Quand un droit constitutionnel devient le droit d’outrepasser les limites au point d’entraver la tranquillité des paisibles citoyens qui n’aspirent qu’à honnêtement gagner le pain quotidien, alors la responsabilité de l’autorité publique, garante du bien-être de tous, est hautement engagée.
En effet, au Mali, depuis quelques années, les manifestations à caractère politique prennent une envergure juste pernicieuse en ce sens qu’elles sont généralement dénuées de tout bon sens. Ce constat tire son fondement du manque criant de pertinence de ces manifestations, qui n’ont pour mérites que de paralyser les grandes artères de nos agglomérations urbaines, exacerber les clivages pendant que la cohésion sociale devrait être de mise, de ternir l’image déjà souffrante du pays à l’international, etc.
Force est d’admettre, par ailleurs, que l’ubuesque inclination de ceux qui tiennent souvent d’une main de fer le pouvoir et allient à leur cause des foules (généralement acrimonieuses et influençables) par des moyens non orthodoxes n’est qu’indicatif de leur manque de vision et de pragmatisme ainsi que de leur attachement au pouvoir par ruse éhontée. Toutes choses qui dénotent d’une dérive des classes dirigeantes qui, faute de former leurs partisans aux valeurs militantes politiques, ont transformé le domaine politique en scène mercantile ou s’invitent toutes personnes de divers horizons capables de masser la foule à des desseins malsains. Résultat : la grande déroute qui est d’instrumentaliser les pauvres populations désœuvrées et désabusées devient sans conteste un jeu de divertissement pour certains leaders religieux véreux et permet même à des incultes de s’improviser homme d’Etat.
Un État justement qui voit sa crédibilité en chute libre, tant aux yeux de ses administrés que de la communauté internationale. Il serait en tout cas bien inspiré de rappeler à l’ordre ceux qui usent et abusent de ce lassant cheval de bataille qui n’est autre que la flopée de manifestations malséantes. Même si d’autre part on n’est pas naïf au point d’ignorer l’évidence de sa regrettable implication dans cette incongruité qui harasse le peuple majoritairement silencieux.
Ousmane Tiemoko Diakité
Source : Le Témoin