante), l’on s’affuble d’une mission messianique. L’on est confronté à un paradoxe presque mortel, lorsqu’on considère que chacun a eu son tour de servir le peuple et que le constat est constant que beaucoup de nouveaux prophètes ont fait le choix hautement égocentré de se servir d’abord. En partageant la charge publique dans un mouvement girondin, chacun devrait assumer sa part de responsabilité. Mais que nenni. Ainsi, entre les égos surdimensionnés et les boulimies pouvoiristes, le peuple, le seul qui a besoin et droit à être mis au cœur de toute action de développement, est pris en otage.
Il n’y a donc pas à s’étrangler en observant le Mali millénaire des grands empires, incapable d’assurer sa sécurité physique, sanitaire, alimentaire, refusant obstinément d’actionner ses leviers traditionnels de résolution des conflits qui offre le spectacle hideux d’une foire d’empoigne. N’ayons pas peur des mots : nous Maliens avons fait du Mali la risée du monde entier.
Prendre de la hauteur dans la puanteur ambiante, sacrifier à un changement radical de paradigme qui privilégierait l’intelligence du collectif donneraient certainement le Mali vainqueur de cette crise qui n’est pas mauvaise en soi, dès lors que c’est dans la contradiction que jaillit la lumière. ‘’Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots’’. Martin Luther KING, Homme politique, Pasteur, Religieux (1929 – 1968).
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN