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Sachets plastiques biodégradables : LA LUTTE EST BIEN LANCÉE

Sachets plastiques biodegradable dechet

Les 10 000 sachets non biodégradables importés saisis rappellent que la fermeté est indispensable dans le combat engagé

En ce jour du jeudi 20 août, une pluie fine trempe Bamako. Hawa Sissoko, la trentaine révolue et tenant un enfant par la main, s’engouffre dans une boutique à Daoudabougou. Les salutations d’usage terminées, la bonne dame glisse une pièce de 500 francs sur le comptoir du boutiquier et demande une boisson en canette. Le commerçant encaisse et prend soin d’envelopper la commande dans un sachet en plastique noir. A peine sortie de la boutique, Hawa se débarrasse du sachet non bio dégradable. Détail significatif, elle le jette non pas dans une poubelle, mais dans la rue au pied des passants.
Comme cette dame, beaucoup de gens se débarrassent de leurs sachets plastiques dans les rues. Ce qui a ainsi rendu la ville de Bamako très insalubre. Voire, en certaines de ses parties, dégoûtante. Faut-il voir dans le comportement de très nombreux habitants de l’incivisme délibéré ou de la simple ignorance ? La question ne relève pas de la pure rhétorique. La plupart de nos concitoyens ne mesurent pas en effet les effets néfastes des sachets plastiques non biodégradables sur l’environnement. Ce banal accessoire domestique que nous utilisons tous les jours constitue pourtant une grande menace pour la santé. Les spécialistes, eux, résument le sachet plastique dans la formule suivante : «Fabriqué en une seconde, sa durée d’utilisation est de quelques minutes, mais sa durée de vie s’étend potentiellement sur plus de 400 ans avant qu’il ne se dégrade».
Devenus un problème chronique dans la société, les sacs plastiques non biodégradables ont été interdits dans notre pays par la loi n°2014-024 du 3 juillet 2014. Le décret d’application est sorti le 31 juillet 2014. Il fixe les modalités d’application portant interdiction de la production, de l’importation, et de la commercialisation de sachets plastiques non biodégradables en République du Mali.
La loi n’autorise désormais que l’utilisation du sachet plastique biodégradable qu’elle définit comme tout sachet plastique susceptible de se décomposer dans un délai maximum 18 mois, et cela sous l’action des microorganismes présents dans la nature. Cette solution permet d’assurer une bonne gestion des déchets qui continuent d’inonder notre pays.

À LA PHASE DE RÉPRESSION. Il existe actuellement deux manières de procéder au contrôle des sachets plastiques. La première passe par l’application de l’article 2 de la loi n°2014-024 du 3 juillet 2014 qui stipule «les sachets biodégradables doivent porter la date de fabrication, le marquage obligatoire biodégradable à 100%, le nom ou le logo du fournisseur. La durée maximale de biodégradabilité des sachets plastiques est de 18 mois ». La seconde manière fait recours à un appareil détecteur qui permet de vérifier la biodégradabilité des produits en plastique.
Après l’entrée en vigueur de la loi portant interdiction des sachets plastiques dans notre pays, nous sommes maintenant à la phase de répression. Celle-ci a commencé dans le district de Bamako depuis fin juin 2015. Les services d’assainissement et du contrôle des pollutions et des nuisances de chaque commune ont déjà mené deux opérations de contrôle avec l’appui des forces de l’ordre. La Direction régionale d’assainissement et du contrôle des pollutions et des nuisances du district de Bamako (DRACPN) est entrée à son tour en action et a lancé une nouvelle opération le 3 août dernier, principalement à Niaréla et à N’Golonina où se trouvent les magasins des commerçants grossistes.
Selon le directeur de la DRACPN, Seydou Ouloguem, en deux jours de contrôle, plus de 10 000 sachets non biodégradables importés ont été saisis. Suite à cette opération coup de poing, la DRACPN a tenu le 4 août dernier une rencontre avec les groupements des commerçants spécialisés dans la vente en gros des sachets plastiques et des emballages au Mali. Rencontre au cours de laquelle les négociants ont pris l’engagement de n’importer que du biodégradable.
Par ailleurs, les commerçants ont demandé aux autorités un moratoire pour leur permettre d’écouler les commandes déjà passées. Mais la Direction nationale de l’assainissement et du contrôle des pollutions et des nuisances n’est pas disposée à donner une suite favorable à cette demande. «Nous n’acceptons plus de moratoire. Les pays voisins ont commencé à appliquer la loi d’interdiction des sachets plastiques non biodégradables. Nous ne pouvons plus perdre du temps au risque de donner l’opportunité à nos opérateurs économiques d’importer les sachets non conformes stockés et cachés chez les fournisseurs des autres pays », nous indique le chef division Suivi environnemental et réglementation de la DRACPN, Abdoulaye Traoré avant d’annoncer que la CEDEAO et l’UEMOA prévoient, sur ce sujet, une règlementation commune.

UN CHANGEMENT DE COMPORTEMENT. Le combat contre les sachets non biodégradables est bien lancé pour préserver notre environnement de nombreux dangers. En effet selon les spécialistes, les impacts négatifs produits par ces sachets peuvent entraîner la disparition de plusieurs espèces de plantes, tuer des animaux et défigurer le paysage. Leurs effets peuvent également amener la diminution des espaces agricoles et amoindrir le rendement agricole.
Sur le plan de la santé humaine, les sachets en cause constituent des poches de prolifération de vecteurs de maladies (comme les mouches et les moustiques). Ils provoquent l’irritation des voies respiratoires et des yeux lorsqu’on y met le feu, la conséquence extrême de ces phénomènes étant les maladies cardiovasculaires et respiratoires. En outre, le plastique des sachets dégage lorsqu’il se consume des polluants organiques persistants (dioxines et furanes) qui sont hautement cancérigènes. Il produit aussi du gaz carbonique et de la vapeur d’eau qui sont des gaz à effet de serre contribuant ainsi au réchauffement climatique.
Selon le chef de la division Suivi environnemental et réglementation de la DRACPN, Abdoulaye Traoré, l’impact le plus inquiétant des sachets non biodégradables est invisible. En effet, explique-t-il, le plastique se fractionne jusqu’à former des particules microscopiques de l’ordre de 300 micromètres (un micromètre étant, comme on le sait, un millionième de mètre) qui contaminent le sol et l’eau, et apparaissent dans la chaîne alimentaire. Les animaux marins les ingèrent et les polluants persistants se retrouvent, au finish, dans nos assiettes.
Sur le plan environnemental, les dégâts causés sont non négligeables. Notre interlocuteur explique ainsi que les sachets non biodégradables favorisent l’encombrement des caniveaux et des égouts, réduisant ainsi la capacité d’évacuation de ces ouvrages. La Direction nationale de l’assainissement, du contrôle des pollutions et des nuisances invite donc les populations à prendre conscience du danger que peut représenter un article en apparence inoffensif et d’aller vers un véritable changement de comportement. « Nous avons commencé à mener des campagnes de sensibilisation à travers les médias, des ateliers, des rencontres avec différents acteurs (groupements d’importateurs, revendeurs, industriels) pour amorcer le changement. Il faut aussi que les plus hautes autorités soient très fermes sur la question. Car un commerçant reste un commerçant. Il ne vise que ce qui l’arrange », souligne Abdoulaye Traoré qui mesure l’importance des résistances qui seront opposées à une régulation efficace de la mise en circulation des sachets plastiques.

A. A. MAÏGA

source : L’ Essor

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