Du retour possible d’ATT au bercail au rassemblement supposé des anciens présidents, les hypothèses vont bon train sur la scène politique malienne. Laquelle est aujourd’hui marquée par le dynamisme certain de l’opposition aux côtés d’une mouvance présidentielle molle, fébrile et quasiment incapable de conduire vers un avenir radieux ; tant la crise multidimensionnelle continue de plus belle comme à ses tout débuts. Cependant, en vue de décrisper le climat politique, des meetings de soutien pour le retour d’ATT ont lieu. Lors de ces rencontres, les organisateurs n’ont cessé de recommander le rassemblement des anciens Chefs de l’Etat pour communier avec l’ensemble des maliens pour les réconcilier en faveur d’une sortie de crise.

Du retour d’ATT ?

Vrai ou faux débat, l’essentiel est de donner un contenu politique à cette démarche au-delà des agissements périphériques. Il est parti pour sauver le Mali et reviendra pour réconcilier les maliens. Il ne faut plus ressasser les souvenirs souvent mal fondés du passé, règlements de compte de certains et victimisation d’autres, mais l’objectif est d’aller de l’avant en analysant et en proposant des solutions durables pour l’éternité du Mali.

Sur le plan social, le retour d’ATT aussi bien que le rassemblement pour le Mali des anciens Présidents sont des atouts pour la réconciliation. On dit chez nous que la nouvelle corde s’attache à l’ancienne pour aller chercher l’eau en profondeur. Les anciens ont géré ce pays chacun, dans le contexte de son temps, Moussa Traoré a été imposé au Mali au moment où la guerre froide le voulait et nos Etats ont été considérés comme des machines, des moteurs et que les régimes militaires étaient plus faciles à maîtriser pour  les vainqueurs de la deuxième guerre mondiale.

Mais la gestion de l’après-guerre froide et le conditionnement de l’aide au développement ont conduit directement notre pays au coup d’Etat du 26 mars 1991, impulsé par  le soulèvement populaire. Ce qui a conduit au multipartisme intégral et à la liberté d’expression, gage de tout système démocratique alors que certains dirigeants français s’obstinaient à admettre que la  démocratie  était un luxe pour l’Afrique. Peu importe, désormais notre pays connaît dans les faits, le système  démocratique. Ce, grâce à ATT, qui après la transition à céder le pouvoir à un Président élu.

Qui va rassembler ces anciens Présidents pour aider le Mali ?

Les leaders religieux ? La société civile ? Certains de ces leaders sont politiques. Et l’on pense que la Société civile et les religieux sont déjà corrompus  dans leur ensemble. Leurs leaders n’hésitant pas à  accepter des postes politiques et des moyens de financement des projets dits de développement. La communauté dite internationale ?

Non elle n’existe que par ses geo-interêts stratégiques. Alors vers le bon Dieu, pour ceux qui croient encore en Lui ? Mais l’esprit des « mandenkas » est très riche et peut faire cette rédemption. Et,  un seul mot suffit pour sauver le Mali : HUMILITE ! Cette humilité de tous les maliens peut faire découvrir aux maliens et maliennes que ceux qui viennent d’ailleurs ont leur stratégie pour nous diviser et que le pouvoir n’est autre chose qu’une petite marge de responsabilité confiée à chacun.

Comment rassembler les anciens présidents pour le Mali ?

Le rassemblement pour le Mali des anciens Présidents du pays peut également nous révéler que ces derniers ne sont pas dans des entités politiques différents, ni des idéologies différentes. L’Adema association est le père de l’Adema-PASJ dont le fils serait le RPM, dont les petits-fils constituent la mouvance présidentielle molle d’aujourd’hui.

Et alors ? Socialiste, capitaliste, humaniste, socio-démocrate,… se sont des histoires, nous sommes tous « mandenkas », « songhays », etc. et si on se débarrasse de ces faux fétiches, le Mali ira effectivement très loin comme les royaumes précédents. Adema, soutien d’ATT, génération spontanée ;  PDES soutenant les actions d’ATT sans un réel ancrage politique. Vous voyez que les autres se moquent de nous pour cette petite parcelle de pouvoir des mortels passagers et clandestins sur cette terre ?

Sur le plan diplomatique ?

La diplomatie parlementaire qui est en panne au Mali peut être réveillée grâce au rassemblement des anciens Présidents. En effet, chaque pays africain est géré d’outre-mer par une stratégie individuelle, comme dire qu’on gère chaque personne avec son bâton.

Ainsi, tous les anciens Présidents ont tissé des relations de sécurisation ou de sauvetages avec des pouvoirs occidentaux, pour certains et cela va jusqu’aux loges franc-maçon ; ils n’ont pas le choix. Ces contacts, ces stratégies de gestion du Nord peuvent être rassemblées en vue de sortir de ce blocage où le Président IBK pense qu’il a tout donné et qu’il ne reste que le bâton à prendre un jour ?

Les anciens Présidents peuvent soutenir l’Assemblée Nationale du Mali et l’armée malienne. Les relations avec les pays comme l’Algérie, le Maroc, le Qatar, la France, la Suisse, les USA du millénium challenge… ont été et sont en fonction des Présidents du Mali et non en fonction seulement des geo-interêts de chaque pays. Gros enfants dans l’Afrique noire ? NON ! Mais simples élus légitimés par les observateurs et les bailleurs de fonds des élections. Alors pourquoi tomber dans les pièges même si nos pensées sont contrôlées par Africom ?

Dans tout ça, comment cette grosse mouvance jamais établie au Mali travaille ?

Rien de rien ! Car elle n’est pas constituée de façon démocratique, mais de rapprochement au Président du premier ou second tour de l’élection présidentielle. Ce ne sont pas des bons critères de rapprochement.

Car, les opportunistes peuvent voir loin puisque sans réelle capacité politique sur le terrain. Cette mouvance regorge également des partis politiques individuels qui n’ont aucune base (plus 60%), que peuvent-ils faire pour mobiliser ?

Nous avons voulus ensemble ramener le nombre de députés de groupe parlementaire à au moins dix (10) pour des raisons d’économies, mais où est le budget de l’assemblée nationale aujourd’hui ?

La mouvance devrait faire un coaching des groupes parlementaires, vu le niveau académique générale des députés. La démocratie représentative a un cout et voilà comment elle coute chère au Mali. Il faut revoir la copie de cette mouvance. Elle doit être construite sur une base plus démocratique que sur la base des alliances de premières ou deuxièmes heures, il n’est jamais trop tard.

En ce moment, elle peut porter les orientations politiques du Président surtout pour la construction durable de la paix en quittant cette position d’immobilisme qu’elle occupe.

Qu’est-ce que la mouvance présidentielle fait pour l’application de l’accord pour la paix au Mali ? Un débat avec l’opposition, deux débats ? Il faut une mouvance debout capable de bousculer le Président de la république si c’est pour construire le Mali.

Il ne suffit pas de récupérer les émotions sur le retour d’ATT qui est une vraie piste de réconciliation, mais d’éviter les causes qui ont conduit à cet état de fait précipité par certains ministres de premières heures ; peut-être pour des règlements de compte personnels, « c’est le petit chien que tu as élevé qui peut te mordre sans regret ».

Réunir – réconcilier – analyser – projeter – agir avec humilité constituent le chemin de la sagesse africaine.

SDF

Source: Le Canard de la Venise