Le président de la transition, Col. Assimi Goïta, a reçu le 13 mai 2024, le rapport final du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation, des mains de l’ancien Premier ministre et président du Comité de pilotage, Ousmane Issoufi Maïga. Ce document espéré comme un outil de paix et de réconciliation pour l’ensemble des Maliens semble être plus polémique que jamais, à travers certaines recommandations dont la mise en œuvre sera tout simplement périlleuse pour le chef de l’État.
Initié après la fin de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, le dialogue inter-Maliens a concerné des thématiques comme : paix, réconciliation nationale et cohésion sociale ; questions politiques et institutionnelles ; économie et développement durable ; aspects sécuritaire et défense du territoire. Mais il a très vite pris un virage très inattendu, en embrassant d’autres questions qui n’étaient pas à l’ordre du jour. Il s’agit notamment de la prorogation de la durée de la Transition de deux à cinq ans ; de la candidature du colonel Assimi Goïta à la prochaine élection présidentielle et de l’octroi du grade de général aux six colonels.
Pourtant, lors du lancement de ce processus par le chef de l’Etat lui-même, à l’occasion des vœux de nouvel an 2024, il n’était nullement question de ces points déjà tranchés par la Charte de la Transition et la nouvelle Constitution de juillet 2023. En effet, les objectifs de ce dialogue, selon les termes de références, étaient de contribuer à la restauration de la paix, de la cohésion sociale et de la réconciliation nationale. Son initiateur principal, le président de la Transition, a été clair dans son message. Les résolutions de ce dialogue devraient permettre de diagnostiquer les causes des conflits intra-communautaires et intercommunautaires afin de tracer une architecture de paix durable ; recoudre le tissu social et renforcer le vivre ensemble.
« Ce rapport ne signifiait pas la fin du processus, mais le début d’une mise en œuvre rigoureuse des résolutions et recommandations pour réaliser les aspirations profondes du peuple malien à la paix, à la réconciliation et au développement durable », a déclaré le président de la transition après avoir reçu le rapport. Ce qui est sûr, en prenant l’engagement pour sa mise en œuvre effective de l’ensemble des recommandations, le Col. Assimi Goïta se tire une balle dans le pied et doit se préparer en conséquence.
Juste après la clôture du dialogue et la publication des recommandations le 10 mai 2024, des partis et mouvements politiques sont montés au créneau. Dans une déclaration publiée le même jour, les partis politiques signataires de la déclaration commune du 31 mars 2024 parle d’un dialogue vidé de son contenu et détourné de ses objectifs initiaux. « L’exercice qui vient de se terminer n’a accouché d’aucune initiative malienne de paix et de réconciliation. Ses recommandations, ne reflétant aucunement la volonté du peuple, risquent d’exacerber la crise politique nationale et de plonger notre pays dans une instabilité sociale sans précédent », peut-on lire dans ladite déclaration.
Ce qui est évident, c’est qu’ils sont nombreux ces Maliens n’ayant pas eu la volonté ou la chance de prendre part à ce dialogue, à se demander comment et en quoi les recommandations relatives à la prorogation de la durée de la transition, à la future candidature du colonel Assimi Goïta, où encore à l’affaiblissement et au musellement des partis politiques concourent-elles au rétablissement de la paix et de la réconciliation nationale.
Donc, c’est dire que la mise en œuvre effective de l’ensemble de ces recommandations demeure désormais une véritable épreuve pour le chef de l’État.
Amadou Kodio
Source : Ziré