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Résolution de la crise Malienne : Pourquoi IBK doit se réconcilier avec les Maliens face à la communauté internationale

Le Mali sortira-t-il indemne de la crise multidimensionnelle à laquelle elle fait face depuis bien avant janvier 2012 ? Quelle sera sa configuration territoriale à la fin de la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale ? La Républiques sera-t-elle amputée de l’Azawad probable Protectorat de la France ou de la Mauritanie ? En tout cas, l’acharnement du président Ibrahim Boubacar Kéita à réviser la constitution du 25 février 1992 n’est pas anodin. Il découle de la pression de la communauté internationale qui tient à donner un cadre juridique à l’Accord pour la paix et la réconciliation. Sans doute pour une première, on veut tordre la main à un pays souverain pour qu’il adapte sa Loi fondamentale à un accord signé entre ses citoyens.

Avec la signature d’un Accord politique (entre la Primature et les forces politiques, y compris l’opposition) et la mise en place d’un gouvernement de large ouverture (GLO), IBK est aujourd’hui convaincu qu’il n’a rien à «craindre des hommes de l’intérieur après les vagues de contestations qui ont fait vaciller un moment son pouvoir». C’est donc, pour lui, plus que jamais le moment d’aborder les «questions qui fâchent».
Comme la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la paix et la réconciliation qui nécessite la révision constitutionnelle ; donc un référendum constitutionnel et des élections sénatoriales. Et comme le rappelle l’analyste Sidi Coulibaly depuis Ouagadougou (Burkina Faso), ils sont nombreux ceux qui sont convaincus que «le Mali ne sortira jamais de cette crise sous sa forme actuelle. Le temps joue actuellement contre le Mali dont le renouveau se dessine ailleurs sans les Maliens». En fait le destin de ce pays a basculé depuis le jour où la France est intervenue pour enrayer la percée des islamo-terroristes avant de se couvrir par un mandat onusien à travers la Minusma.
En tout cas un passage de Déclaration du 6 mai 2019 du Secrétaire général de l’ONU (saluant la signature d’un accord politique entre le gouvernement et les partis politiques de l’opposition et de la majorité) ne laisse aucune équivoque sur l’origine de la pression qui pèse sur les frêles épaules du président IBK par rapport à ces réformes politiques.
En effet, António Guterres y a exhorté «toutes les parties prenantes maliennes, y compris les parties signataires de l’accord de 2015, à redoubler d’efforts en vue de relever les défis auxquels leur pays est confronté par la mise en œuvre intégrale de l’accord, notamment par l’achèvement du processus de révision de la Constitution». Autrement, la révision constitutionnelle est une condition sine qua non de la mise en œuvre intégrale dudit accord.

Des couleuvres à avaler sans aucune garantie d’une paix définitive
Les Nations unies peuvent donc se féliciter de ce consensus politique parce que cela réduit la contestation des réformes envisagées pour la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. Celles-ci sont autant de couleuvres à avaler pour un peuple de plus en plus contrarié dans sa souveraineté.
C’est un sacrifice qu’on aurait pu consentir si on avait la garantie que cette mise en œuvre allait définitivement ramener la paix au Mali et réconcilier les citoyens du nord au sud. Mais, cet accord vise juste à casser la République par une césarienne devant aboutir à une région autonome ou un protectorat appelé Azawad pour le plaisir d’une infime minorité des habitants de cette zone.
D’ailleurs sommes-nous encore un Etat souverain ? Il faut être naïf pour le croire puisque tout nous est imposé de l’extérieur. A commencer par ce dialogue entre l’opposition et la majorité. C’est la pression de l’Onu, de la France, de la Mauritanie… qui a poussé IBK à aller au-delà de sa main tendue depuis le lendemain de sa victoire au second tour de la présidentielle en août 2018.
En tout cas en s’accrochant à ses réformes, IBK se prépare à marcher sur des œufs puisque pour la majorité des Maliens, «la révision constitutionnelle n’est pas la priorité du moment pour le peuple malien». Et même s’ils n’ont pas le courage de le lui dire ouvertement, dans sa propre majorité beaucoup nourrissent cette conviction que c’est un exercice périlleux qui peut être fatal au régime.
Le Mali ne manque pas actuellement de défis à relever avec, pour paraphraser le Pr. Aly Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale, le risque de partition du pays, la perte de la laïcité et de la forme républicaine de l’Etat ; de la perte de la cohésion nationale avec une insécurité généralisée à l’Est, au nord-est, dans le Sahel occidental, dans le delta intérieur, dans les zones exondées, dans la région des lacs Aougoundou Nianngai, Korarou, Oro, Télé et Faguibine…
Et curieusement, a dénoncé le Professeur dans une tribune signée le 24 avril 2019, «c’est dans ce climat d’incertitudes fortes, d’angoisse, de doute et de désespérance des citoyens et particulièrement des jeunes ; dans ces temps d’interrogations diverses et poignantes de toute la Nation, qu’il est proposé d’organiser un référendum pour changer la constitution du 25 février 1992, procéder à des élections législatives et sénatoriales».
La révision constitutionnelle et le Sénat à qui elle doit donner naissance ne feront jamais l’objet de consensus parce que la majorité des Maliens est convaincue que c’est juste pour faire plaisir à ceux qui prônent une Azawad autonome ou indépendante et aussi caser des alliés politiques aux frais des contribuables.
D’ailleurs, la Conférence d’Entente Nationale (CEN, 27 mars-02 avril 2017 à Bamako), a rejeté la possibilité d’une 2e chambre autre que le Haut Conseil des Collectivités qui est considérée comme l’innovation des acteurs du 26 mars 1991 et, comme l’a rappelé Pr. Ali N. Diallo, dont «toutes les prérogatives n’ont pas été utilisées». Ce qui nous conforte dans notre conviction que ce ne sont pas nos institutions qui sont inefficaces, mais c’est la manière dont elles sont animées qui pose problème.

Se réconcilier avec le peuple pour ne pas sortir par la petite porte
Et une fois de plus, le président IBK va se retrouver coïncé entre le marteau (la pression de la communauté internationale) et l’enclume (le peuple). Quel sera son choix ? Céder à la pression extérieure au risque de se faire renverser par les militaires ou la rue ? Braver la communauté internationale avec toutes les conséquences diplomatiques et économiques que cela suppose ?
A notre avis, IBK n’a plus rien à perdre et sa seule préoccupation doit être aujourd’hui de sortir par la grande porte au terme de ce second et dernier mandat. Et pour cela, il doit avoir l’audace de prendre des décisions qui le réconcilient avec la patrie ; restituer à ce pays sa vraie souveraineté…
Et pour une fois, nous sommes d’accord avec l’ancien président de l’Assemblée nationale qui, dans sa tribune du 24 avril 2019, conseille au président de la République de s’appuyer sur «son peuple comme le font tous les autres chefs d’Etat pour résister aux pressions de toutes sortes, y compris celles de l’extérieur, y compris celles des Nations unies qui ne pensent qu’à la réforme Constitutionnelle, à l’imposition de l’Accord concocté à Alger et signé à Bamako comme substitution à la Constitution du 25 février 1992».
Les Maliens ne sont pas prêts à réviser leur loi Fondamentale lors de cinq à huit jours de débats. Si cela devrait se faire, ce ne sera pas non plus sous la pression de l’extérieur et prendra tout le temps qu’il faudra à travers des «Assises Nationales inclusives» pour débattre des problèmes et de tous les défis auxquels le pays fait face ces dernières années.
Et comme, Pr. Aly Nouhoum, nous pensons aussi que c’est seulement en s’engageant dans cette voie qu’IBK pourra réellement se réconcilier avec les Maliens et bénéficier de tout leur soutien pour sortir par la grande porte de l’histoire politique du Mali. Tout autre choix équivaudrait à nos yeux à un suicide politique !
Dan Fodio

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