Depuis septembre 2020, le Conseil national du patronat du Mali (Cnpm) traverse une situation conflictuelle consécutive au renouvellement de son équipe dirigeante. Pendante devant la justice, ladite crise peine à connaître son épilogue. C’est dans cette perspective que nous avons approché l’un des membres fondateurs de ladite structure, en occurrence Mamadou Sanogo. Fondateur de la caisse d’assurance «Sabu Nyman» et co-fondateur de la Sonavie, Mamadou fut vice-président du premier bureau dirigé par Moussa Balla Coulibaly, avant de transmettre la gestion du CNPM à une nouvelle génération. Dans un entretien accordé à la rédaction du journal le Témoin, M. Sanogo est revenu sur les circonstances ayant motivé la création et la transmission du CNPM et donne son point de vue sur la crise que traverse cette structure. Quant à la sortie de crise, il propose son expertise tout en suggérant des pistes.
Selon lui, c’est l’association de la fédération des employeurs du Mali qui, avec le développement, ne répondait pas à toutes les questions ayant donné naissance au CNPM. Seulement, 20 ans après, il estime que leur héritage commun s’est écroulé par la faute d’acteurs rendus peu représentatifs par leur moralité douteuse. Aujourd’hui, il y a le mensonge, le vol et le détournement au patronat, déplore-t-il.
À propos de la transmission de leur héritage aujourd’hui dilapidé à ses yeux, M. Sanogo confié avoir été appelé un jour par feu Moussa Balla pour lui expliquer sa décision de laisser le CNPM entre les mains de la jeune génération. Et c’est ainsi que Mamadou Sidibé avait été choisi pour en prendre les rênes. Si au départ il n’était pas d’accord, selon ses dires, Monsieur Sanogo finira par accepter à cause de la position ambiguë de Mamadou Sinsy Coulibaly. «Étant très proche de Moussa Balla Coulibaly, qui l’appelait d’ailleurs son neveu, Sinsy, lors d’un voyage entre Paris et Bamako, est venu s’asseoir à côté de moi pour le confier que Moussa Balla était en train de trahir en m’invitant à me présenter à l’élection et en me proposant les services de son équipe pour la campagne », a révélé notre interlocuteur. Au nom de sa loyauté son président sortant et à ses idéaux, M. Sanogo explique avoir décliné l’offre de Mamadou Sinsy Coulibaly au profit d’une élection de M. Sidibé comme président du CNPM. Seulement voilà : dès son élection, des membres du CNPM, avec à leur tête Mamadou Sinsy Coulibaly, qui rêvaient de prendre son poste, ont entrepris une campagne de dénigrement au point de réussir à le dissuader de renouveler son mandat. C’est ainsi que Madou Coulou est positionné pour le remplacer, relate M. Sanogo, qui confie avoir pourtant mis en garde feu Moussa Balla Coulibaly sur son choix de porter Mamadou Sinsy à la tête du patronat malien. Selon lui, il fallait faire une transmission intelligente du CNPM à de meilleurs joueurs. Au lieu de quoi, Mamadou S Coulibaly sera désigné président sans élection, fort du soutien de Moussa Balla Coulibaly.
Sur la crise qui secoue le CNPM, notre interlocuteur explique que c’est en sa qualité de président que Sinsy Coulibaly a décidé de la date de l’élection. Sauf qu’après avoir réalisé dans son sondage que les gens, face au sérieux de Diadié Sankaré, sont en train de revoir leur position, il décide du report de l’élection au motif d’une non-vérification des différentes listes. Et pire, c’est à son secrétaire général, un employé du patronat, qu’il instruit d’en informer les mandataires. Lesquels, après consultation du conseil statutaire, ont choisi de tenir l’élection à la date indiquée et d’élire Amadou dit Diadié Sankaré.
Au sujet de l’épisode judiciaire interminable, M. Sanogo estime qu’il tient de la stratégie à Mamadou Coulilaby. L’ex président du CNPM va épuiser toutes les voies de recours possibles avant de capituler, a-t-il expliqué en qualifiant d’irresponsable la posture de l’Etat. Selon lui, en effet, c’est le ministre des Finances qui doit s’inquiéter et dire non à cette situation, qui rabaisse le Mali dans son honneur, à ses yeux. Quant à la mise en place d’une administration provisoire proposée, il juge qu’elle procède d’une manœuvre pour gruger le camp Diadié Sangaré, d’autant que le projet est porté par Soya Golfa qui figure sur la même liste que Mamadou Sinsy Coulibaly.
Amidou Keita
Source : Le Témoin