Outre la rançon, Boko Haram a obtenu la libération par les autorités camerounaises d’un de ses membres. Une semaine après la libération du père Georges Vandenbeusch, l’on en sait plus sur les conditions ayant conduit à son élargissement par la secte nigériane Boko Haram.
Dans son édition d’hier, le bihebdomadaire l’OEil du Sahel est revenu sur les transactions, les acteurs et la consistance de la rançon. L’on sait par exemple que le principal interlocuteur de Boko Haram dans ce dossier était le Lawan (chef traditionnel) d’Achigachia, un bled de l’Extrême-Nord, frontalier avec le Nigéria.
Le journal le présente comme un homme fortuné et plutôt célèbre dans sa zone. C’est donc lui qui a mené les négociations avec les ravisseurs du père Georges. Mais il n’était pas seul. Cavaye Yeguié Djibril, le président de l’Assemblée nationale, était aussi parmi les acteurs clés de la scène. D’ailleurs, le journal croit savoir qu’après la libération du religieux, le Lawan est allé passer deux jours chez le Pan dans son village. Mieux, l’otage, une fois libéré, a effectué sa première halte à Memé, non loin du Pan.
Autre acteur cité, Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence de la République, qui chapotait cette cellule. Amadou Ali et son équipe qui avaient facilité la libération de la famille Fournier ont donc été écartés. A la demande de Boko Haram, selon certaines sources. La libération du père Georges était-elle gratuite ? Était-elle vraiment par « compassion » comme le dit Boko Haram dans son communiqué rendu public au lendemain de la libération du prêtre ? L’on sait que le religieux avait démenti l’argument de ses ravisseurs en indiquant qu’il n’a soigné personne.
Il n’en a même pas l’expertise comme le prétend la secte. Mais, selon les informations de nos confrères, Paul Biya a décaissé une somme oscillant entre 6 et 8 milliards Fcfa pour obtenir cette libération. Cette somme a-t-elle été versée entièrement à Boko Haram ? Une bonne partie sans doute, puisque la même enveloppe a servi à éponger les dettes de la dernière négociation. Le Lawan aurait aussi engagé ses propres fonds dans cette affaire. Combien ?
L’on ne le sait pas. Dans tous les cas, il réclame d’être payé par l’Etat du Cameroun. Cavaye Yéguié lui suggère de ne pas trop en « redemander », mais il doit se féliciter d’avoir contribué à la libération d’un prêtre. Pour le reste, il doit se confier à Dieu. Mais, la transaction ne s’est pas limitée à une rançon. Pour le journal de Guibai Gatama, Boko Haram a exigé et obtenu l’élargissement d’un de ses membres arrêté et détenu à Maroua.
Kanuri Djida Umar est désormais libre. En sus de sa libération, Boko Haram a sollicité qu’il ne soit pas renvoyé au Nigeria où il va subir les affres du pouvoir central. Il serait donc en séjour à Yaoundé. Ces révélations montrent que, contrairement à ce que Yaoundé et Paris ont dit, il y a eu une rançon payé et un prisonnier libéré.